lundi 30 juillet 2018

30 juillet 2018 : Flottille de la Liberté, toujours !



Je crains que la responsabilité des hommes politiques soit sur ce point très lourde. Nous parlant des « odeurs » ou de « toute la misère du monde », ils ont manifestement contribué à légitimer le discours fasciste.
(Michel Sitbon, Plaidoyer pour les sans-papiers., L’esprit frappeur, 1998)

Communiqué de CAP-JPO Europalestine

Nouvel acte de piraterie israélienne contre la Flottille de la Liberté

Le dernier message envoyé par les volontaires de la Flottille de la Liberté à bord d’Al Awda signalait que le bateau se trouvait à 50 milles marins (90 kilomètres) des côtes de Gaza lorsque la marine israélienne est entrée en contact avec l’équipage, le sommant de cesser sa progression.
Il y a tout lieu de penser que les spécialistes de la piraterie en haute mer ont ensuite neutralisé les moyens de communication du navire avant d’en prendre le contrôle. Les 22 militants à bord, de 16 nationalités différentes, dont des Français et des Israéliens, s’attendaient à être conduits dans un port israélien, où ils seraient détenus au mépris de tout droit international, puis expulsés.
Battant pavillon norvégien, l’Al Awda était parti au mois de mai de la Scandinavie et il a fait 28 escales en Europe avant cette nouvelle tentative de briser le blocus criminel de la bande de Gaza et des 2 millions d’hommes, de femmes et d’enfants enfermés dans ce gigantesque camp de concentration à ciel ouvert.
Un second bateau de la flottille, le Freedom, battant pavillon suédois et transportant lui aussi des fournitures médicales, risque pareillement une interception par la marine du régime d’apartheid au cours des prochaines 48 heures.
CAPJPO-EuroPalestine


En dehors d’un article dans L’Humanité et des signalements de cet acte grave (mais la "démocratie exemplaire" d’Israël ne peut-elle pas tout se permettre : coloniser et déloger les occupants comme au plus temps du Far west, arracher les arbres, détruire des maisons, empêcher la circulation normale, mettre en prison pendant huit mois une jeune fille pour avoir giflé un militaire, bombarder à outrance en toute impunité, mettre des barbelés et affamer la population de Gaza, la privant d'eau, d'électricité, de médicaments, harceler en mer les pêcheurs de Gaza, etc ? ) par toutes les associations de soutien à la Palestine, silence radio ! Il est vrai que la France n'est pas en reste : la Flottille de la Liberté n'a-t-elle pas été interdite d'accoster en juin dernier à Paris par la police fluviale de la Préfecture de Paris ? Paris, où Jack Lang et d’autres personnalités l'attendaient devant l'Institut du monde arabe ! J’arrête là, complètement écœuré !




dimanche 29 juillet 2018

29 juillet 2018 : Flottille de la Liberté, encore



L’Iliade sonne actuel parce qu’il est le poème de la guerre. En deux mille cinq cents ans, la soif de sang paie toujours. Seul l’armement a changé. Il est devenu plus performant. Le progrès est la capacité de l’homme à développer son pouvoir de destruction.
(Sylvain Tesson, Un été avec Homère, Éd. Des Équateurs, 2018)


Un appel de Sarah, engagée sur la flottille de le Liberté pour Gaza ; inutile de dire que vous ne trouverez pas cet appel sur la presse aux ordres, ni dans les journaux de télévision mercantiles ! Je viens d'acheter Sud-Ouest Dimanche, pas un mot là-dessus !

Journal de bord de Sarah, depuis la Flottille de la Liberté

Le ‘al-AWDA’ a dépassé la Crète, il est au sud-est. Le ‘Freedom’ est derrière. On ne peut pas encore donner de date d'arrivée mais celle-ci approche. Sarah demande qu'on se bouge, qu'on bombarde l'ambassade israélienne de protestations, qu'on s'adresse aux élus et responsables politiques français et aux médias. Il ne fait pas de doute que la marine israélienne utilisera tous les moyens pour arrêter la flottille. 

