vendredi 26 juin 2020

26 juin 2020 : manif pour la Palestine demain


Le colonisé, dans l’esprit du maître, est situé beaucoup plus bas que l’exploité européen ; et ce n’est pas un hasard si les colonisateurs les plus durs, les racistes les plus affirmés ont été la plupart du temps des "petites gens" comme on dit qui, dominés chez eux, prenaient aux colonies leur revanche en devenant vis-à-vis des colonisés, à leur tour, des maîtres dominateurs.
(Joby Fanon, Frantz Fanon : de la Martinique à l’Algérie et à l’Afrique, L’Harmattan, 2004)



Je vous propose le texte de diverses organisations appelant à une manifastation demain samedi à Paris, texte à méditer pour ceux qui ne peuvent pas (c’est mon cas, je suis encore trop faible, à mon grand regret) ou ne veulent pas (trop nombreux sont ceux qui ne veulent pas savoir) participer à la manif :

Chères amies, Chers amis,


La déferlante aux Ètats-unis, et ses répercussions en France, pour mettre un terme au racisme institutionnalisé contre certaines parties de la population, et notamment les Noirs, est une bonne nouvelle. Cela montre qu’après plusieurs mois de confinement et de bourrage de crâne par nos dirigeants et leurs relais médiatiques, la jeunesse refuse de se taire, et de courber la tête. Elle exprime sa colère et sa volonté d’un monde plus juste, moins brutal, et enfin respectueux des valeurs affichées par nos institutions.
C’est pourquoi nous nous sommes montré solidaires de tous les manifestants, aux USA comme en France, qui disent STOP au racisme, et aussi ST0P à l’exclusion et à la rétention de sans-papiers, par ailleurs surexploités et corvéables à merci par ceux qui profitent de leur situation précaire après avoir pillé leurs pays ou y avoir entretenu des guerres, et STOP à la honteuse maltraitance du personnel soignant en France, que l’on fait applaudir tous les soirs pendant des mois, pour leur imposer ensuite des conditions de travail aussi catastrophiques, sans moyens ni salaires décents.

Maintenant il est largement temps que la solidarité s’exerce envers le peuple palestinien, qui subit la violence et le racisme de manière encore plus brutale et quotidienne depuis si longtemps. Et bien pire !  PALESTINIAN LIVES MATTER TOO ! ( les vies palestiniennes comptent aussi !)

Personne, heureusement, ni aux USA, ni en France, ne se trouve bombardé, assassiné ou enfermé depuis 13 ans dans un camp de concentration, ne voit sa maison démolie, sa terre séculaire confisquée, et ses enfants kidnappés au sortir de l’école pour être détenus et torturés.

Et, comme vous le savez, ce sont sur les Palestiniens que sont testées les techniques de répression, de profilage raciste et de contrôle des population qui sont ensuite exportées dans de très nombreux pays. Les policiers de Minneapolis qui ont tué George Floyd, avaient d’abord reçu une formation au "maintien de l’ordre" en Israël…

Martyrs, cobayes, emmurés, privés en permanence de leurs droits, sous occupation dans un régime d’apartheid, les Palestiniens se voient maintenant menacés d’une annexion des 33 % les plus fertiles de leur terre, et notamment de la Vallée du Jourdain. Et cela sans qu’il ne puissent bénéficier d’aucun droit, d’aucune citoyenneté, comme a tenu à le souligner Netanyahou.



Il est largement temps de montrer à nos dirigeants que nous ne sommes pas d’accord, que nous réclamons des sanctions contre Israël. C’est pourquoi nous vous appelons à manifester en très grand nombre ce samedi 27 juin.




