mardi 17 décembre 2024

17 décembre 2024 : Bientôt Noël, dévoiement des fêtes

 

C’était la nouvelle religion, je pensais dans ma tête, la consommation, métaphore connue : les Produits comme dieux, la Publicité comme prophétie, les Hypermarchés comme temples. C’est pas la résurrection du Christ qui allait arrêter ce culte moderne…

(François Ruffin, Leur folie, nos vies : La bataille de l’après, Les liens qui libèrent, 2021)



            Eh bien, voilà revenu l’horrible mois de décembre, que j’ai d’année en année de plus en plus de peine à supporter, avec ces étalages nauséabonds de marchandises étalées, de boutiques surpeuplées, d’incontinence de gloutons, de magasins illuminés, de foules attristantes, de bacchanale de pères Noël de pacotille, de débauche de lumières (alors qu’on nous pousse à faire des économies d’électricité), de cohortes de voitures embouteillant les rues du centre ville (on se tue à nous dire d’éviter de prendre la voiture), tout pour me plaire, quoi ! Où sont la grâce et la simplicité de la Nativité ?

            On en a oublié complètement l’origine de la fête. Dans un pays devenu laïcard, ça ne m’étonne guère. Ça les gêne qu’encore quelques églises, quelques temples, rappellent encore la naissance du Christ dans la pauvreté et la simplicité des messes et cultes de l’Avent. C’est qu’on en oublierait le saint Commerce, le Dieu Argent, le prophète Capital, le Pèze déifié, le Pognon roi…

            Ah, les enfants d’aujourd’hui ne risquent pas, ouvrant la porte de leur chambre, d'avoir la vision d’un Bonhomme Noël déposant les cadeaux sous le manteau de la cheminée, comme nous l’aperçûmes, mon cadet Bernard et moi, à Noël 1951 ! Cette hallucination nous convainquit pour plusieurs années de l’existence du père Noël, puisque, précisément, nous l’avions vu ! Après la mort de mon père et celle de Bernard, j’interrogeai discrètement ma mère en 2004. Je lui racontai l’épisode, lui demandant si Papa s’était déguise en Père Noël, ce 24 décembre-là. Elle m’affirma que non. Je la crois volontiers.

            Tant pis pour nous, ou tant mieux, je ne sais pas. Certes, j’étais très naïf (en ce temps-là, mamie, ma bonne grand-mère qui vivait avec nous me disait ça, ajoutant « tu seras heureux, mon garçon ! Reste naïf toujours, c’est une superbe qualité ! »), et probablement Bernard, pourtant âgé de deux ans de moins, avait su me persuader de la vision, en refermant sans bruit la porte que nous avions ouverte discrètement. Le fait est que je crus au père Noël jusqu’à neuf ans, si ce n’est dix : qui dit mieux ?

            C’est sans doute cette naïveté qui m’a fait croire au miracle pendant la longue maladie de Claire et son agonie, ce qui m’a fait tenir le coup et même rendu plus fort pour assurer ma survie. C’était il y a quinze ans déjà et je continue à penser à elle, car elle est toujours présente dans mon cœur, mon âme, ma pensée. Il m’arrive même de parler d’elle, comme pendant le Café mortel auquel j’ai assisté le 6 décembre dernier chez les Petits frères des pauvres, association où j’ai adhéré en juin dernier et dont je suis devenu bénévole. Un café mortel est un café ou réunion si vous préférez, où l’on parle de son expérience de la fin de vie et de la mort, comme un café philosophique est une réunion où l’on cause de philosophie.

            Outre ma formation de bénévole chez les Petits frères, je suis également les causeries et conférences du CNAV (https://www.cnav-demain.fr/), ou Conseil National autoproclamé de la vieillesse. J’apprends plein de choses et surtout à ne plus avoir peur d’être devenu vieux, et que ce dernier terme n’est pas un gros mot, ni un tabou !


 

mardi 12 novembre 2024

12 novembre 2024 : la Palestine, le football et nous

 

À nos amis européens, je ne veux plus jamais vous entendre nous donner des leçons sur les droits humains ou le droit international. Nous ne sommes pas blancs, je suppose, selon votre logique, que le droit ne s’applique pas à nous. Dans l’ombre de l’empire, vous avez transformé le colonisateur en victime et le colonisé en agresseur.

(Munther Isaac, pasteur de l’Église luthérienne de Bethléem, Noël 2023)

 

        Puisqu'il faut bien contrer un peu la propagande de la presse et des médias français qui s'empressent de reproduire la propagande et les mensonges israéliens, il me semble urgent, au moins une fois, de vous faire lire le communiqué suivant, au sujet des incidents qui se sont passés à Amsterdam, au stade de football, communiqué qui nous apporte une toute autre version des faits. Chez les supporters israéliens s'étaient glissés de nombreux hooligans, trop contents d'exporter leur guerre, leur racisme viscéral et leur haine dans un pays occidental. 

        Espérons qu'ils ne troubleront pas le match de la honte France-Israêl de jeudi prochain. 


Communiqué de l'Association France-Palestine solidarité

Le traitement des événements d’Amsterdam : un naufrage politique et médiatique

        Le jeudi 7 novembre, de violents incidents ont eu lieu à Amsterdam en marge du match de football entre l’Ajax d’Amsterdam et le Maccabi Tel-Aviv FC. Le gouvernement israélien ayant immédiatement fait état d’« attaques antisémites », le terme avait sans discussion été relayé par les médias audiovisuels. Sur le plan politique, il était sans délai repris par le Premier ministre néerlandais, élu par une coalition comprenant l’extrême-droite, et par plusieurs chefs d’État ou de gouvernements étrangers. Quant au président Macron, il l’a adopté implicitement en évoquant « les heures les plus indignes de notre histoire ».