Faites monter la pression ! 

Faites des déclarations publiques ! 

Brisez le silence !

« Le ‘Al-Awda’ est à 270 miles de Gaza. La mer est calme, c’est excitant de voir l'éclipse. A bord le moral est bon même si nous savons tous que dans quelques heures, les courageux gardiens du ghetto vont nous attaquer.
J'espère que vous savez tous qu'on a des gens formidables à bord. Nous transportons du matériel médical et notre principal but est de briser le blocus de Gaza. Les bateaux sont destinés aux pêcheurs de Gaza.
Je m'adresse aux soldats qui préparent leur action illégale de piraterie. Refusez d'obéir à vos commandants ! Vous avez ce choix. Nous sommes un groupe de militant-e-s non violent-e-s en route pour le port de Gaza. Il n'y a aucune raison morale à nous arrêter. Laissez-nous atteindre notre destination. » 
 


Comme l’écrit Valerio Varesi dans Le fleuve des brumes (trad. Sarah Amrani, Agullo, 2016) : "En période d’abondance, tout le monde se déteste parce que prévaut l’égoïsme, seul fondement de notre monde à présent". Ne soyons pas égoïstes, soyons solidaires !

samedi 28 juillet 2018

28 juillet 2018 : la Flottille de la Liberté arrivera-t-elle à Gaza ?



Cette étrange idée du « fait religieux » fait écran à ce qui nous permet de comprendre les différences sociales : l’accès au pouvoir, le rapport à l’argent.
(Véronique Decker, L’école du peuple, Libertalia, 2017)


L’été est propice à l’oubli : l’enfermement et le massacre des Palestiniens de Gaza est, comme d’habitude, passé aux oubliettes (la presse aux ordres préfère, entre Coupe du monde et Tour de France, faire ses choux gras d’une affaire pourtant banale qui révèle surtout de la part du mis en examen qu’il croit que la police peut tout se permettre). Heureusement qu’il y a encore des justes, des militants pour protester et tenter d’intervenir. Je vous livre donc la lettre au Président de la République au sujet de la Flottille de la liberté pour Gaza qui va tenter de rejoindre Gaza par les eaux maritimes palestiniennes dans lesquelles Israël (ce grand pays "démocratique" !) interdit de pénétrer, au mépris du droit international. Elle sera sans doute interceptée dans les eaux internationales par l'armée israélienne, qui n'hésitera pas à l'arraisonner et à en molester les occupants. Mais, on le sait, c'est, paraît-il, la seule "démocratie" de la région, qui peut donc tout se permettre. Macron, empêtré dans les "affaires" intérieures, va-t-il protester si les deux Français de la Flottille sont inquiétés ? J'en doute fort !


