Qui,
s’il est normal et bien pensant, marche sur un fil ou s’exprime
en vers ?
(Jean
Genet, Le
funambule,
L’Arbalète, 1958)
Me
voici donc arrivé le lundi 14 à Paris chez les cousins de Claire,
François et Claire (cette dernière, surnommée Claire 3, puisqu’il
y avait déjà deux Claire dans la famille, la mienne et une sœur de
François). Qui,
comme d’habitude, m’ont accueilli chaleureusement, et chez qui
j’ai également admirablement bien mangé ! Je ne ressens plus désormais cette fragilité qui était encore la mienne il y a quatre ou cinq ans. Je sais que je circulerai à vélo, et je suis là, "l'âme enchantée", pour reprendre la belle expression du roman de Romain Rolland, pas encore lu, mais que je garde précieusement dans les rayons de ma bibliothèque.
Le
mardi 15, je me suis baladé dans Paris, j’ai acheté des cartes
postales pour compléter celles achetées en Bretagne et aviser mes
correspondant(e)s de ma nouvelle vadrouille. Le soir, nous sommes
allés au cinéma voir Le
client,
le film iranien d’Asghar Farhadi (réalisateur
du célèbre Une
séparation,
qui a cartonné il y a quelques années) : c’est
un thriller vraiment palpitant, une histoire de vengeance d'honneur bafoué (je n'en dis pas plus, allez le voir !), extrêmement
bien joué et d’une sacrée virtuosité, on ne s’ennuie pas une
seconde pendant les deux heures !
Mercredi,
je suis allé le matin à mon agence de voyages sur mer pour
prospecter un futur voyage en cargo à l’horizon début 2018 ;
j’aurai le choix entre : un tour du monde par Suez, coupé à Port Kelang en
Malaisie et reprenant à Shanghai pour boucler la boucle par la Corée, le Japon et Panama (trois
semaines de tourisme en Thaïlande, Birmanie ou Cambodge, sont
proposées entre les deux) ou un aller du Havre à Buenos-Aires,
avec séjour de découverte en Argentine et Chili d’un mois ou deux, et retour au
départ de Valparaiso par Panama... À
étudier dans les mois qui viennent, avec étude de l'espagnol dans le second cas. Ça pourrait être l’occasion
de mettre au point un de mes manuscrits qui traînent en n’étant
pas embêtés par la vie ordinaire et ses connections intempestives !
sur le chemin du Quai Branly, la cathédrale orthodoxe voulue par Poutine
L’après-midi,
j’ai rejoint Christine P., autre collègue, elle connue depuis
l’École
Nationale Supérieure des Bibliothèques durant l’année scolaire
1969-1970, donc en dehors de mes copains de lycée une de mes plus anciennes amies. Nous nous sommes donné rendez-vous au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac, où je n’avais encore jamais mis les pieds.
L’ampleur du Musée nécessitant au moins une journée entière de visite
(voire le "faire" en plusieurs fois, peut-être en visite guidée), nous nous sommes rabattus sur l’exposition The
color line,
qui évoquait la manière dont les artistes et écrivains
africains-américains ont vécu la période de ségrégation raciale
qui a suivi la Guerre de Sécession jusqu’aux années 60, et même depuis. Bien sûr,
certaines clés de l’histoire des USA nous échappent. Je me suis
aperçu avec effarement que je ne connaissais pas la moitié des
écrivains noirs présentés ici, et je ne parle pas des artistes,
dont la plupart m’étaient inconnus. Cependant, j’ai trouvé
l’exposition fort intéressante, et propre à s’ouvrir à ce
monde justement méconnu.
un de mes auteurs préférés
Romain Rolland
Le
jeudi et le vendredi, je suis allé écouter les communications
faites au Colloque Romain Rolland, un des moments-phares du cent-cinquantenaire de sa naissance. Vous
qui me suivez de longue date, vous savez que je m’intéresse
particulièrement à cet écrivain, un des rares intellectuels
français de renom à s’être élevé contre la guerre de 14-18 et
la fameuse Union sacrée (qu’aurait fait Jaurès, s’il n’avait
pas été assassiné, se demandait-on ?). Ce fut passionnant.
J’ai eu la joie de voir de jeunes intellectuels (et de moins jeunes) venant d’horizons et de pays divers (il y avait même un Japonais pour traiter de l'amitié et de la correspondance entre Romain Rolland et le sculpteur Hiroatsu Yakata) nous montrer le Romain Roland musicologue (le jeudi à la BNF) notamment à travers sa thèse sur l'histoire de l'opéra italien et ses études sur Mozart et surtout Beethoven ; et le vendredi à la Sorbonne évocation de Romain Rolland écrivain de l’intime, par l’étude de son journal (encore en partie inédit) et de sa correspondance (également). Heureuse époque où l’on écrivait beaucoup de lettres : on a publié une quinzaine de volumes de correspondance de Romain Rolland (dont la correspondance croisée avec Stefan Zweig, autre intellectuel s’étant voulu au-dessus de la mêlée en 14-18), et il reste encore de nombreux inédits dans le fonds Romain Rolland de la BNF, désormais entièrement inventorié.
