Anne et Michel G., membres, comme nous, de Vélocité 86 (http://poitiers.fubicy.org/), ont organisé ce samedi 26 avril une virée au camping de Chauvigny, à bicyclette, bien entendu. Ils avaient invité aussi quelques amis venus parfois de loin, Niort et Savenay (entre Nantes et Saint-Nazaire). Je devais éventuellement faire une lecture en soirée pour le groupe.
Claire et moi avons longtemps hésité entre : faire tout le trajet (30 km) à vélo, ou le faire mi-auto mi-vélo, avec par exemple arrêt de l'auto à Bignoux. D'autre part, j'étais pris le matin par Jardi'nature (j'ai participé au désherbage des rangs d'oignons et récolté de l'ail vert) et Claire par son cours de sophrologie. Donc, nous ne pouvions partir que l'après-midi, tandis que le groupe allait s'élancer dès 11 h du matin.
Et puis, en fin de compte, pourquoi ne pas partir pour l'ensemble à vélo ? On s'était bien entraîné dans la semaine, on avait pu vérifier que l'autonomie du vélo à assistance électrique (e-bike en anglais) sur 30 km était certaine. J'étais sûr que Claire en était capable, à condition de faire une bonne sieste (ou tout au moins un bon repos) en début d'après-midi - et moi aussi d'ailleurs, éreinté par mes travaux récents de jardinage, d'autant plus que la veille, j'avais procédé à la tonte de notre pelouse, désormais avec une tondeuse mécanique, et c'est franchement plus dur. Bref, je suis tombé comme une masse à l'issue du repas. Et je savais de plus que j'aurais à tracter le fameux caddy acheté l'an dernier ; je ne l'avais encore jamais utilisé pour des distances supérieures à 6 km (pour aller à Jardi'nature). Et pour avoir grimpé des côtes avec, je pressentais que ce serait rude !
Le vélo avec le caddy au moment du départ (photo : Claire Brèthes)
On voit bien qu'il y a du soleil et que le week-end s'annonce bien !
Donc repos. A 15 h 15, je réveille Claire. Et on s'embarque sur nos vaisseaux roulants, prenant d'ailleurs une photo de notre attirail vers 16 h, le temps de vérifier qu'on n'oubliait rien : nourriture pour deux repas, duvets, affaires de nuit et de toilette, vêtements chauds pour le soir, plus mes textes à lire... Anne et Michel nous avaient réservé un "bungalow" au camping. Car je me demande (au cas où l'idée saugrenue d'utiliser notre vieille tente nous serait venue) où nous aurions casé en plus du matériel de camping ! Il aurait fallu alors un second caddy au vélo de Claire, et là, la batterie n'aurait sans doute pas été suffisante pour tracter pendant 30 km.
Il faisait bon, et c'est bien agréable, ces premières chaleurs du printemps : la sensation de chaud sur le dos du gilet est particulièrement suave. Je frémissais d'aise en suivant Claire qui, avec sa batterie, menait le train et me distançait dans les côtes ou sur les faux-plats. Nous avons été stupéfaits de la quantité des surfaces de plantation de colza : du futur agro-carburant ?
Avant le départ, j'avais regonflé à bloc les pneus de nos deux vélos. J'avais bien constaté que la valve de chambre à air du pneu avant de Claire était fortement de biais, mais j'ai eu la flemme de démonter le pneu, repositionner correctement la chambre à air et remonter. Mal m'en a pris, car peu après Bonnes, en milieu de côte, où pour une fois je devançais Claire, soudain, dans le rétroviseur, je l'aperçois qui s'arrête. Je m'arrête aussi, lui crie : "Que se passe-t-il ?" Elle a crevé. Et bien entendu, comme elle n'avait encore jamais crevé, nous n'avions pas vraiment prévu l'incident. La seule chambre à air de rechange en notre possession était pour des pneus de 700, les miens. Le vélo électrique n'a pas le même gabarit de roues, 650 ou 26 pouces, celui des VTT.
Il restait environ 6 km à parcourir, j'ai dit à Claire que je l'attendrai au sommet de la côte. Quand elle est arrivée, j'ai démonté le pneu, constaté que la crevaison est bien à côté de la valve, dont irréparable, et remplacé la chambre à air par celle de 700, réparation de fortune qui durera ce qu'elle durera... Ouichtre, en roulant doucement, en faisant attention, ça a marché pendant 3 km, puis nouvelle crevaison, à l'entrée de Chauvigny, cette fois. Il est déjà 18 h 30. Grâce au téléphone portable, j'ai pu joindre Michel, déjà arrivé qui me signale qu'il y a un marchand de cycles, ouvert, à côté de l'église.