Monsieur le Président de la République,

Vous n’ignorez bien sûr rien de la situation tragique qui frappe la bande de Gaza. Des attaques militaires israéliennes constantes ajoutent la terreur à l’inhumanité du blocus illégal qui vise à étrangler Gaza depuis plus de 11 ans. C’est la population civile de Gaza qui subit cette violence, frappée d’une punition collective à laquelle elle ne peut se soustraire et qui constitue un crime de guerre. Aucun refuge n’est possible contre les bombes et les chars israéliens.
Devant l’inaction des Etats qui pourraient amener Israël à arrêter ces frappes meurtrières et à lever le blocus – dont notre pays -, des citoyen.ne.s de différents pays vont tenter d’arriver jusqu’à Gaza par la mer.
Vous le savez aussi, les bateaux de la Flottille de la Liberté ont quitté voici deux mois l’Europe du Nord en faisant plusieurs escales dans de nombreux pays, dont quatre en France, pour se regrouper en Méditerranée avant de voguer vers les eaux palestiniennes.
Participant.e.s et équipages apportent des médicaments aux Palestinien.nes de la bande de Gaza mais surtout un message de solidarité humaine, contre le blocus et la violence militaire infligés à Gaza.
Depuis 2008 plusieurs flottilles ont tenté de briser ce blocus illégal. Les autorités israéliennes ont toujours réagi avec une extrême violence, attaquant les bateaux en eaux internationales, les détournant et kidnappant littéralement les personnes à bord, en violation du droit international.
Pourtant, les citoyen.ne.s engagé.e.s dans le refus de l’injustice repartent encore et encore, refusant de laisser le dernier mot à la force armée.
Deux Français, un marin et une représentante du mouvement de solidarité avec la Palestine, membre de l’Union Juive Française pour la Paix, sont à bord de cette flottille courageuse. Deux des bateaux battent pavillon suédois et plusieurs Suédois.es sont à bord. La Suède a fait savoir officiellement aux autorités israéliennes qu’elle protégeait la liberté de circulation en mer et le droit de naviguer.
Nous vous demandons instamment de faire de même et de veiller à ce que rien n’arrive à ces bateaux et à toutes ces personnes à bord qui sont des justes. Ils quitteront ce jour la Sicile pour naviguer vers Gaza.
La France doit impérativement protéger ses deux ressortissants et faire savoir au gouvernement de M. Netanyahou qu’elle ne tolèrera pas un nouvel acte de piraterie à l’encontre de la Flottille de la Liberté pour Gaza.
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, nos respectueuses salutations.
Mme Claude Léostic,
pour la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine et le Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens qui organisent en France le soutien à cette action de solidarité internationale.

cop. CAP-JPO EUROPALESTNE


jeudi 26 juillet 2018

26 juillet 2018 : à la campagne



Après tout, les heures que nous passons, hypnotisés par les écrans digitaux, oublieux de nos promesses, dispendieux de notre temps, distraits de nos pensées, indifférents à notre corps qui s’épaissit devant le clavier, ressemblent aux heures hagardes des marins d’Ulysse sur l’île [des Lotophages].
(Sylvain Tesson, Un été avec Homère, Éd. Des Équateurs, 2018)


Je pensais à tout ça, juché sur Bucéphale (et aussi dans le train, où Bucéphale a pris place avec moi entre Bordeaux et Decazeville) en voyant tous nos concitoyens, de l’enfance à la vieillesse, hypnotisés par leur petit écran, qu’ils ne quittaient guère des mains et des yeux : à quoi pensaient-ils ? C’est le mystère le plus absolu pour moi. J’ai tout de même rencontré deux exceptions : un autre cycliste, un jeune entre Périgueux et Brive (puis qui partait vers Cahors), avec qui j’ai sympathisé, puis un marcheur, presque de mon âge (entre Figeac et Grammat), deux randonneurs donc qui raccourcissent certaines étapes grâce aux TER, tant qu’ils existent ! Car la ligne Brive-Rodez est menacée, et il y a peu de Bordeaux-Brive directs ! En tout cas, ces deux personnes connaissent encore le bonheur d’être déconnecté. J’entendais ce matin à la radio deux infos intéressantes : il y a de plus en plus d’addicts aux jeux d’argent en ligne sur internet (et sans doute aussi à d’autres jeux si j’en juge par mes observations dans les trains) et les rames de TGV que vient de commander la SNCF à Alsthom seront connectées !

