l'homme
libre, […] étranger à l'ambition, ardent au travail, dédaigneux
du commandement, rebelle à la soumission, […] animé de
fraternité...
(Anselme
Bellegarrigue, L'Anarchie,
journal de l'ordre,
n° 1)
Puisque
comme hôte, j'ai commencé à recevoir Alejandra, la jeune
Colombienne que la Chorale humanitaire de Saintes m'envoie, j'ai
fouillé dans nos archives et retrouvé le document qui suit, le
texte du discours que Claire avait composé et lu en juin 2008, lors
de la fête organisée à Poitiers, à l'occasion du départ en
Colombie de deux de nos premiers invités, David et Alexander. Je
rappelle qu'elle était alors déjà très diminuée. Je lui laisse
la parole, pour montrer combien elle s'y connaissait en matière de liberté et de fraternité, et combien elle nous montre encore la voie.
Cette
rencontre de nos étudiants colombiens, des membres de l'association
« chorale humanitaire », avec leurs hôtes, leurs
formateurs, les groupes de chant de Syrinx (école de musique de
Poitiers), les relations et amis que ces étudiants se sont faits sur
Poitiers, est certainement un moment très fort pour tous.
En
tant que hôtes, je voudrais raconter un peu la genèse de notre
engagement envers ce projet en 2007/2008, la richesse de celui-ci, et
son avenir pour nous.
1 :
La genèse d’abord :
Je
fais partie de l'école de musique Syrinx où, avec Caroline Monamy
comme intervenante musique, nous apprenons le mercredi soir des
chants latino-américains. Lorsqu’un beau soir d’octobre, une des
participantes du groupe, Myriam Laurent, nous a demandé si quelqu'un
d'entre nous pouvait recevoir, épisodiquement, un, deux ou trois
jeunes étudiants d’origine colombienne, les nourrir et les
héberger lors de leurs formations ponctuelles sur Poitiers.
Je
sautais sur l'occasion trop belle pour pouvoir parler un peu
espagnol ; je pensais me sentir utile aussi, avec Jean-Pierre,
dans leur apprentissage de la langue française ; et puis, parce
que la Colombie, le pays dont ils étaient originaires, ne m'était
pas inconnue : quand j'avais seize ans, ma professeur
d'espagnol, passionnée par son métier et amoureuse de l'Amérique
latine m'avait mis en contact avec un correspondant colombien de
Medellín : Francisco.
2 :
La richesse de notre rencontre :
La
rencontre s’est faite tout simplement avec nos trois jeunes
Colombiens qui sont revenus, à tour de rôle, deux à la fois,
environ à sept ou huit reprises, dans notre foyer ; ils y sont
devenus de vrais rayons de soleil, dans notre vie si difficile cette
année. Chaque membre de la famille [moi, Jean-Pierre et
accessoirement, Lucile, quand elle était là] a rivalisé de talent
pour être le plus aidant possible.
De
leur côté, ces jeunes ont été discrets, polis, souriants, peu
exigeants, bref des étudiants de rêve ! Je suis sûre qu'ils
ont dû mesurer la chance qu'ils avaient d'avoir été sélectionnés
pour cette formation musicale... et cette expérience internationale.
Et
peut-être seront-ils mieux armés à présent pour se faire une
place correcte au soleil de Colombie, où le chômage est une des
plaies endémiques.
3 :
L’avenir du projet de chorale humanitaire
Je
sais que votre projet va continuer.
Je
ne peux qu’encourager ceux qui le peuvent à se mettre en avant, à
accueillir ces jeunes d’un pays injustement connu seulement pour
son cartel de la drogue. On apprend beaucoup en conversant avec eux :
la géographie du pays, leur manière de vivre, d’étudier, de
survivre, parfois… Si on parle un peu espagnol, on réactualise ses
connaissances, et en échange, on aide ces jeunes dans la résolution
des difficultés nombreuses de la prononciation et de la langue
française.
Pour
notre part, nous renouvellerons avec grand plaisir notre hospitalité.
Pour que cette tradition française ne soit pas un mot creux.
Claire
Avec
un tel encouragement, je ne peux que continuer, et vais trouver l'aide, cette
fois-ci, de mes sœurs, qui me remplaceront dans l'accueil quand je
serai absent de Bordeaux.
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