        Qu’en est-il du caractère supposément antisémite de ces actes ? Quatre jours après, aucun élément tangible n’a été présenté pour étayer l’affirmation que les supporters du Maccabi Tel-Aviv FC auraient été attaqués parce que juifs, ni que ces attaques aient été préméditées comme l’a affirmé le Premier ministre israélien.

        C’est une tout autre réalité qui émerge à travers une série de témoignages et de vidéos : la veille et le jour du match, ces supporters israéliens s’en étaient pris violemment à des supporters néerlandais, particulièrement s’ils étaient arabes. Ils avaient hué la minute de silence en hommage aux victimes de inondations en Espagne (au motif que ce pays ayant reconnu l’État de Palestine serait donc antisémite), arraché des drapeaux palestiniens aux fenêtres des maisons, attaqué des chauffeurs de taxi d’origine nord-africaine et hurlé à plusieurs reprises des slogans violemment racistes anti-arabes, ainsi que des propos génocidaires, se réjouissant qu’il n’y ait « plus d’enfants à Gaza ». Ils ont d’ailleurs réitéré ces slogans à leur retour à l’aéroport de Tel-Aviv. Pour qui connaît la réputation des supporters du Maccabi Tel Aviv FC, cela n’est guère étonnant.

        Étonnant, ou plutôt ahurissant, est le fait que des centaines d’individus puissent chanter « mort aux arabes » dans les rues d’Amsterdam et que la seule forme de racisme évoquée par la classe politique et les médias français soit l’antisémitisme.

        Nous n’admettons évidemment pas les violences entre les personnes, d’où qu’elles viennent. Mais nous n’admettons pas non plus que les médias français et la classe politique de notre pays propagent ainsi, sans le questionner, le discours israélien, qui s’avère désormais clairement mensonger.

        Le comble de l’abjection revient au ministre de l’Intérieur [français], qui se vante d’avoir fait un signalement à la justice contre une députée qui avait osé mettre en doute la version officielle. Et que penser des député·es qui ont aussi attaqué leur collègue sur ce point ? Ou qui ont cru bon d’évoquer Anne Franck ou la « nuit de cristal » à propos de ces incidents ?

        Plusieurs médias, notamment de la presse écrite ou en ligne, ont publié dès le lendemain des versions plus conformes à la réalité, mais la plupart des médias audiovisuels ont persisté dans le narratif israélien. Quant au président de la République, au ministre de l’Intérieur, aux nombreuses et nombreux parlementaires qui ont servilement repris la version israélienne, nous n’avons vu jusqu’ici aucun correctif ni aucun regret de leur part.

        Ce naufrage politique et médiatique devrait interroger très profondément les directions éditoriales et les élu·es sur leur responsabilité face aux injonctions du réseau d’influence israélien. Cette attitude encourage de fait la guerre génocidaire menée par l’État d’Israël contre le peuple palestinien. Elle provoque des divisions très profondes dans la société française, qui ne supporte plus cette soumission au narratif israélien.

        Quant au président de la République, en annonçant qu’il assistera au match France-Israël prévu le 14 novembre, il prend le risque d’envenimer encore plus la situation. Si ses prises de positions récentes sur la nécessité du cessez-le-feu au Proche-Orient n’étaient pas autre chose qu’un effet d’annonce, il aurait dû demander au gouvernement d’annuler ce match tout comme le « gala de la honte » prévu la veille à Paris en présence du ministre israélien Smotrich qui affiche sa fierté d’être raciste, fasciste et homophobe.

        Chaque jour à Gaza comme au Liban de nouveaux massacres [y compris de plus de 400 footballeurs palestiniens depuis octobre 2023, mais ça, nos médias n'en disent mot] sont commis. Il est urgent de prendre des sanctions pour faire cesser la guerre génocidaire menée par Israël contre la population palestinienne de Gaza. C’est notre humanité commune qui est menacée.

Le Bureau national de l’AFPS (Association France Palestine Solidarité), le 12 novembre 2024

Et Bravo au footballeur néerlandais 

d'origine palestinienne Anwar Al-Ghazi !

Après que le club de foot allemand de Mayence a mis fin à son contrat en raison de ses publications en faveur de Gaza et de la Palestine, le joueur néerlandais d’origine marocaine, Anwar Al-Ghazi, annonce qu’il fera un don d’un demi-million d’euros pour financer des projets en faveur des enfants de la bande de Gaza.

Anwar Al-Ghazi vient de gagner son procès contre le club de Mayence et a obtenu des dommages et intérêts d’un montant de près d’un million et demi d’euros.

Le footballeur a confirmé à cette occasion son refus de s’excuser pour ses publications et son soutien continu à la cause palestinienne.

 

 

lundi 11 novembre 2024

11 novembre : Park Ynhui, le poème du mopis

 

Et il suffit de voir ces images du RER, aujourd’hui à la télé, de cette Seine-Saint-Denis qui vient servir Paris, des rames bondées de travailleurs comme si de rien n’était : alors qu’on nous prône, officiellement, le « confinement » et la « distanciation sociale », eux, elles, sont entassés […] c’est patent, leur santé compte moins que la nôtre.