le musée de la faïence à Montbazens

Donc, j’ai passé quatre belles journées en Aveyron d’où je suis d’ailleurs rentré en mauvais état, victime d’une sinusite due vraisemblablement au froid, peut-être la fraîcheur dans les descentes après la suée dans la montée (la côte de Montbazens fait 7 bons km assez rudes et peu ombragés) ou bien les 10 à 12° qu’il faisait lors de nos promenades à pied (très matutinales : nous partions vers 6 h 30, le cousin Dédé et moi), ou mes visites chez les vieilles dames avec climatisation (que je redoute depuis mon séjour en Guadeloupe)... Donc, journée de repos complète hier mercredi et report de ma visite à mes poètes de Poitiers que je devais faire aujourd’hui ; ce sera pour la semaine prochaine.
J’ai pu me reposer chez les cousins de Claire, papoter sur la terrasse en observant les oiseaux, jouer au scrabble avec Francine (la femme de Dédé), aller au café avec Dédé et discuter avec les autochtones, participer à un repas chez l’autre cousin, Jean, celui d’Aigues-Mortes. Son fils Jean-Marie, que je n’avais pas vu depuis cinq ans, y était avec une amie polonaise, Marta. Pour finir, j’ai invité tout ce monde au restaurant du village, car si les visiteurs le snobent, il finira par fermer. Ce fut bien agréable. J’ai bouquiné aussi (c’est mon addiction à moi !), regardé un peu le Tour de France en montagne. Le bonheur d’être dans un lieu où on se lève et se couche tôt, et sans connexions intempestives ! De vraies vacances...

à Monbazens, la sculpture offerte à la commune par un tailleur de pierre

Et puis quand même le plaisir de la bicyclette, en dépit de son poids et de la surcharge des sacoches. Bien sûr, je préfère quand c’est plat (style Pays-bas), mais ici, la route monte ou descend. Même sur le Causse, les portions réellement plates sont rares, c’est plus fréquemment du faux plat en montée ou en descente. Si les descentes sont bienvenues, elles peuvent être acrobatiques, notamment dans la déviation de Loudes qui précédait Brandonnet, et où j’ai eu la chance de ne rencontrer un chien qui aboyait qu’au retour quand ça montait ! Dans la descente, à l’aller, il m’aurait sacrément fait peur... Même si je freine dans les descentes pour éviter de prendre trop de vitesse et de louper un virage.

l'église de Brandonnet, en face de chez Dédé, sonne entre 7 h et 19 h

Bref, tout s’est bien passé. Au cours des conversations au café, longue discussion sur l’église (fermée, il n’y a plus de curé ni de messes) qui était naguère un lien social où même les incroyants se rendaient, afin de rompre leur isolement quotidien. Et, en sortant de la messe, les hommes faisaient un petit tour au café en face, pendant que les femmes papotaient sur le parvis et les enfants improvisaient des jeux sur la place. Tout cela a disparu, le village s’éteint peu à peu. Il faut maintenant prendre sa voiture pour aller à la messe au bourg le plus proche. Beaucoup y renoncent, les croyants la regardent de temps à autre à la télévision comme un pis-aller. La spiritualité a tout de même prix un sacré coup dans l’aile.


jusqu'où les vélos ne vont-ils pas se nicher ?
(au village)
 
D’ailleurs, ici, la voiture est reine : comment faire autrement, quand il faut faire 12 km pour faire le plein de victuailles et autres produits, une fois par semaine, au supermarché ? Quand rendre visite aux voisins (parfois distants de 1 ou 2 km) paraît impossible sur ces petites routes qui grimpent trop souvent ? On voit bien chaque matin un jogger (mais il est Anglais) qui court avec son chien, de vieilles dames qui vont à pied à leur jardin ou au cimetière, parfois un cycliste un peu sportif, mais sinon, tout le monde circule en voiture, et la rue du village (pourtant à l’écart des grandes routes) voit assez souvent passer des automobilistes, des 4x4, quelques tracteurs et camions, voire des quads : un vrai boulevard ! Les retraités vivent chichement et la voiture ampute lourdement leurs maigres pensions. Bien sûr, aucun bus ou car ne passe ! Ce n’est pas à la campagne que la transition vers moins de voitures sera possible ; le plan vélo annoncé par le gouvernement n’y aura aucun sens.
 