DÉPART DE LA MANIFESTATION PARISIENNE 

CE SAMEDI À 15 H DU MÉTRO BARBÈS

(EN DIRECTION DU CHÂTELET)



Une manifestation à laquelle appellent de très nombreuses associations et syndicats, dont : Collectif Ni Guerres Ni État de Guerre, AFPS Paris 14-6, AFPS Paris Sud, Amis des Arts et de la Culture de Palestine, Les Amis du Théâtre de la Liberté (Jénine), Association des Palestiniens en Île-de-France, ADTF, ATMF, Association des Tunisiens en France, Avec Naplouse, Campagne BDS France-RP, Campagne Unitaire pour la libération de George Ibrahim Abdallah, CAPJPO-EuroPalestine, Collectif Argenteuil Solidarité Palestine, Collectif Faty Koumba, Comité Montreuil Palestine, CVPR-PO, CRLDHT, Décoloniser les arts, Droits Devant !, Émancipation, Fondation Fanon, Forum Palestine Citoyenneté, FTCR, Le Cri Rouge, NPA, PCOF, PEPS, PIR, PRCF-JRCF, REMCC, UJFP, Union syndicale SOLIDAIRES, UTAC…Et aussi Mgr Jacques Gaillot, Évêque de Partenia, Françoise Vergès, Féministe décoloniale, politologue, Judith Butler, Philosophe, Olivier Besancenot, NPA, Jean Ziegler, Sociologue, Aurélien Barrau, Astrophysicien, Olivier Le Cour Grandmaison, Historien, Isabelle Stengers, Philosophe


Et relisons Frantz Fanon, Jean Ziegler et Tahar Ben Jelloun.






jeudi 25 juin 2020

25 juin 2020 : un revenant...


Luis Buñuel : Je crois qu’un homme qui est capable de s’indigner profondément devant l’injustice ne peut plus l’accepter.
(Tomas Pérez Torrent, José de la Colina, Conversations avec Buñuel : Il est dangereux de se pencher au-dedans, Cahiers du cinéma, 2006)


Eh bien, me revoilà ! Mais avec probablement des pages de blog courtes et un manque d’entrain certain. Serait-ce la clôture de ce blog qui s’annonce ? Après plus de 1000 "posts" (je me mets à utiliser le franglais, signe de dégénérescence ???) mis sur internet, et plus de 153000 visionnements, une trentaine de lecteurs assidus, et sans doute 2 ou 300 qui y jettent un œil de temps à autre, je suis un peu fatigué… Surtout avec l’AVC qui m’est tombé dessus.
Hier, je n’ai fait que recopier un poème, pour l’anniversaire du décès de Claire – onze ans déjà. Aujourd’hui, je vais tenter de donner de mes nouvelles.
*
Inutile de dire que je n’avais apprécié que modérément le confinement et les contraintes qui y ont été liées. J’ai horreur du masque avec lequel je respire mal, j’avais constamment envie de serrer des mains ou de faire la bise, et il me tarde encore que ça finisse.
Ça va bientôt faire un mois que je me suis retrouvé, au saut du lit, incapable de marcher et m’expliquant d’une voix pâteuse. Heureusement, j’étais chez ma sœur des Landes ; ils ont pu m’habiller et m’emmener chez leur médecin traitant qui leur a conseillé d’aller aux urgences de l’hôpital de Mont de Marsan, là même où on m’a sauvé la vie fin 1968 lors de l'hémorragie interne qui a suivi ma perforation d’estomac (ulcère). C’est un petit hôpital, mais on y est très bien soigné, et cette fois encore je n’ai eu qu’à me louer du personnel soignant. J’ai passé trois jours en soins intensifs puis trois autres en soins normaux. Les kinés et le toubib ont estimé que je n’avais pas besoin de centre de rééducation, à « réserver aux cas graves », selon leurs dires. Et mon beau-frère m’a ramené à Bordeaux.
La première semaine a été difficile, une fatigue extrême. Mais curieusement, pas de douleurs. Depuis, j’ai un très bon kiné (34 ans), humain autant que technicien, que je vois deux fois par semaine, au début il venait chez moi, maintenant je vais chez lui, et à pied (800 m environ) : c’est un cabinet de kiné-ostéopathes, ils ont beaucoup d’appareils, je m’y sens bien.