Je laisse donc le caddy avec Claire et son vélo, et fonce comme un bolide, débarrassé de ma cargaison, vers ce miraculeux marchand encore ouvert ! J'entre dans la boutique, j'ai l'impression qu'il a surtout du matériel pour motos et mobylettes. Il y a déjà un client qui n'en finit pas de finir. Je ne vois nulle part dans la boutique des chambres à air. En fin de compte, elles sont dans l'arrière-boutique. Et tout est bien qui finit bien. Tant qu'à faire, j'achète deux chambres à air 650 et deux 700, puisque la mienne est vraisemblablement foutue.
Et je reviens, je répare à nouveau, montrant à Claire comment on change une chambre à air. Ce qui m'a le plus étonné dans l'affaire, c'est qu'à aucun moment, je ne me sois énervé, je suis d'un calme en ce moment, qui m'impressionne. Le calme qui précède les tempêtes ? L'avenir nous le dira.
Tout guillerets, nous faisons une entrée remarquée dans Chauvigny, probablement moins remarquée que celle de l'autre groupe, puisqu'ils étaient neuf ! Et chargés, comme nous le constatons un peu plus tard, puisque sept d'entre eux logent dans des tentes.
Les bungalows sont en fait des petits appartements comprenant une pièce principale, cuisine et salle à manger, et une chambre avec un grand lit et deux lits superposés. Pas de vaisselle ! Nous voilà obligés d'aller en emprunter à ces camping-caristes voisins. Mais jamais repas ne m'a paru meilleur. Claire avait préparé des pommes de terre au haddock, agrémenté d'herbes aromatiques et d'un assaisonnement magnifique. C'était phénoménal. Comme quoi, la fatigue additionnée aux émotions, ça creuse.
On rejoint le groupe qui pique-niquait sur l'herbe autour des tentes. Claire a apporté un tourteau fromager que nous leur offrons. Est arrivé un fringant jeune homme, prénommé Xavier, avec une remorque pesant au moins 45 kgs. C'est une remorque d'enfant sur laquelle il a arrimé une structure métallique qui lui permet de transporter quantité de choses, dont un lit pliant, qu'il doit rapporter en Bretagne ! Il a fixé derrière un immense écriteau sur lequel il a écrit divers slogans : Je veux être heureux, J'aime bien travailler mais n'ai pas envie d'en faire mon métier, Je roule lentement, mais je suis devant vous... Il y a accolé un triangle de signalisation. On le voit de loin ! Ce jeune homme fait les saisons (hiver et été, dans l'hôtellerie ?), entre deux, il voyage pour son plaisir, et celui des rencontres. Encore un innocent, comme L'idiot de Dostoïevski, un de ceux qui sauvent le monde de son absurdité ! Il se joint à nous pour la soirée.Et vers 21 h, nous nous sommes réunis (ainsi que le chien César, venu à vélo lui aussi !) dans la salle commune du camping. Je lis deux histoires de cyclistes : Un dimanche perdu, de Georges Bonnet (un des inédits qu'il m'a confiés, et qui paraîtra à l'automne) et Un petit vélo dans la tête, de Christian Congiu. Petite discussion avec le groupe ensuite. J'espère ne pas les avoir trop ennuyés ! Je serai sans doute invité à lire à Savenay quand je ferai la Bretagne (en 2010 ?).
Bonne nuit. Réveil courbaturé. Hou là là, de loin pire que mes aventures ardéchoises... 30 km avec un caddy derrière valent bien 100 km dans les garrigues et les contreforts cévenols ! De plus, on nous annonce de la pluie pour l'après-midi, aussi décide-t-on de ne pas s'attarder...
A 11 h, on quitte le camping, et on rentre par une route différente, par Pouillé, Tercé et Savigny-L'évescault. Arrêt-repas à Tercé sur une grande pierre plate posée devant l'église, et pouvant faire office aussi bien de banc que de table. Cette fois, une salade de riz au haddock, aussi délectable que celle de pommes de terre d'hier au soir... Claire avait bien fait les choses. Et qu'est-ce qu'on apprécie la nourriture quand on fait ce genre d'efforts ! Et nous rentrons sous les premières gouttes de pluie.Eh bien, voilà. Nous avons inauguré l'usage du caddy pour un déplacement au (relativement) long cours. A refaire, nous sommes-nous dit le soir-même. Et inauguré une cyclo-lecture dans un camping, et pour un groupe. Pourquoi ne pas réitérer, surtout si c'est pour faire de si belles rencontres ???
