samedi 28 septembre 2024

28 septembre 2024 : Zoufris maracas la chanson du mois

 

« c’te connerie la guerre » c’est mon métier et militaire c’est vachement primordial mais ça les civils ils pigent pas, ils veulent pas comprendre qu’on est là pour les protéger et qu’on demande qu’à les défendre.

(Dorine Bertrand, La preuve par neuf, Le dilettante, 2004)

 

             Il est bon de lire des choses pareilles, quand on meurt sous les bombes de ces militaires si bien intentionnés qu'ils ne cherchent qu'à te protéger et à te défendre.

            Écoutons plutôt une chanson des Zoufris Maracas. Je vous souhaite d'avoir les oreilles assez fines !

            C'est d'un groupe de musique dont je n'avais pas entendu parlé, et qu'un mien neveu m'a signalé. La chanson m'a bien plu, la voici, et dites-moi ce que vous en pensez. 


 SI C'ETAIT PIRE

https://www.youtube.com/watch?v=-ypbdbZ20k4


Si c'était pire avant que c'est bien pire aprèsAlors en attendantLaissez-moi donc rêver qu'il existe un moyenPour arrêter le tempsLa regarder sourire, la regarder danserEt puis de temps en temps, la prendre dans mes brasLui parler d'avenir, lui faire des enfants
Si c'était pire avant que c'est bien pire aprèsAlors en attendantLaissez-moi donc rêver qu'il existe un moyenDe faire tomber les grandsDe nous voir tous levés, tous au petit matin, défier les tyrans
Si c'était pire avant que c'est bien pire aprèsAlors en attendantLaissez-moi admirer les forêts millénairesPeuplées d'orangs-outangsLa barrière de corail, les neiges éternelles, les séquoias géants
Si c'était pire avant, que c'est bien pire aprèsAlors en attendantLaissez-moi embrasserLa beauté de la vie au milieu du néantLaissez-moi m'enivrer, laissez-moi m'exalter et laissez-moi chérirLes plaisirs de la vie que vous dites interditsPour mieux nous asservir
Si c'était pire avant, que c'est bien pire aprèsAlors en attendantLaissez-moi oublier que le monde s'effondreL'espace d'un instantLaissez-moi respirer, laissez-moi rigolerEt laissez-moi sourireJe ne veux plus rien savoir, de vos luttes de pouvoirsDe vos sombres délires
Si c'était pire avant, que c'est bien pire aprèsAlors en attendantLaissez-moi donc rêver qu'il existe un moyenPour arrêter le tempsLa regarder marcher, la regarder grandirEt puis de temps en tempsLui parler de voyages, fabuleux paysages dans la course du temps
Si c'était pire avant, que c'est bien pire aprèsAlors en attendantLaissez-moi donc rêver qu'il existe un moyenPour arrêter le tempsLa regarder sourire, la regarder danserEt puis de temps en temps la prendre dans mes brasLui parler d'avenir, lui faire des enfants
 
De, de, deixa-me sonharQue têm o jeito de parar o tempo
Deixe-me sonharQue têm o jeito de parar o tempo
Deixa-me exaltar Deixa-me entender Deixe-me quererA beleza da vida
No meio do vazio No meio do vazio
Deixa-me querer Deixa-me sonhar
Que têm um jeito parar o tempoTempo, tempo, tempo ... Tempo, tempo, tempo
 

 
 
Si c'était pire song by Zoufris Maracas & LUIZA

lundi 23 septembre 2024

23 septembre 2024 : Venise 2024

Ne rien posséder, mais demeurer fidèle à sa jeunesse, ce feu sacré qui ne dure pas. Faire face à la mort avec la même innocence que l’enfant qui respirait l’odeur des lentisques devant la mer.

(Sophie Avon, Une femme remarquable, Mercure de France, 2021)

 

                    Me voici donc rentré de Venise. Je devrais dire "nous", car pour la cinquième  fois de mes virées vers Venise, je n'y suis pas allé seul, mais accompagné. En mai 2002, c'était, pour les 50 ans de Claire, et nous étions revenus enchantés, à tel point que, Claire disparue, j'ai saisi la première occasion d'y retourner. Ce fut en 2011 ; j'avais découvert un filon pour aller à la Mostra de Venise, et, comme pour les voyages en cargo, ce fut comme si j'avais pu emmener Claire avec moi, puisque c'était dans nos projets de retraite d'aller dans des festivals de cinéma comme dans des cargos. J'y suis retourné presque chaque année jusqu'en 2019, toujours par le même biais, ce qui me permettait de n'avoir pas à me préoccuper de l'hébergement, compris dans le voyage. J'y suis encore retourné en 2021 et cette année. 