jeudi 19 juillet 2018

19 juillet 2018 : suite de mes vacances


Apprendre, par-dessus tout, à se méfier de la mémoire. Ce que nous croyons évoquer est tout à fait étranger et différent de ce qui nous est vraiment arrivé.
(Alvaro Mutis, La neige de l’amiral, trad. Annie Morvan, S. Messinger, 1989)

la Tour de l'horloge : le cinéma Le Dragon, 
où se déroulent des projections du Festival, est tout proche
Après La Rochelle, je suis allé à Arçais pour une retrouvaille avec l’ami Claude et le Marais poitevin, où je fis une tournée mémorable de cyclo-lecteur (qu'il m'avait organisée) en septembre 2009. J’ai revu Virginie, sa femme et Lola, la fille de Virginie, qui a tellement grandi que je me demande si je l’aurais reconnue en la croisant dans une rue. Ils vont déménager fin août et pendront la crémaillère le 15 septembre prochain, fête à laquelle je suis invité et irai (peut-être avec mon vélo) : je suis allé réserver une yourte au camping voisin, c’est là que j’avais dormi lors de ma randonnée en 2009. Et je recommencerai avec plaisir !

un collage fait à l'atelier

Puis je suis allé à Poitiers participer au stage d’atelier d’écriture animé par la merveilleuse Catherine Baptiste (elle-même auteur de poèmes solides, notamment L’Antigone manquée) sur le thème : écrire l’enfance. À l’aide d’objets, de mots, d’images, de musique, elle nous a aidés à faire surgir des souvenirs d'enfance et incités à les rédiger dans un « carnet à se souvenir » que nous avons fabriqué. Nous avons aussi fait des collages. Objectif atteint en ce qui me concerne : je commence à voir comment organiser le récit de mes souvenirs d’enfance et d’adolescence. Ce sera la tâche de ces prochaines années. Ça va m’occuper ! J’essaierai de ne pas tomber dans le travers – fréquent chez les autobiographes – de raconter sa propre légende, mais si je n’y arrive pas, ce n’est pas gênant. 

Faudra quand même que je vois ce film
 
Et bien entendu, je me suis occupé de rendre visite à mes vieilles dames : Odile d’abord chez qui j’ai passé mes soirées pendant tout le temps de l'atelier, pour qui j’ai préparé les repas, fait les courses, que j’ai fait sortir le soir pour profiter de la relative fraîcheur, mais qui a de plus en plus de mal à sortir de son isolement et à prendre des décisions. Huguette ensuite, ma voisine du 12ème, à qui je prête des livres et qui apprécie mes visites : on a regardé hier ensemble l’étape alpine du Tour de France. Aline enfin, qui habite dans la RPA* où était mon frère, ce qui me fait faire 9 km aller et autant au retour pour aller la voir : c’est dans son bar de Valence qu’a été tourné le film de Cédric Kahn, Bar des rails, présenté à la Semaine de la critique de la Mostra de Venise en 1991. Elle coule désormais une retraite difficile (santé précaire) et relativement claustrée... J’ai eu grand plaisir à la voir et à parler avec elle de Michel : paraît que depuis son décès, les activités d'après-midi ont disparu de la RPA ! 

* RPA : Résidence pour personnes âgées, où chacun a son appartement avec cuisine, antichambre de la Maison de retraite ou de l'EHPAD (Etablissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes).
 

mercredi 18 juillet 2018

18 juillet 2018 : La Rochelle, un excellent Festival


Ce que nous donnons aux autres, nous nous le donnons à nous, par retour.
(Apolline Traoré, Frontières : film, 2018)
 