Claire et moi avons longtemps hésité entre : faire tout le trajet (30 km) à vélo, ou le faire mi-auto mi-vélo, avec par exemple arrêt de l'auto à Bignoux. D'autre part, j'étais pris le matin par Jardi'nature (j'ai participé au désherbage des rangs d'oignons et récolté de l'ail vert) et Claire par son cours de sophrologie. Donc, nous ne pouvions partir que l'après-midi, tandis que le groupe allait s'élancer dès 11 h du matin.
Et puis, en fin de compte, pourquoi ne pas partir pour l'ensemble à vélo ? On s'était bien entraîné dans la semaine, on avait pu vérifier que l'autonomie du vélo à assistance électrique (e-bike en anglais) sur 30 km était certaine. J'étais sûr que Claire en était capable, à condition de faire une bonne sieste (ou tout au moins un bon repos) en début d'après-midi - et moi aussi d'ailleurs, éreinté par mes travaux récents de jardinage, d'autant plus que la veille, j'avais procédé à la tonte de notre pelouse, désormais avec une tondeuse mécanique, et c'est franchement plus dur. Bref, je suis tombé comme une masse à l'issue du repas. Et je savais de plus que j'aurais à tracter le fameux caddy acheté l'an dernier ; je ne l'avais encore jamais utilisé pour des distances supérieures à 6 km (pour aller à Jardi'nature). Et pour avoir grimpé des côtes avec, je pressentais que ce serait rude !
Le vélo avec le caddy au moment du départ (photo : Claire Brèthes)
On voit bien qu'il y a du soleil et que le week-end s'annonce bien !
Donc repos. A 15 h 15, je réveille Claire. Et on s'embarque sur nos vaisseaux roulants, prenant d'ailleurs une photo de notre attirail vers 16 h, le temps de vérifier qu'on n'oubliait rien : nourriture pour deux repas, duvets, affaires de nuit et de toilette, vêtements chauds pour le soir, plus mes textes à lire... Anne et Michel nous avaient réservé un "bungalow" au camping. Car je me demande (au cas où l'idée saugrenue d'utiliser notre vieille tente nous serait venue) où nous aurions casé en plus du matériel de camping ! Il aurait fallu alors un second caddy au vélo de Claire, et là, la batterie n'aurait sans doute pas été suffisante pour tracter pendant 30 km.
Il faisait bon, et c'est bien agréable, ces premières chaleurs du printemps : la sensation de chaud sur le dos du gilet est particulièrement suave. Je frémissais d'aise en suivant Claire qui, avec sa batterie, menait le train et me distançait dans les côtes ou sur les faux-plats. Nous avons été stupéfaits de la quantité des surfaces de plantation de colza : du futur agro-carburant ?
Avant le départ, j'avais regonflé à bloc les pneus de nos deux vélos. J'avais bien constaté que la valve de chambre à air du pneu avant de Claire était fortement de biais, mais j'ai eu la flemme de démonter le pneu, repositionner correctement la chambre à air et remonter. Mal m'en a pris, car peu après Bonnes, en milieu de côte, où pour une fois je devançais Claire, soudain, dans le rétroviseur, je l'aperçois qui s'arrête. Je m'arrête aussi, lui crie : "Que se passe-t-il ?" Elle a crevé. Et bien entendu, comme elle n'avait encore jamais crevé, nous n'avions pas vraiment prévu l'incident. La seule chambre à air de rechange en notre possession était pour des pneus de 700, les miens. Le vélo électrique n'a pas le même gabarit de roues, 650 ou 26 pouces, celui des VTT.
Il restait environ 6 km à parcourir, j'ai dit à Claire que je l'attendrai au sommet de la côte. Quand elle est arrivée, j'ai démonté le pneu, constaté que la crevaison est bien à côté de la valve, dont irréparable, et remplacé la chambre à air par celle de 700, réparation de fortune qui durera ce qu'elle durera... Ouichtre, en roulant doucement, en faisant attention, ça a marché pendant 3 km, puis nouvelle crevaison, à l'entrée de Chauvigny, cette fois. Il est déjà 18 h 30. Grâce au téléphone portable, j'ai pu joindre Michel, déjà arrivé qui me signale qu'il y a un marchand de cycles, ouvert, à côté de l'église.