(François Ruffin, Leur folie, nos vies :La bataille de l’après, Les liens qui libérent, 2021)

 

                    En ces temps très durs, où les oppresseurs sont toujours plus oppresseurs et les opprimés toujours plus opprimés, et où il est de bon ton de se taire sur Gaza (sinon, on risque d'être incriminé comme "antisémite"), où le droit international est bafoué comme jamais par ceux qui se targuent d'être démocrates, où la religion généralisée est celle de loi du marché, avec son corollaires, le culte de la consommation, il est bon de se replonger dans la poésie pour maintenir sa tête hors du courant de la propagande unilatérale des médias et respirer un peu d'air frais, et se purifier les poumons de la nauséabonde réalité actuelle.

                        Je vous propose un poème de Park Ynhui, poète coréen né en 1930 :

Lumière isolée


J'ouvre la fenêtre où sont

Collées les étoiles

Au creux d'une nuit 

Sans sommeil


Dans la tour d'appartements

En face

Une seule et unique fenêtre

Encore éclairée

Solitaire

 

Là-bas aussi le cœur 

De quelqu'un qui

N'arrive pas à trouver le sommeil ?

Comme les étoiles

Tout seul


(Park Ynhui, L'ombre du vide, trad. Benjamin Joireau, L'atelier des cahiers, 2012)

 


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mercredi 6 novembre 2024

6 novembre 2024 : la chanson du mois, duo Pamina Papageno (Mozart)

 

Je crois que la solidarité, la sympathie et l’amour sont les dernières chemises blanches de l’humanité.

(Stig Dagerman, La dictature du chagrin et autres écrits amers, 1945-1953, trad. Philippe Bouquet, 2009)

 

                    Loin de toutes les horreurs du monde (d’aujourd’hui comme d'hier, hélas, la "civilisation" ne nous a pas fait progresser), j'ai eu la curiosité hier soir, comme la télévision nous proposait à une heure décente sur France 4 La flûte enchantée de Mozart, de regarder une énième fois cet opéra, qui reste mon préféré parmi tous les opéras que j'ai vus et écoutés. Et parmi tous les airs de cet opéra, peut-être le duo Pamina / Papageno est-il celui qui me touche le plus.

                    Je vous livre ici les paroles (en allemand et traduction française) et quelques interprétations que j'ai dénichées sur youtube. Et si vous ne connaissez pas cet opéra, ne manquez pas de le découvrir dans son intégralité, car tout y est lumineux, comme presque toujours quand Mozart compose. En tout cas, moi, il me met dans un état second. Lors de notre voyage de noces en Grande-Bretagne eu 1979, Claire et moi l'avions vu jouer à l'English national opera de Londres : il y était chanté en anglais et les parties parlées également en anglais. Et pourquoi pas ? Luther n'a-t-il pas traduit et fait traduire la Bible en allemand pour la rendre plus accessible au peuple ?

 

 

Parmi de nombreuses interprétations de ce duo sublime de Mozart :

 https://www.youtube.com/watch?v=kJVglpJylbY (Dorothea Röschmann / Detlef Roth)

 https://www.youtube.com/watch?v=AOLnRcovLaA (Kiri Te Kanawa / Thomas Allen)

https://www.youtube.com/watch?v=e9onx0Gp78Y (Nathalie Dessay / Edwin Crossley-Mercer)

Et voici les paroles :

Texte original allemand
Traduction française

PAMINA
Bei Männern, welche Liebe fühlen,
fehlt auch ein gutes Herze nicht.

PAPAGENO
Die süßen Triebe mitzufühlen,
ist dann der Weiber erste Pflicht.

BEIDE
Wir wollen uns der Liebe freu’n,
wir leben durch die Lieb’ allein.

PAMINA
Die Lieb’ versüßet jede Plage,
ihr opfert jede Kreatur.

PAPAGENO
Sie würzet uns’re Lebenstage,
sie wirkt im Kreise der Natur.

BEIDE
Ihr hoher Zweck zeigt deutlich an:
nichts Edler’s sei, als Weib und Mann.
Mann und Weib, und Weib und Mann,
reichen an die Gottheit an.

PAMINA
Un homme qui ressent l’amour
ne peut manquer de bon cœur.

PAPAGENO
Partager le doux sentiment est alors
le premier devoir d’une femme.

ENSEMBLE
Nous voulons chanter la joie de l’amour,
nous vivons par l’amour seulement.

PAMINA
L’amour adoucit chaque peine,
toute la création se voue à l’amour.

PAPAGENO
Il donne du sel à chaque jour de notre vie
et fait tourner la roue de la nature.

ENSEMBLE
Son but le plus élevé, il le révèle clairement :
rien n’est plus noble que mari et femme.
Mari et femme et femme et mari
atteignent à la divinité.

 

jeudi 31 octobre 2024

31 octobre 2024 : apprendre à mourir

 

« C’est le regard de l’autre qui me constitue », disait Lacan. Cela n’a jamais été aussi vrai qu’avec ceux qui souffrent d’une atteinte de l’image de soi. […] on peut finir par oublier que l’on a un corps dégradé, parce que l’on est soi, parce que les autres posent encore sur vous un regard plein de tendresse, et ne soulignent pas votre déficience corporelle. 

