Ne
rien posséder, mais demeurer fidèle à sa jeunesse, ce feu sacré
qui ne dure pas. Faire face à la mort avec la même innocence que
l’enfant qui respirait l’odeur des lentisques devant la mer.
(Sophie
Avon, Une
femme remarquable,
Mercure de France, 2021)
Me voici donc rentré de Venise. Je devrais dire "nous", car pour la cinquième fois de mes virées vers Venise, je n'y suis pas allé seul, mais accompagné. En mai 2002, c'était, pour les 50 ans de Claire, et nous étions revenus enchantés, à tel point que, Claire disparue, j'ai saisi la première occasion d'y retourner. Ce fut en 2011 ; j'avais découvert un filon pour aller à la Mostra de Venise, et, comme pour les voyages en cargo, ce fut comme si j'avais pu emmener Claire avec moi, puisque c'était dans nos projets de retraite d'aller dans des festivals de cinéma comme dans des cargos. J'y suis retourné presque chaque année jusqu'en 2019, toujours par le même biais, ce qui me permettait de n'avoir pas à me préoccuper de l'hébergement, compris dans le voyage. J'y suis encore retourné en 2021 et cette année.
Près de l'Arsenal, des sculptures géants de mains
En 2012, j'avais emmené avec moi Igor, jeune (40 ans) sidéen que j'avais connu par l'association Aides, avec qui je m'étais lié d'amitié, et à qui j'ai offert, le plus beau souvenir de sa courte vie. L'année suivante, il mourut, et à la cérémonie funéraire à l'église, ses parents m'ont demandé de lire un texte à sa mémoire. C'est à Venise que je me rendis compte qu'il était très malade, et je ne l'ai pas quitté d'une semelle. Nous avons fait ensemble la visite de monuments, églises, concerts, îles, vu quelques films de la Mostra (il s'y endormait régulièrement), et déambulé autant que son état de santé le permettait.
Igor
En 2013, mon fils Mathieu est venu avec moi. Il venait d'achever sa 2ème année aux Beaux-Arts de Grenoble, et je lui avais fait miroiter la visite de la Biennale d'art contemporain. Je lui ai laissé toute liberté d'y vagabonder, et il a pu faire le tour complet de cette manifestation, tout en faisant du tourisme (je crois qu'il apprécia les îles du Nord, où nous allâmes ensemble) avec moi et visionnant quelques films de la Mostra, ensemble ou séparément. Et il en profita pour me donner quelques leçons sur l'art contemporain.
Mathieu dans la cour du Palais des Doges
En 2022, ce fut l'équipée rapide d'un week-end à Venise où j'ai chaperonné Nadia (ma femme de ménage) et ses deux adolescents pour une équipée amusante. Quand elle m'avait annoncé qu'elle allait partir à Venise, car un de ses vieux clients l'avait couché sur son testament, priant sa femme de lui payer un voyage à Venise avec ses enfants, je me suis dit que je ne pouvais pas la laisser partir seule et que je devrais lui servir de guide. En effet, le billet d'avion la faisait atterrir à Marco Polo (l'aéroport) vers 1 h du matin dans la nuit du vendredi au samedi et repartir de Venise le lundi à 5 h du matin. Autant dire qu'arriver et repartir de nuit de Venise, avec le bus et le vaporetto à prendre, puis trouver l'hôtel à 2 h du matin, je ne m'y serai même pas risqué moi-même. J'ai donc préféré prendre mes billets d'avion et leur servir de convoyeur ! On a fait un tour en gondole !!!
Tour en gondole avec Nadia et ses fils
Et, cette année, ma sœur Monique, jeune retraitée (la dernière de la fratrie), m'a accompagné. Et, comme avec Igor, nous ne nous sommes pas quittés d'une semelle. Venise est une ville pleine de guet-apens : ruelles cul-de-sac tombant sur un canal (j'ai glissé et failli m'y noyer en 2016), ponts-escaliers en nombre considérable, croisements incessants, et si on n'y prend garde, on tourne en rond, etc.
Sur le quai de Torcello
Elle ne demandait pas mieux que de rester avec moi. mais on a crapahuté ferme. Plus encore que les autres villes, Venise se découvre à pied, puisqu'il n'y a pas de voiture ni de bus. Les vaporetti (bateaux-bus), nous font tourner autour de l'île principale, n'empruntent que le Grand Canal qui la coupe en deux et permettent de rejoindre les autres îles. Tout le reste se fait à pied, avec d'innombrables marches d'escaliers à grimper. Mais tout s'est bien passé. On s'est dispensé de la promenade en gondole (90 € la demi-heure) au tarif prohibitif.
Au Musée Leonardo da Vonci
On a visité le Palais des Doges, la Biennale d'art contemporain, le Musée d'histoire navale, le Musée Leonardo da Vinci, quelques églises, quelques palais, les Giardini, le quartier excentre de Santa Elena, les quais sur la Lagune, le quartier et le marché du Rialto.... On est allé écouter deux concerts : Les quatre saisons de Vivaldi et un concert d'airs d'opéras en italien. on a visité quelques îles : Torcello, Burano et Murano (excursion d'une journée), San Giorgio (une matinée), le Lido (une journée)...
le cordage du vaporetto pour l'attacher au quai
Bref, on ne s'est pas ennuyés. Comme il faisait très chaud (35° l'après-midi, 23° la nuit), on se levait à 7 h du matin, et à 8 h et demi, après un copieux petit-déjeuner (du moins pour moi, Monique n'avait pas l'habitude manger un vrai repas complet le matin) dont on emportait des restes pour le pique-nique du midi sur les bords du Grand Canal ou dans un parc, on rentrait à l'hôtel pour siester, sauf excursion de la journée entière. Et, le soir, on mangeait eu restaurant, souvent un plat de pâtes en sauces diverses. J'ai testé pour la première fois les spaghettis à l'encre de seiche qui ont entraîné deux jours plus tard, des selles noires comme du charbon.
Vu à la Biennale
Et, surprise, on n'a pas mis les pieds au cinéma, malgré notre carte d'accréditation pour la Mostra. C'est que, désormais, l'accréditation ne suffit plus : il faut en plus, réserver les places pour les films qu'on a envie de voir, réservations qui se font sur internet, donc sur le smartphone, que c'est assez compliqué, que ça prend un temps fou, et que je ne pars pas en vacances pour passer le tiers de mon temps à tenter ce genre d'expérience. Ceux qui l'ont fait m'ont dit qu'ils n'avaient pas forcément pu réserver pour les films qu'ils voulaient voir, et que, dans l'ensemble, ils ont trouvé le festival décevant. Je rappelle pour mémoire que, jusqu'en 2019, avec la carte d'accréditation, on pouvait entrer à tous les films qu'on voulait voir, et que je n'ai jamais vu une salle pleine de 2011 à 2019 ! A quoi bon ce système qui nous ôte toute notre liberté !
Au Musée d'histoire navale
Si je reviens encore à Venise, ce sera donc à un autre moment de l'année.