Je laisse donc le caddy avec Claire et son vélo, et fonce comme un bolide, débarrassé de ma cargaison, vers ce miraculeux marchand encore ouvert ! J'entre dans la boutique, j'ai l'impression qu'il a surtout du matériel pour motos et mobylettes. Il y a déjà un client qui n'en finit pas de finir. Je ne vois nulle part dans la boutique des chambres à air. En fin de compte, elles sont dans l'arrière-boutique. Et tout est bien qui finit bien. Tant qu'à faire, j'achète deux chambres à air 650 et deux 700, puisque la mienne est vraisemblablement foutue.
Et je reviens, je répare à nouveau, montrant à Claire comment on change une chambre à air. Ce qui m'a le plus étonné dans l'affaire, c'est qu'à aucun moment, je ne me sois énervé, je suis d'un calme en ce moment, qui m'impressionne. Le calme qui précède les tempêtes ? L'avenir nous le dira.
Tout guillerets, nous faisons une entrée remarquée dans Chauvigny, probablement moins remarquée que celle de l'autre groupe, puisqu'ils étaient neuf ! Et chargés, comme nous le constatons un peu plus tard, puisque sept d'entre eux logent dans des tentes.
Les bungalows sont en fait des petits appartements comprenant une pièce principale, cuisine et salle à manger, et une chambre avec un grand lit et deux lits superposés. Pas de vaisselle ! Nous voilà obligés d'aller en emprunter à ces camping-caristes voisins. Mais jamais repas ne m'a paru meilleur. Claire avait préparé des pommes de terre au haddock, agrémenté d'herbes aromatiques et d'un assaisonnement magnifique. C'était phénoménal. Comme quoi, la fatigue additionnée aux émotions, ça creuse.
On rejoint le groupe qui pique-niquait sur l'herbe autour des tentes. Claire a apporté un tourteau fromager que nous leur offrons. Est arrivé un fringant jeune homme, prénommé Xavier, avec une remorque pesant au moins 45 kgs. C'est une remorque d'enfant sur laquelle il a arrimé une structure métallique qui lui permet de transporter quantité de choses, dont un lit pliant, qu'il doit rapporter en Bretagne ! Il a fixé derrière un immense écriteau sur lequel il a écrit divers slogans : Je veux être heureux, J'aime bien travailler mais n'ai pas envie d'en faire mon métier, Je roule lentement, mais je suis devant vous... Il y a accolé un triangle de signalisation. On le voit de loin ! Ce jeune homme fait les saisons (hiver et été, dans l'hôtellerie ?), entre deux, il voyage pour son plaisir, et celui des rencontres. Encore un innocent, comme L'idiot de Dostoïevski, un de ceux qui sauvent le monde de son absurdité ! Il se joint à nous pour la soirée.Et vers 21 h, nous nous sommes réunis (ainsi que le chien César, venu à vélo lui aussi !) dans la salle commune du camping. Je lis deux histoires de cyclistes : Un dimanche perdu, de Georges Bonnet (un des inédits qu'il m'a confiés, et qui paraîtra à l'automne) et Un petit vélo dans la tête, de Christian Congiu. Petite discussion avec le groupe ensuite. J'espère ne pas les avoir trop ennuyés ! Je serai sans doute invité à lire à Savenay quand je ferai la Bretagne (en 2010 ?).
Bonne nuit. Réveil courbaturé. Hou là là, de loin pire que mes aventures ardéchoises... 30 km avec un caddy derrière valent bien 100 km dans les garrigues et les contreforts cévenols ! De plus, on nous annonce de la pluie pour l'après-midi, aussi décide-t-on de ne pas s'attarder...
Sur le camping, les vélos chargés et prêts à repartir
Photo : Anne Guégan(source : http://vocivelo.blogspirit.com/)
Photo : Anne Guégan(source : http://vocivelo.blogspirit.com/)
A 11 h, on quitte le camping, et on rentre par une route différente, par Pouillé, Tercé et Savigny-L'évescault. Arrêt-repas à Tercé sur une grande pierre plate posée devant l'église, et pouvant faire office aussi bien de banc que de table. Cette fois, une salade de riz au haddock, aussi délectable que celle de pommes de terre d'hier au soir... Claire avait bien fait les choses. Et qu'est-ce qu'on apprécie la nourriture quand on fait ce genre d'efforts ! Et nous rentrons sous les premières gouttes de pluie.Eh bien, voilà. Nous avons inauguré l'usage du caddy pour un déplacement au (relativement) long cours. A refaire, nous sommes-nous dit le soir-même. Et inauguré une cyclo-lecture dans un camping, et pour un groupe. Pourquoi ne pas réitérer, surtout si c'est pour faire de si belles rencontres ???