   

Près de l'Arsenal, des sculptures géants de mains

                    En 2012, j'avais emmené avec moi Igor, jeune (40 ans) sidéen que j'avais connu par l'association Aides, avec qui je m'étais lié d'amitié, et à qui j'ai offert, le plus beau souvenir de sa courte vie. L'année suivante, il mourut, et à la cérémonie funéraire à l'église, ses parents m'ont demandé de lire un texte à sa mémoire. C'est à Venise que je me rendis compte qu'il était très malade, et je ne l'ai pas quitté d'une semelle. Nous avons fait ensemble la visite de monuments, églises, concerts, îles, vu quelques films de la Mostra (il s'y endormait régulièrement), et déambulé autant que son état de santé le permettait. 


        Igor          

                    En 2013, mon fils Mathieu est venu avec moi. Il venait d'achever sa 2ème année aux Beaux-Arts de Grenoble, et je lui avais fait miroiter la visite de la Biennale d'art contemporain. Je lui ai laissé toute liberté d'y vagabonder, et il a pu faire le tour complet de cette manifestation, tout en faisant du tourisme (je crois qu'il apprécia les îles du Nord, où nous allâmes ensemble) avec moi et visionnant quelques films de la Mostra, ensemble ou séparément.  Et il en profita pour me donner quelques leçons sur l'art contemporain.

 

Mathieu dans la cour du Palais des Doges

                    En 2022, ce fut l'équipée rapide d'un week-end à Venise où j'ai chaperonné Nadia (ma femme de ménage) et ses deux adolescents pour une équipée amusante. Quand elle m'avait annoncé qu'elle allait partir à Venise, car un de ses vieux clients l'avait couché sur son testament, priant sa femme de lui payer un voyage à Venise avec ses enfants, je me suis dit que je ne pouvais pas la laisser partir seule et que je devrais lui servir de guide. En effet, le billet d'avion la faisait atterrir à Marco Polo (l'aéroport) vers 1 h du matin dans la nuit du vendredi au samedi et repartir de Venise le lundi à 5 h du matin. Autant dire qu'arriver et repartir de nuit de Venise, avec le bus et le vaporetto à prendre, puis trouver l'hôtel à 2 h du matin, je ne m'y serai même pas risqué moi-même. J'ai donc préféré prendre mes billets d'avion et leur servir de convoyeur ! On a fait un tour en gondole !!!

Tour en gondole avec Nadia et ses fils

Et, cette année, ma sœur Monique, jeune retraitée (la dernière de la fratrie), m'a accompagné. Et, comme avec Igor, nous ne nous sommes pas quittés d'une semelle. Venise est une ville pleine de guet-apens : ruelles cul-de-sac tombant sur un canal (j'ai glissé et failli m'y noyer en 2016), ponts-escaliers en nombre considérable, croisements incessants, et si on n'y prend garde, on tourne en rond, etc. 

 

Sur le quai de Torcello

                     Elle ne demandait pas mieux que de rester avec moi. mais on a crapahuté ferme. Plus encore que les autres villes, Venise se découvre à pied, puisqu'il n'y a pas de voiture ni de bus. Les vaporetti (bateaux-bus), nous font tourner autour de l'île principale, n'empruntent que le Grand Canal qui la coupe en deux et permettent de rejoindre les autres îles. Tout le reste se fait à pied, avec d'innombrables marches d'escaliers à grimper. Mais tout s'est bien passé. On s'est dispensé de la promenade en gondole (90 € la demi-heure) au tarif prohibitif.