(Marie de Hennezel, La mort intime : ceux qui vont mourir nous apprennent à vivre, R. Laffont, 1995)

 

 

                    J'ai bien connu le problème de l'accompagnement jusqu'au bout de la vie avec Claire, mon épouse. Nous nous sommes épaulés l'un l'autre de juillet 2004 (date du début de la souffrance due à sa tumeur au cerveau) à juin 2009, date de sa mort. Jamais je n'ai regretté de participer à ce que d'aucuns appellent un cauchemar ou, dans les nécrologies, une longue et douloureuse maladie. Je l'ai vue donc, au fil des jours, des semaines, des mois, des années, continuer à vivre en se dégradant peu à peu, mais sans perdre le goût de la vie, de la nourriture, des voyages, de la rencontre humaine, du chant, jusqu'au jour où elle a dû perdre son autonomie et dépendre totalement de moi et de mon entourage.

                    Et, par la suite, j'ai accompagné aussi jusqu'au bout plusieurs amis : P., une bibliothécaire de Poitiers dont j'ai appris peu après le décès de Claire qu'elle avait une récidive de son cancer ; I. que j'ai rencontré à l'Association Aides, un malade en phase terminale du sida que j'ai pu emmener avec moi à Venise avant qu'il ne meure. Puis Georges et Odile, mes grands amis poètes de Poitiers, qui ont vécu très vieux. Michel, mon frère aîné pendant ses deux dernières années. Encore maintenant, j'accompagne H., une vieille dame de ma tour, aujourd'hui dans un EHPAD.



                    C'est pourquoi j'ai tant apprécié le livre de Marie de Hennezel La mort intime dont le sous-titre ceux qui vont mourir nous apprennent à vivre m'a semblé d'une justesse indéniable. Car, oui, comme tous les patient.e.s de Marie de Hennezel dans son unité de soins palliatifs, Claire, avec sa force intérieure et son amour, a su m'insuffler la capacité de faire face, le pouvoir d'inventer les techniques de l'aide que je pouvais apporter, une sorte de goût de vivre de près ce qui lui arrivait, et d'atteindre le sommet de ma compétence humaine. Car j'étais dans le soin de la personne, sans oublier sa qualité d'être humain (et qui me touchait de près) comme certains de nos médecins l'ont malheureusement fait, trop imbus de soigner les symptômes et non les êtres humains .

               C'était difficile à comprendre pour beaucoup de mes amis et connaissances, car j'étais souvent là, présent, sans rien faire, si ce n'est parler (un peu, et j'étais obligé de dire à nos peu nombreux visiteurs, de rester discrets et sobres en paroles), faire silence aussi, faire la lecture éventuellement ou mettre un disque (classique, chanson, négro spiritual, sur sa demande et toujours à son modéré), lui prendre la main, la masser délicatement (et là, je me suis rendu compte que le toucher est l'organe des sens primordial), lui sourire comme elle me souriait, ce qui me donnait beaucoup de force... Bref, je me suis rendu compte que parfois ne rien faire, mais être présent, souriant, silencieux, aimant, valait tout l'or du monde.

                    Et puis, il y a l'après-vie, la survie, le difficile deuil, la vie qui continue. J'ai été bien soutenu dans ce pas délicat par mes enfants (de loin) et par mes amis (de près) : G. m'a invité à passer une semaine en vacances chez ses parents, en bord de mer ; C. m'a proposé de faire une nouvelle cyclo-lecture, dans le Marais poitevin. Et je me suis souvenu des mots de ma grand-mère, quand je lui avais demandé à sept ans ce qu'on devenait après la mort, et qu'elle m'avait répondu : « Tu as vu les convois funèbres qui vont de l'église au cimetière, ils passent sous nos fenêtres. Donc, on ensevelit le corps des morts dans la terre. Certains pensent qu'une partie de nous ne disparaît pas, et que notre âme va au ciel; Mais je vais te dire un secret : les morts ne sont ni dans la terre ni au ciel ! Ils sont là (et elle se frappa la poitrine), dans notre cœur, et chaque fois que tu penses à eux, ils revivent un instant.

                    Claire, tu revis souvent en moi, comme ma grand-mère d'ailleurs... Bien sûr, parfois des larmes me viennent, quand je suis tout seul, ou en présence des enfants et de mes amis, mais je sais qu'il est bon de pleurer, comme de sourire au souvenir des jours heureux, et de ne pas avoir de regrets. Car c'est la vie, et la mort fait partie de la vie !


 

 

mercredi 30 octobre 2024

30 octobre 2024 : Cinémed 2024

 

celui qui, sans protester, est le témoin d’un injustice ou d’atteintes portées à un principe fondamental fait tout ce qu’il peut, en ce qui le concerne, pour tuer par le silence la justice et l’idée d’opposition de façon générale.

(Stig Dagerman, La dictature du chagrin et autres écrits amers, 1945-1953, trad. Philippe Bouquet, 2009)

 

                    J'ai donc passé une bonne semaine à Montpellier, en voyant des membres de ma famille (ma sœur Monique et les siens, la fille de mon autre sœur, celle de Bordeaux, qui y a rejoint son amoureux), de ma belle-famille (des cousins germains par alliance donc), et mon ami Jean-Yves que je connais depuis les années 70. Tous et toutes ont été contents de me voir, et moi aussi. Je me suis montré le plus souriant possible. Mais je n'oubliais pas qu'à Gaza, à Jérusalem, en Cisjordanie, au Liban, Israël continuait les destructions, les bombardements, les assassinats, les exactions de toute sorte, et même d'organiser la famine. Et les pays occidentaux ne disent rien, même si une large part de leurs peuples n'en pense pas moins : c'est simple, leurs gouvernements m’écœurent, et le nôtre particulièrement. Passons, je n'attendais rien de lui.