Premiers jours réels d’utilisation de ma nouvelle bicyclette. Le 30 juin, je la mets dans le train pour La Rochelle. Les jours suivants, je fais l’aller-retour Angoulins-La Rochelle à vélo tous les jours jusqu’au 6 juillet, très beau parcours ventilé le long de la côte. Le 7, je quitte Angoulins pour Arçais (45 km environ de jolies routes secondaires souvent ombragées) où je rends visite à l’ami Claude, rajeuni de dix ans depuis qu’il ne fume plus ! Le 9 j'ai rejoint la gare de Niort à vélo (Claude m’accompagne, et j’ai quelque mal à le suivre !), sans doute 25 km, car nous avons suivi les méandres de la Sèvre niortaise, spectacle presque magique. Rentré à Bordeaux, je suis retourné (en train) à Poitiers pour mon stage "Écrire l’enfance" du 11 au 13 juillet, sous la houlette de Catherine Baptiste, art-thérapeute et poète de haut vol. Le 14 juillet, je remets le vélo dans le train jusqu’à Ygos (Landes) d’où je rejoins la famille à Brocas, 22 km, et retour par le même trajet le lundi 16... Hier je suis allé voir Aline à la RPA de Talence, 18 km aller-retour. En comptant les trajets de chez moi jusqu’à la gare, ça fait plus de 300 km en quelques jours. Le bonheur pur de la liberté reconquise, car le vélo est, après le cheval, la plus belle conquête de l’homme en général et de moi, en particulier !
J’ai été comme toujours merveilleusement accueilli tant à Angoulins qu’à Arçais, à Poitiers ou à Brocas : 17 jours de vacances (c’est-à-dire être ailleurs) formidables. Merci à tous !

Le 46ème Festival de cinéma de La Rochelle s’est montré à la hauteur de sa réputation : j’ai vu quelques films de quatre rétrospectives (le Français Robert Bresson, le Suédois Ingmar Bergman, le Finlandais Aki Kaurismäki, l’Argentine Lucrecia Martel), quelques inédits pas encore sortis, des films restaurés de toute sorte, dont deux consacrés aux drôles de dames du cinéma muet (avec accompagnement au piano). 


Si je connaissais déjà très bien Bergman (mais j’ai vu un inédit : son documentaire Mon île Få) et Bresson (mais quel plaisir de revoir Maria Casares dans Les Dames du Bois de Boulogne, et de voir enfin sur grand écran Au hasard Balthazar et Journal d’un curé de campagne, ce qui m'a donné envie de relire Bernanos), j’ai été enthousiasmé par les films des années 80 et 90 de Kaurismäki, dont le très beau film sans paroles Juha


Si Lucrecia Martel ne m’a pas touché, j’ai apprécié quelques films inédits qui sortiront dans les prochains mois : le superbe Premières solitudes (documentaire français sur les adolescents de Claire Simon), le splendide La tendre indifférence du monde du Kazakh Adilkhan Yerzhanov, et le merveilleux Heureux comme Lazzaro de l’Italienne Alice Rohrwacher. J'irai les revoir à leur sortie et en dirai un mot ici.


Parmi les reprises, le très bon Corniche Kennedy de Dominique Cabrera que j’avais raté à sa sortie, et deux beaux films italiens de Monicelli (Les camarades, avec un Mastroianni en meneur de grève) et Comencini (Qui a tué le chat ? comédie avec un Ugo Tognazzi pétillant). Enfin, deux films muets d’Alfred E. Green avec la sémillante Colleen Moore : Irene et Ella Cinders, superbe adaptation de Cendrillon. Non, messieurs les acteurs comiques, vous n’étiez pas seuls à nous amuser, ces dames aussi !

Lazzaro le magnifique

Ce qui m’a le plus étonné, c’est la présence dans nombre de ces films de personnages semblables à l’Idiot de Dostoïevski, c’est-à-dire d’une bonté absolue et qui se heurtent à l’indifférence ou à la dureté du monde : c’est le cas des héros de : Heureux comme Lazzaro, La tendre indifférence du monde, Journal d’un curé de campagne, La fille aux allumettes et Les lumières du faubourg (deux Kaurismäki) ou dans une moindre mesure, celle de La niña santa (de Lucrecia Martel). Surprenant, non ?