 

Au Musée Leonardo da Vonci

                    On a visité le Palais des Doges, la Biennale d'art contemporain, le Musée d'histoire navale, le Musée Leonardo da Vinci, quelques églises, quelques palais, les Giardini, le quartier excentre de Santa Elena, les quais sur la Lagune, le quartier et le marché du Rialto.... On est allé écouter deux concerts : Les quatre saisons de Vivaldi et un concert d'airs d'opéras en italien. on a visité quelques îles : Torcello, Burano et Murano (excursion d'une journée), San Giorgio (une matinée), le Lido (une journée)... 

le cordage du vaporetto pour l'attacher au quai
 

                    Bref, on ne s'est pas ennuyés. Comme il faisait très chaud (35° l'après-midi, 23° la nuit), on se levait à 7 h du matin, et à 8 h et demi, après un copieux petit-déjeuner (du moins pour moi, Monique n'avait pas l'habitude manger un vrai repas complet le matin) dont on emportait des restes pour le pique-nique du midi sur les bords du Grand Canal ou dans un parc, on rentrait à l'hôtel pour siester, sauf excursion de la journée entière. Et, le soir, on mangeait eu restaurant, souvent un plat de pâtes en sauces diverses. J'ai testé pour la première fois les spaghettis à l'encre de seiche qui ont entraîné deux jours plus tard, des selles noires comme du charbon.


 Vu à la Biennale

                    Et, surprise, on n'a pas mis les pieds au cinéma, malgré notre carte d'accréditation pour la Mostra. C'est que, désormais, l'accréditation ne suffit plus : il faut en plus, réserver les places pour les films qu'on a envie de voir, réservations qui se font sur internet, donc sur le smartphone, que c'est assez compliqué, que ça prend un temps fou, et que je ne pars pas en vacances pour passer le tiers de mon temps à tenter ce genre d'expérience. Ceux qui l'ont fait m'ont dit qu'ils n'avaient pas forcément pu réserver pour les films qu'ils voulaient voir, et que, dans l'ensemble, ils ont trouvé le festival décevant. Je rappelle pour mémoire que, jusqu'en 2019, avec la carte d'accréditation, on pouvait entrer à tous les films qu'on voulait voir, et que je n'ai jamais vu une salle pleine de 2011 à 2019 ! A quoi bon ce système qui nous ôte toute notre liberté !

Au Musée d'histoire navale

                    Si je reviens encore à Venise, ce sera donc à un autre moment de l'année.

 

mercredi 18 septembre 2024

18 septembre 2024 : poésie et quatrième âge

 

FRANK — On est toujours digne d’un grand amour. C’est une chose que peuvent espérer les plus pauvres, les plus laids et même les plus méchants. C’est même pour ça que c’est si beau.

(Marcel Achard, Le Corsaire, La Table ronde, 1959)

 

                Je viens de participer à l'animation de la fête des 10 ans du Petit Trianon, une maison de retraite, mi-résidence services mi-EHPAD, située près de chez moi. Ils tenaient ) faire participer les résidents eux-mêmes. L'animateur, Jean-Luc, a donc interviewé certain(e)s d'entre eux(elles). Il avait déniché parmi les habitants une vieille dame, Josette M., qui écrivais de nombreux poèmes. Il nous a fait nous rencontrer, et elle m'a confié un cahier entier de poèmes, J'en ai sélectionné une douzaine, il en a choisi quatre qui ont fait partie du spectacle à cette occasion : ça s'est très bien passé, la lecture en a été applaudie !

                Je vous en livre un aujourd'hui, qui m'a parlé, car il traite du premier amour. Ce sera le "poème du mois" de septembre, en attendant que je vous parle de Venise, dès que j'aurai fini de trier mes photos;


Rêve tendre



Au fond d’un vieux grenier,

un jour j’ai retrouvé

une lettre oubliée,

souvenir du passé.



Pendant que je lisais,

brusquement revenait

l’image du beau jour

de mon premier amour.



Nous étions deux enfants

qui n’avions pas seize ans,

mais mon premier baiser,

je ne puis l’oublier.



Nous passâmes l’été

tendrement occupés

à réciter des vers,

en lisant du Prévert.



Nous aimions l’harmonie

des douces symphonies,

et Frédéric Chopin

nous emportait au loin.



Doux rêves envolés

d’une enfance passée,

ce délicat courrier

dans mon cœur, bien caché,

toujours je garderai. 

 

Josette M. 

                          la résidence du Petit Trianon ; derrière, le haut de la Tour Mozart, où j'habite




 

mardi 10 septembre 2024

10 septembre 2024 : Après Gaza, la Cisjordanie

Si donc on appelle barbare le fait de tuer des gens pour rien, les Occidentaux sont barbares tous les jours, il faut le savoir. Simplement, dans le premier cas de barbarie, la barbarie des barbares, nous avons un meurtre de masse assumé et et suicidaire. Dans le cas de la barbarie des civilisés, c’est un meurtre de masse technologique, dissimulé et satisfait. 