                    Mais Montpellier, c'était aussi le Festival de cinéma méditerranéen, dit Cinémed, que je suis assez régulièrement depuis 2011 ou 12, je n'en ai parlé dans mon blog qu'à partir de 2013 ! Et cette année, il y a eu une rétrospective Luigi Commencini, avec quelques films inédits (pour moi du moins). J'ai donc vu trois de ses films des années 50 et 60 : un polar, La traite des blanches (1952) qui traite de la prostitution (avec Eleonore Rossi Drago et Vittorio Gassman), La ragazza (1963), beau film d'amour qui se passe juste après la guerre, entre une jeune fille de la campagne (Claudia Cardinale) et un "partisan" rentré du maquis, et Une fille qui mène une vie de garçon (1965), hilarante comédie dont l'héroïne (Catherine Spaak) partage sa vie entre deux amants. J'étais presque tout du long plié en deux et je pleurais de rire ! Et pour en achever avec le réalisateur, j'ai aussi revu une comédie Les surprises de l'amour (1959) et un drame, L'incompris (1967) peut-être son film le plus célèbre. Le festival était d'ailleurs très italien cette année.

                    Mais d'autres pays aussi étaient à l'honneur : le Maroc, dont j'ai vu deux films, la Palestine aussi : le film Vers un pays inconnu, du réalisateur exilé Mahdi Flaifel, montre deux migrants palestiniens déjà arrivés à Athènes et qui voudraient bien parvenir en Allemagne. Le film (coproduit avec plusieurs pays européens) a obtenu l'Antigone d'or, la plus haute récompense. Comme quoi le jury a tenu à féliciter la Palestine broyée et humiliée. Mais dans les films en compétition, j'avais aussi beaucoup aimé le film italien Vermiglio, de Mauro Delpero (encore un film qui se passe dans l'Italie de 1944) et surtout le film turc Hayat qui était mon favori. Ici, il est question de mariage arrangé auquel une jeune fille de la campagne tente de se soustraire en fuyant à Istanbul. Le film dure 3 h 15, mais il est palpitant, intelligent, subtil et je n'ai ni bâillé ni regardé ma montre.

                On notera aussi en avant-première, les films de Robert Guédiguian, Costa-Gavras (à qui un hommage fut rendu) et de Reda Kateb, côté français. Il y a eu également un bel hommage à l'actrice italienne Alba Rohrwacher, que j'ai beaucoup aimée dans Troppa grazia, un film de Gianni Zanasi (2018) où elle joue le rôle d'une illuminée qui voit la Madone !



mercredi 16 octobre 2024

16 octobre 2024 : humiliés et opprimés

 

Andromaque : 

Les grands malheurs ont l’avantage 

De vous libérer de la crainte (scène 7)

(Sénèque, Les Troyennes, trad. Florence Dupont, Actes sud, 2018)

 

                    Je vais vous parle aujourd'hui de 3 films qui ont le mérite de mettre en lumière des oppressions qui peuvent être politiques, sociales, économiques, sexistes, et que j'ai vus récemment. L'oppression est même un thème assez récurrent au cinéma, ça peut concerner un peuple entier (Palestiniens, Ouïghours, Rohingyas, Mapuches, la liste est longue), les misérables (migrants, SDF, là aussi, la liste est longue), ou des personnes discriminées par le genre (les femmes, les homosexuels, etc.) ou leur état (vieux, handicapés, etc). On me dit souvent : "Mais pourquoi vas-tu voir ces films qui foutent le moral à plat ?"  Et je réponds : Moi, ils me remontent le moral, d'abord parce que je vois que je n'ai pas le droit de me plaindre, ensuite pour garder un moral de combattant contre toutes ces malheurs, et il y a de quoi faire, si on veut qu'un jour le monde aille mieux !"


 

                    Prenons le cas de l'héroïne de Ma vie ma gueule. Il s'agit d'une femme vieillissante, la cinquantaine entamée, Barberie Bichette (déjà son nom de famille n’était pas terrible, mais son prénom est devenu Barbie !) ne va pas très bien, mentalement (elle consulte un psy, ce qui sonne lieu à des scènes qui m'ont confirmé que les psys, c'est pas pour moi), physiquement (elle décèle son mal-être grandissant quand elle se voit dans les miroirs) et socialement (ce monde hyper compétitif n'est plus pour elle). Elle passe un certain temps en hôpital psychiatrique, où elle est pas loin de toucher le fond. Je vous laisse découvrir la fin, où elle accomplit un voyage qui lui permet de proclamer : "J'existe. Me voilà !". Un film mélancolique, touchant (Agnès Jaoui est magique) et qui démontre que rien n'est jamais fini.


 

                     Souleymane, lui, n'a pas trop le temps de ressasser ses malheurs et ses difficultés. C'est qu'il pédale sans trêve toute la journée, pour livrer des plats cuisinés à domicile, puis court après le bus pour rentrer chez lui (un dortoir chez un marchand de sommeil), doit se battre pour payer ses créanciers (il doit une partie de ses maigres rémunérations à celui qui lui loue un compte de livreur à vélo), pour obtenir un plat à livrer chez un restaurateur qui fait exprès de le faire attendre (le racisme ordinaire)... Car Souleymane est un noir, un migrant récemment arrivé, et démuni de papiers : c'est un parcours de combattant auprès de l'OFPRA*, auquel il doit fournir une histoire sinon authentique, au moins ayant l'aspect du véridique, et qu'il a dû acheter auprès d'un compatriote (car ces derniers ne font pas de cadeaux aux nouveaux arrivants). Tout en mouvement, toujours cavalant, le jeune homme doit sa survie à une rage de vivre. Mais cette rage va-t-elle suffire dans cet esclavage moderne de la société libérale qu'il subit ? L'acteur, non professionnel et sans titre de séjour, est  prodigieux. Un film néo-réaliste à la De Sica.