Et surtout, ce colloque m’a donné envie de lire l’autre grand roman de Romain Rolland (après Jean-Christophe, qui lui valut le prix Nobel et le rendit célèbre dans le monde entier), L’âme enchantée, dont une personne rencontrée à Venise en septembre dernier m’avait dit qu’elle le préférait même à Jean-Christophe ! Plusieurs conférenciers l’ont évoqué et m’ont mis l'eau à la bouche : il figure dans mes futures lectures. Membre de l’association Romain Rolland depuis une quinzaine d’années, mais n’ayant jamais pu aller aux assemblées générales, j’ai enfin fait connaissance de sa présidente Martine Liégeois !
J’ai eu la joie de voir de jeunes intellectuels (et de moins jeunes) venant d’horizons et de pays divers (il y avait même un Japonais pour traiter de l'amitié et de la correspondance entre Romain Rolland et le sculpteur Hiroatsu Yakata) nous montrer le Romain Roland musicologue (le jeudi à la BNF) notamment à travers sa thèse sur l'histoire de l'opéra italien et ses études sur Mozart et surtout Beethoven ; et le vendredi à la Sorbonne évocation de Romain Rolland écrivain de l’intime, par l’étude de son journal (encore en partie inédit) et de sa correspondance (également). Heureuse époque où l’on écrivait beaucoup de lettres : on a publié une quinzaine de volumes de correspondance de Romain Rolland (dont la correspondance croisée avec Stefan Zweig, autre intellectuel s’étant voulu au-dessus de la mêlée en 14-18), et il reste encore de nombreux inédits dans le fonds Romain Rolland de la BNF, désormais entièrement inventorié.
Et surtout, ce colloque m’a donné envie de lire l’autre grand roman de Romain Rolland (après Jean-Christophe, qui lui valut le prix Nobel et le rendit célèbre dans le monde entier), L’âme enchantée, dont une personne rencontrée à Venise en septembre dernier m’avait dit qu’elle le préférait même à Jean-Christophe ! Plusieurs conférenciers l’ont évoqué et m’ont mis l'eau à la bouche : il figure dans mes futures lectures. Membre de l’association Romain Rolland depuis une quinzaine d’années, mais n’ayant jamais pu aller aux assemblées générales, j’ai enfin fait connaissance de sa présidente Martine Liégeois !
Et
les soirées furent consacrées, avec mes cousins, au théâtre
classique, dont je ne me lasse pas. Nous avons vu, au Ranelagh, une superbe mise en scène du
Cid,
de
Corneille, en
tragi-comédie, l’aspect comique étant apporté cette fois par le personnage
du Roi, dont
l’acteur
disait
les paroles avec
un cheveu sur la langue et prenait
des postures ridicules, sans parler de son costume. Heureusement,
car l’histoire d’amour, pourtant connue par cœur, m’a fait
venir les larmes aux yeux à plusieurs reprises : "Sors
vainqueur d’un combat dont Chimène est le prix". C'était bien enlevé, avec des musiciens et avec les duels sur scène, s'il vous plaît !
Le
lendemain, nous allâmes voir Les
femmes savantes,
dont j’attendais beaucoup. Nous avons joué cette pièce de
novembre à juillet dernier, en amateurs sans doute. Mais enfin, je
la connaissais assez bien pour voir comment des professionnels
aguerris allaient s’en sortir. Jean-Pierre Bacri, je dois dire, est
formidable en Chrysale. J’ai été étonné par Agnès Jaoui, qui
ne joue pas une Philaminte forte et épanouie, mais pourquoi pas ?
On comprend mieux ainsi qu’elle cède à la fin. Évelyne Buyle est
une très bonne Bélise. Mais franchement, nous n’avons pas
démérité par rapport à cette troupe de pros !
dans le parc du Palais Royal, une des chaises littéraires
Très
bon séjour parisien donc, très culturel si l’on veut, mais qui
correspond assez bien à mon état d’esprit actuel. Pourquoi
cesserais-je de m’intéresser aux auteurs du début du XXème
(Romain Rolland) ou classiques (Corneille, Molière) ? Il n’y
a aucune raison. Leur langue est magnifique, ce qu’ils nous
apportent est sans commune mesure avec les contemporains qui,
souvent, avouons-le, nous tombent des mains. Surtout quand ils sont
pris au piège de la médiatisation, ce que Romain Rolland appelait
déjà en 1908 La
foire sur la place
dans un des dix volumes de son roman-fleuve, Jean-Christophe.
Foire qui s’est bien évidemment accentuée depuis.
Et
je suis "retourné, plein d’usage et raison", retrouver
mon fils, mon frère et mes sœurs, ma fille bientôt, les Bordelais...
Et avec un grand merci à Claire et François, Christine P. et toutes les personnes rencontrées qui ont rendu le séjour plus qu"agréable !
Et avec un grand merci à Claire et François, Christine P. et toutes les personnes rencontrées qui ont rendu le séjour plus qu"agréable !
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