Ecartez le soleil, d'un romancier prolétarien suédois 
trad. Philippe Bouquet
 
Je recommence à aller en ville, je prends le bus et/ou le tram, je prends ou non la canne, car il faut bien que je réapprenne à me déplacer naturellement. Mon ami G. est venu me voir ; j’ai pu prendre un repas et faire une balade à pied autour des Bassins à flot avec les Amis de l’Utopia, l’association des spectateurs de notre cinéma fétiche (5 salles) qui ne ré-ouvrira que le 8 juillet, et proposera parmi les rétrospectives un festival Bo Widerberg (6 films, dont 3 que je n'ai pas vus), le cinéaste préféré de mon ami Philippe Bouquet, l’excellent traducteur du suédois (il a notamment introduit en France leurs excellents écrivains prolétariens ainsi que le duo de polars Maj Sjöwall et Per Wahlöö, ancêtres du polar nordique), maintenant à la retraite et que je compte revoir à Montpelller en octobre si tout va bien !

une aventure de Martin Beck traduite par Philippe Bouquet

Car j’espère bien être suffisamment remis sur pied pour faire ma tournée en Occitanie et le long du Rhône à ce moment-là ! Il convient de faire des projets, ça fait vivre… Je vais voter dimanche prochain et en profiter pour attraper la covid 19 (non, je déconne, là), pour une fois qu’il y a un candidat de mon choix au deuxième tour : il n’a aucune chance, mais y en a marre de voter utile, votons pour nos candidat(e)s ou ne votons pas ! 

PS : j'ai décidé de ne plus me raser jusqu'à ce que je sois redevenu normal. Ma barbe blanche commence à prendre de l'ampleur.
 
 

mercredi 24 juin 2020

24 juin 2020 : Thrène pour Claire


Un jour, un homme pour qui il n’y a pas de mort, pour qui il n’y a pas d’infini matériel, pas d’oubli, un homme qui, jetant loin de lui ce néant qui nous opprime pour aller à des buts qui dominent la vie, si nombreux qu’il ne pourra pas tous les atteindre alors que nous paraissions en manquer, cet homme est venu…
(John Ruskin, in Marcel Proust, Pastiches et mélanges)


Un thrène est, selon le Larousse, une « lamentation funèbre, chantée lors des funérailles, particulièrement à l'époque archaïque grecque ». Je propose celui-ci, pour le onzième anniversaire de la mort de Claire.

Thrène pour Claire

toi qui un jour as disparu
qui t’es perdue dans la nuit du monde
là où on ne peut te rejoindre
là où le soleil se brise sur les tombeaux
là où les fleurs que tu aimais
sont devenues les sagaies du silence

je te salue de Guadeloupe où, disais-tu,
on pouvait peupler ce silence
admirer au loin les mornes flagellés de soleil
où, sortant du carbet, tu ruisselais de l’eau ivre des songes

le sperme du vent n’agite plus ta chevelure
ici je gravis la montagne des souvenirs
je me lève comme autrefois dès que l’aube bat de l’aile
quand les oiseaux aveuglés de soleil levant se recueillent

et dans mon âme tu es là
décousant les fils blancs de ma vieillesse
et dans mon corps tu es là
butinant le cœur des feuilles et des fruits

le soir, je lacère les nuages qui obstruent le rayon vert
et je te vois dormant sur l’océan
tandis que j’embrasse les arbres
qui sont les lianes et les branches de nos corps

la même mer palpite dans le creux des lambis
tu m’entoures toujours dans les plis du sommeil
et dans l’insomnie passagère
je t’aperçois voguant sur la pirogue du Temps

je m’assois avec toi dans le nid des étoiles
nous écoutons la brise sous les tamariniers
et la mer faiblement éclairée
nous dicte les paroles de notre chant d’amour
nos poitrines nues ruissellent de lune
et la vie devient comme un parfum de songe