 

                    Le dernier film, No other land, est un documentaire sur la Cisjordanie et les villages détruits et rasés par l'armée israélienne pour créer un prétendu camp militaire pour l'entraînement des chars. Basel Adra, un jeune militant palestinien du village de Masafer Yatta, se bat depuis longtemps contre l’expulsion massive de sa communauté par l’occupation israélienne : les soldats démolissent progressivement les maisons et chassent leurs habitants. Les images, captées sur plusieurs années par des téléphones et des caméras plus ou moins cachés, proviennent directement de l’intérieur des villages palestiniens. Dans cette région, chaque jour une famille palestinienne doit endurer la soldatesque brutale, la destruction et quitter les terres familiales (et ce ne sont pourtant pas des terroristes ! mais qui ne le deviendrait pas, soumis à un tel régime ?). C'est donc un documentaire à valeur de témoignage et acte de résistance artistique collective : sur les quatre cinéastes l’ayant coréalisé, deux sont palestiniens vivant en territoires occupés, et deux sont des citoyens israéliens libres et opposés à la guerre. Un utile contrepoids à la propagande du gouvernement israélien qui infeste nos "merdias", journaux, magazines papier et télévisuels.

 

* Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides.



mardi 15 octobre 2024

15 octobre 2024 : Migrants : Communiqué inter-associatif, 2/10/24

 

les États contournent la convention de Genève de plusieurs manières. Tout d’abord en multipliant les obstacles à l’accès au territoire européen.

(Patricia Allio, Dispak Dispoa’ch : Tribunal permanent des peuples, Les solitaires intempestifs, 2023)

 

                Vous savez à quel point le sujet des migrants me préoccupe depuis des années : je suis en lien, par exemple, avec des associations comme la Cimade, Roya citoyenne, Plateforme des soutiens aux migrant.e.s. Ici, à Bordeaux, je me suis lié d'amitié avec un couple de migrants bangladais que j'essaie de soutenir de mon mieux. Je viens de recevoir de Roya citoyenne le communiqué ci-après, signé par nombre d'associations qui ne nous font pas désespérer de l'humanité, et je n'hésite pas à le diffuser, car l'heure est grave.   


Communiqué inter-associatif, 2/10/24

Pour une politique migratoire d’accueil et de solidarité

Nous, associations, collectifs de personnes exilées, collectivités accueillantes et syndicats, faisons part de notre vive préoccupation quant aux intentions du gouvernement Barnier en matière d’immigration. Après le feuilleton de la loi sur l’asile et l’immigration, nous nous opposerons à toute nouvelle dégradation des droits des personnes exilées en France et continuerons à défendre une politique migratoire d’accueil et de solidarité.

A peine nommé, le Gouvernement fait de l’immigration son cheval de bataille et multiplie les annonces outrancières et dangereuses. Le ministre de l’Intérieur a déjà annoncé réunir les préfets « des dix départements où il y a le plus de désordre migratoire pour leur demander d’expulser plus, de régulariser moins ». Nous dénonçons cette représentation mensongère des migrations : non, il n’y a pas de désordre migratoire, ni de crise migratoire. Nous assistons à une crise de l’accueil et de la solidarité, et une mise en danger des personnes exilées par des politiques de restriction et d’exclusion dont les gouvernements successifs se font les champions. Collectivement, nous revendiquons la régularisation des personnes sans-papiers, la protection des mineur·e·s non accompagné·e·s, le respect de la dignité et des droits humains.

Le ministre de l’Intérieur a annoncé vouloir remettre en cause l’Aide médicale de l’État (AME). La santé des personnes exilées est à nouveau instrumentalisée pour venir alimenter des considérations de politique migratoire. Nous souhaitons rappeler que l’AME est un dispositif de santé, essentiel pour l’accès aux soins des personnes et qu’elle répond à des enjeux de santé publique. A ce titre, cette politique publique se décide au ministère de la Santé. Nous nous inquiétons de voir nos gouvernant·e·s s’approprier la rhétorique d’extrême droite basée sur l’appel d’air et les dépenses incontrôlées, pourtant largement pourfendue par nombres d’études et rapports récents. Enfin, nous alertons sur le fait qu’environ un quart des bénéficiaires de l’AME sont mineur·e·s, et qu’il est intolérable de vouloir priver des enfants de l’accès aux soins.

Rien ne sera épargné aux personnes issues de parcours d’exil. Le gouvernement envisage même une nouvelle loi sur l’asile et l’immigration pour promouvoir des mesures pourtant censurées par le Conseil constitutionnel en début d’année. Ceci, à l’heure où nous constatons déjà les premières conséquences dramatiques de la loi promulguée le 26 janvier 2024. Ce gouvernement s’est lui-même placé sous la tutelle de l’extrême droite et a choisi de faire des personnes exilées le bouc-émissaire de tous les maux. Ses propositions s’inscrivent dans l’intensification du climat de peur pesant sur les personnes étrangères, et plus généralement sur toutes les personnes victimes du racisme. Le programme est clair : restrictions des droits, criminalisation des migrations et des personnes solidaires, répression des personnes exilées, enfermement à tout-va. Dans sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale ce mardi 1er octobre, le Premier ministre a annoncé vouloir « lutter contre le racisme » et traiter le sujet de l’immigration avec dignité, mais il se contredit aussitôt en prévoyant d’augmenter la durée maximale légale de rétention, d’empêcher les personnes exilées de franchir les frontières, et en faisant peser sur elles toutes les suspicions. En revanche, Michel Barnier ne remet à aucun moment en question les déclarations inquiétantes du ministre de l’Intérieur. Nous dénonçons l’orientation du gouvernement, et rappelons notre attachement à un État de droit qui respecte les personnes et les considère avec humanité, pas comme des indésirables.