(Alain Badiou, Notre mal vient de plus loin : penser les tueries du 13 novembre, Fayard, 2018)

 

               Voilà : à peine rentré de la parenthèse enchantée de Venise, je ne cesse de recevoir des avis éclairés sur la situation en Palestine. Il se trouve qu'en Italie, j'ai lu le grand poème épique du Tasse (Torquato Tasso) La Jérusalem Délivrée, dans une traduction en français du 19e siècle, époque où les gens cultivés lisaient ce genre d’œuvre littéraire. Pensez donc, qui lit encore cette épopée qui conquête de Jérusalem par les croisés dirigés par Godefroy de Bouilon. Ce ne sont que haine, meurtres, massacres, vengeances, enfin on se croirait en Palestine aujourd'hui.

             On en a pourtant parlé à Venise : une des participantes de notre groupe, Brigitte Challande, avait il y a peu, été à Gaza pour y rester quelques semaines et donné ses témoignages dans le média électronique "altermidi.org" dans plusieurs articles bien documentés. on a pu parler avec elle, et ainsi en savoir plus et pousser aussi nos cris d'alarme dans un monde devenu complètement sourd, ou plutôt qui ne répercute pratiquement que la propagande israélienne. Enfin un peu d'air frais nous arrivait. Quand on pense que cela dure depuis 1947 ! L'état hébreu ne fait que parachever les déportations massives, les destructions tout aussi massives (habitations, écoles, hôpitaux, routes, conduites d'eau, etc.), pour faire table rase et installer la colonisation complète du territoire palestinien.

             Combien faudra-t-il de morts, de dégâts, d'épidémies, d'anéantissement, d'extinction d'un peuple qui résiste pourtant, et qui, n'en déplaise aux sionistes, étaient là et bien là. Ils n'ont pas eu besoin que la communauté internationale leur donne un territoire. Ils habitaient là et ne demandaient qu'à continuer à vivre en paix. Ils ont donc le droit de résister à ce qu'il faut bien appeler une invasion coloniale, un accaparement de terres par vol, avec notre complicité. Sommes-nous prêts à accepter ces nouvelles migrations et à accueillir ces nouveaux migrants en Europe, alors qu'on a construit des barrières partout ? 

            Je ne pensais pas voir ça avant de mourir, et malheureusement, l'attitude de l'Europe est, encore une fois, inique ! 

 

Gaza, après le bombardement d'une école 

Extraits du texte d'Alain Graux publié récemment (https://allaingraux.over-blog.com/):

L’armée israélienne y mène une vaste opération de « nettoyage » et destruction lancée il y a une semaine, semblable à celles effectuées à Gaza. C’est une intensification à une large échelle de la répression opérée contre les groupes de résistants palestiniens depuis les camps de réfugiés du nord de la Cisjordanie, avec le même but d’élimination du Hamas.

Les incursions israéliennes étaient quotidiennes en Cisjordanie occupée depuis le 7 octobre 2023, début de la guerre à Gaza, mais elles atteignaient rarement une telle ampleur. Depuis septembre 2024, dans le nord de la Cisjordanie, on se croirait à Gaza !

Outre les bombardements, les attaques de drones, des bulldozers sont entrés en action, non pas pour dégager un chemin pour les chars, mais pour creuser les conduites d’eau et les égouts indispensables à la vie... avec le risque que dans six mois, la Cisjordanie occupée connaisse des flambées de maladies graves et des épidémies, comme c’est le cas à Gaza. « Israël détruit nos villes, vise intentionnellement nos infrastructures civiles : les réseaux d’eau, d’assainissement, d’électricité, les routes, les places, les maisons, les magasins, le patrimoine. Tous les lieux ciblés n’ont aucun rapport avec d’éventuels groupes armés », s’indigne le maire de Tulkarem, Riyad Awad[1]

De leur côté, des colons armés protégés par des officiers d'occupation en uniforme ont attaqué plusieurs maisons du village de Bireen, au sud-est d'Hébron. Ils ont vandalisé les maisons, volé de l'argent et d'autres biens. [...]

[1] Médiapart : 7/089/2024 Rachida El Azzouzi : Dans le nord de la Cisjordanie, « on se croirait à Gaza »