Nous, associations, collectifs de personnes exilées, collectivités accueillantes, et syndicats, appelons à mettre fin à cette obsession migratoire xénophobe et dangereuse, et à respecter les droits de chaque personne, indépendamment de sa nationalité, de son origine, de sa religion, de son orientation sexuelle et de genre. Nous appelons chacun·e à la vigilance et à la solidarité, à continuer à soutenir et à participer aux actions, comme les luttes des travailleur·se·s Sans Papiers pour leur régularisation. Nous resterons mobilisé·e·s contre tout nouveau coup porté au respect des droits et à la dignité des personnes étrangères.

Signataires :

• Organisations nationales :

Les Amoureux au ban public / Anafé / ANVITA / Ardhis / CCFD-Terre Solidaire / CGT / La Cimade / CNAJEP / CRID / Dom’Asile / Emmaüs / Femmes Egalité / FSU / Gisti / Grdr – Migrations-Citoyenneté-Développement / Humanity Diaspo / J’Accueille / LDH / Ligue de l’Enseignement/ Limbo / Médecins du Monde / MRAP / On Est Prêt / Oxfam / Patrons Solidaires / PLACE Network / Planning Familial / Polaris 14 / Réseau Féministe « Ruptures » / Ripostes, pour une coordination antifasciste/ SAF (Solidarités Asie France) / Singa / Thot/ UEE / Union syndicale Solidaires / UniR Universités & Réfugié.e.s / Utopia 56 / Visa – Vigilance et initiatives syndicales antifascistes / Watizat / Weavers

• Organisations locales :

Association Bretillienne des Familles / Accueil Réfugiés Bruz / L’Auberge des migrants / Bienvenue Fougères / Droit à l’Ecole / Fédération Etorkinekin Diakité / Forum Social des Quartiers – Rennes le Blosne / Groupe accueil et solidarité (GAS) / L’Hirondelle de Martigné-Ferchaud / Intercollectif : Coordination Sans-Papiers 75, CTSP Vitry, CSPM, CSP 17e, CSP 93, Gilets Noirs / L’IOSPE – InterOrga de soutien aux personnes exilées de Rennes / Ligue des Droits de l’Homme – Pays de Rennes / Migrants en Bretagne Romantique – QMS / Pantin Solidaire / Paris d’Exil / Plouër Réfugié-e-s / Réseau Territoires Accueillants 35 / Soutien Migrants Redon / Tous Migrant / Un Toit c’est Un Droit Rennes / VIAMI Val d’lle-Aubigné Accueil Migrants

 

 

vendredi 11 octobre 2024

11 octobre 2024 : La chanson nonsensique du mois

 

Peut-être paraît-on jamais à l’aise que lorsqu’on doit jouer un rôle.

(Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray, trad. Jean Gattégno, Gallimard, 2013)

 

                    Je ne sais pas si la phrase d'Oscar Wilde est juste pour moi. Mais elle est certainement juste pour Charlie Chaplin, en particulier pour Charlot le vagabond, quand il est embauché pour être garçon chanteur dans un de ses plus grands films, Les Temps modernes. Il n'a pas eu le temps d'apprendre par cœur les paroles de la chanson qu'il doit chanter. Il les a donc mises sur papier et les a glissées dans le poignet de sa veste. Mais en virevoltant, en se mettant en scène dans la salle du café, il fait un geste malencontreux qui fait valser le papier sur le sol sans s'en apercevoir.

                    L'orchestre se met à jouer, il cherche son texte, ne le trouve pas, Il continue ses pirouettes et cabrioles, puis improvise des paroles pour suivre les musiciens. Les mots sont pris dans différentes langues, mais l'ensemble n'a aucun sens. C'est pourtant un succès inouï, à la grande joie de sa petite amie et du patron. Je vous en propose le texte et le lien vers la célèbre scène.   

 

 Paroles de Titine, la chanson des Temps modernes; chantée par Charlie Chaplin (le film date de 1936)

Se bella ciu satore
Je notre so cafore
Je notre si cavore
Je la tu, la ti, la tua
La spinash o la busho
Cigaretto porta bello
Ce rakish spagaletto
Si la tu, la ti, la tua
Senora Pilasina
Voulez vous le taximeter
Le zionta sous la sita
Tu la tu, la tu, la wa
Se montya si la moora
La sontya so gravora
La zontya comme sora
Je la poose a ti la tua
Je notre so la mina
Je notre so cosina
Je le se tro savita
Je la tuss a vi la tua
Se motra so la sonta
Chi vossa la travonta
Les zosha si katonta
Tra la la la, la la la…

Et pour voir :

https://www.charliechaplin.com/fr/articles/192-Titine-des-Temps-modernes-


 

dimanche 6 octobre 2024

6 ocotbre 2024 : bilan de 365 jours de destruction

Résistants, guérilleros et « terroristes » n’ont ni hélicoptères, ni drones, ni satellites d’observation. Ce n’est pas le ciel leur cousin, mais le sous-sol. Ils sont mariés avec le tunnel, la tanière et ses galeries souterraines.

(Régis Debray, Éloge de la frontière, Gallimard, 2010)

 

                    J'en reviens toujours à Gaza, car le Liban, tout aussi supplicié, bombardé, aurait tendance à nous faire oublier la Palestine dans son ensemble, et Gaza en particulier. Les Israéliens ont réussi l'exploit de rendre le Hamas presque aimable à tous les Palestiniens. Dans leur esprit de vengeance, on ne voit pas où ils vont s’arrêter. Veulent-ile entraîner une déflagration mondiale ? Veulent-ils chasser tous les Palestiniens de Palestine ? 

                    Qui va les accueillir, quand on voit les états occidentaux si ardents à fermer leurs frontières : qu'ils accueillent les futurs réfugiés palestiniens, eux qui offrent un soutien inconditionnel à Israël ! Quand notre président dit enfin une chose sensée ("cessons les livraisons d'armes"), faut voir le tollé qu'elle suscite ! Nos marchands d'armes se frottent les mains : qu'ils accueillent donc les futurs réfugiés !



Communiqué du Comité Palestine 33, groupe local girondin de 

l'Association France Palestine Solidarité

86.000 tonnes d'explosifs largués par l'occupation sur Gaza depuis le 7 octobre 2023.

42019 morts palestiniens dont 16456 enfants ,11997 femmes et 6594 personnes âgées Parmi les enfants assassinés, 195 nouveau-nés et 768 qui avaient moins d'un an. 97463 blessés dont 14900 dans un état grave qui ont besoin des soins urgents à l'étranger.

15700 disparus sous les décombres dont 79% des femmes et des enfants.

Familles entières massacrées.

Quartiers entiers effacés de la carte.

70 personnes - enfants et personnes âgées - sont mortes de la faim, de la malnutrition et du manque de nourriture au nord de la bande de Gaza.

La faillite du système de la santé dans la bande de Gaza : 14 hôpitaux et 76 cliniques et centres médicaux sont devenus hors service après leur destruction par les bombardements.

548 médecins, infirmiers et secouristes assassinés, 174 établissements médicaux détruites, 466 pharmacies détruites, 157 laboratoires d'analyses médicales détruits.

L'année scolaire et universitaire est perdue pour des dizaines de milliers d'élèves et d'étudiants pour la deuxième année consécutive.

187 journalistes assassinés.

42 agences de presse visées.

13 marchés publics détruits.

58 cimetières visés.

63 camions-citernes d'eau potable détruits.

3 stations de traitement de déchets endommagées.

19790 enfants sont devenus orphelins.

394 bureaux, sièges et cliniques de l'UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) visés et détruits.

185 centres d'accueil visés.

223 écoles publiques et privées détruites totalement, 379 jardins d'enfants détruits, 2 orphelinats visés, 854 professeurs et instituteurs des écoles assassinés, 11 grandes universités détruites totalement, 27 universités et facultés endommagées, 6896 élèves et étudiants assassinés.

16 stades visés et 36 salles sportives détruites totalement, 276 mosquées détruites, 3 églises détruites totalement.

543 cafés et restaurants détruits, 32 parcs d'attractions visés, 24 municipalités détruites, 26 bibliothèques municipales détruites.

15 banques détruites totalement, 247 usines détruites.

Plus de 1,9 millions personnes déplacées dans les centres d'accueil, les hôpitaux, les écoles et les tentes dans des conditions humanitaires catastrophiques sans eau, ni nourriture, ni médicaments, et ni aides humanitaires, ces déplacés qui ont quitté leurs habitations provisoires plusieurs fois cette année, sont en train de mourir de faim et de manque de soins.

52500 patients de Gaza sont morts suite à des maladies chroniques et par manque de soins.

269 fonctionnaires et employés palestiniens et étrangers qui travaillent avec des organisations internationales humanitaires et sanitaires assassinés.

139 scientifiques, savants et universitaires d'élite assassinés.

131 ambulanciers assassinés, 274 ambulances détruites.

60500 femmes enceintes à risque en raison du manque de soins de santé.

207 agents municipaux assassinés.

279.000 unités d'habitations détruites totalement partout dans la bande de Gaza.

4170 Palestiniens de Gaza arrêtés par les forces d'occupation et détenus jusqu'à présent dans les prisons de l'occupation.

65 pêcheurs assassinés, 123 bateaux de pêche détruits.

109 sportifs et athlètes assassinés.

25 acteurs et réalisateurs assassinés.

336 ministères et lieux publics bombardés et détruits.

456 paysans assassinés, 175 coopératives agricoles visées, 75 % des terrains agricoles de la bande de Gaza détruits.

289 sites touristiques, historiques et archéologiques visés et endommagés, 2976 puits d'eau visés et endommagés.

Les pertes économiques de cette agression sont estimées à 43 milliards d’euros.

Les Palestiniens de Gaza, malgré leur souffrance sous les bombes, sont solidaires du peuple libanais, qui est en train de subir des bombardements et des attaques sanglantes. Ces Palestiniens agressés au quotidien apprécient beaucoup les manifestations de solidarité avec le peuple palestinien partout dans le monde, qui exigent un cessez-le-feu immédiat et la fin de la souffrance des habitants de la bande de Gaza, et pour la justice.

Gaza la rebelle résiste à ce carnage en toute dignité !