jeudi 31 décembre 2020

31 décembre 2020 : Frères humains

 

Frères humains, qui après nous vivez,

N’ayez les cœurs contre nous endurcis,

Car, si pitié de nous pauvres avez,

Dieu en aura plus tôt de vous mercis.

(François Villon, Ballade des pendus)


C’est sous le signe de la poésie et de l’accueil que je conclurai cette curieuse année. La poésie parce qu’elle est nourriture de vie, l’accueil parce qu’il mène à l’hospitalité, à l’ouverture, au partage, à la solidarité, en somme à l’humanité et à ce que Patrick Chamoiseau appelle dans son livre Frères migrants (Seuil, 2017) la "mondialité" : voir en tout individu le Frère humain avec qui on peut créer du lien. Il oppose cette notion à la "mondialisation" dont on nous rebat les oreilles et qui n’est autre que voir en tout individu uniquement le consommateur esclave de ce Marché qui "ne relie que les « pierreries glacées » des capitaux et des multinationales, [qui] ne dégage la voie qu’à des avidités, [et dont les] contacts sont des frappes, [l]es échanges sont des prises, [l]es régulations n’installent que des asservissements".

Je viens en effet de finir l’année avec le livre de Chamoiseau, un essai poétique et percutant sur les migrants, dont je vous livre quelques extraits de la "Déclaration des poètes" qui en est le dernier chapitre.



"6 - Les poètes déclarent qu’en la matière des migrations individuelles et collectives, trans-pays, trans-nations et trans-monde, aucune pénalisation ne saurait être infligée à quiconque, et pour quoi que ce soit, et qu’aucun délit de solidarité ne saurait décemment exister.

8 - Les poètes déclarent qu’une politique de sécurité qui laisse mourir et qui suspend les libertés individuelles au nom de l’Ordre public contreviendrait au principe de Sûreté qui seul peut garantir l’exercice inaliénable indivisible des Droits fondamentaux.

9 - Les poètes déclarent qu’une Constitution nationale ou supranationale qui n’anticiperait pas les procédures d’accueil de ceux qui passent qui viennent et qui appellent contreviendrait de même manière à la Sûreté de tous.

10 - Les poètes déclarent qu’aucun réfugié, chercheur d’asile, migrant sous une nécessité, éjecté volontaire, aucun déplacé politique, ne saurait apparaître dans un lieu de ce monde sans qu’il n’ait non pas un visage mais tous les visages, non pas un cœur mais tous les cœurs, non pas une âme mais toutes les âmes. Qu’il relève dès lors de l’Histoire profonde de toutes nos histoires, qu’il incarne dès lors l’histoire de nos histoires, et devient, par ce fait même, un symbole absolu de l’humaine dignité.

12 - Les poètes déclarent que, quelles que soient les circonstances, un enfant ne saurait naître en dehors de l’enfance ; que l’enfance est le sel de la terre, le sol de notre sol, le sang de tous les sangs, que l’enfance est donc partout chez elle, comme la respiration du vent, le salut de l’orage, le fécond de la foudre, prioritaire en tout, plénière d’emblée et citoyenne d’office.

15 - Les poètes déclarent que toute Nation est Nation-Relation, souveraine mais solidaire, offerte aux soins de tous et responsable de tous sur le tapis de ses frontières."



Un essai très littéraire, mais qui en dit, sur l’accueil des migrants, plus que tous les sociologues, tous les économistes et tous les politicards de tous bords, car il reste dans l’humain d’abord. Il nous rappelle aussi qu’en chacun de nous il y a un "Trump" qui sommeille, et qu’il convient d’y veiller.

*        *        *

Et maintenant quelques vœux pour 2021:

- que l’on essaie de vivre plus humainement, pour maintenir du lien social et amical avec les vieillards, les personnes fragiles : malades, solitaires, harcelé.es, SDF et… les migrant.es.

- que la fabrication et le commerce d’armes fassent faillite, ce qui contribuerait à l’extinction des guerres. On peut et même on doit toujours rêver !

- que les Palestiniens, les Kurdes, les Ouïghours, les Rohingyas, les Mapuches et autres peuples opprimés ne le soient plus.

- que les établissements culturels rouvrent pour nous apporter le supplément d’âme nécessaire à notre équilibre.

- qu’on puisse se revoir en famille, en association, entre amis et s’embrasser encore.

- etc, etc...

 

 

lundi 28 décembre 2020

28 décembre 2020 : culture en berne 3

 


les gens qui ont la foi ont une meilleure compréhension de l’art.

(Dana Grogorcea, La dame au petit chien arabe, trad, Dominique Autrand, Albin Michel,2019)



À l’heure où les cinémas ont fermé leurs portes, certains peut-être pour toujours, à l’heure où nos cœurs sont en berne de ne plus pouvoir non seulement aller au cinéma, au théâtre, à l’opéra, dans les salles de concert de toutes sortes, voir aussi du sport, assister à des cérémonies religieuses ou des meetings politiques, des soirées littéraires ou artistiques, tout cela en réel, en vrai, avec des amis ou des inconnus, à l’heure où nous sommes condamnés à rester chez soi, à ne plus se réunir, à se mettre en distanciation (dans la novlangue d’aujourd’hui, il s’agit tout simplement de séparation), à subir les discours de pensée unique dans nos radios et télés les plus convenus, dignes du roman de George Orwell, 1984 (dont va paraître une nouvelle traduction, québécoise, chez l’éditeur Agone en janvier), voici que l’Institut Lumière, de Lyon, nous propose une compilation des premiers films de cette première séance de 1895. 

Savourons cette réédition, en attendant la reprise…


https://www.youtube.com/watch?v=Ntt1YRSvQXc&feature=youtu.be


Et regardez-le vite, il n’est pas sûr qu’il reste longtemps sur youtube !

 

 

 


dimanche 20 décembre 2020

20 décembre 2020 : culture en berne 2

 

je suis face au naufrage de l’Europe.

(Antonin Richard, Ce matin la mer est calme : journal d’un marin-sauveteur en Méditerranée, Éditions les Étaques, 2020)


Je livre un texte qui n’est pas de moi, mais que je signe de toutes mains, de toutes mes pensées, de toute mon envie ardente de vivre avec ce qui est essentiel, car ce qu’il dit du cinéma vaut aussi pour le théâtre, le cirque, l’opéra, les lieux de culte, les salles qui proposent de la musique et des chansons, les salles qui proposent de l’éducation physique, des cours de gym, d’escalade, les centres d’animation, les piscines, les bibliothèques, les musées, etc. 

 Je lis dans Matthieu, 4, verset 4 : "L'homme ne vit pas de pain seulement" (également dans Deutéronome, 8, verset 3). Et aussi il vit de partage et d’amitié qui sont tout aussi essentiels, et c’est pourquoi j’enrage de voir les EHPAD admettre pour leurs pensionnaires une seule visite d’une demi-heure par semaine seulement !


COMMUNIQUE DE L 'UTOPIA BORDEAUX 


- A BOUT DE SOUFFLE -

Le passage de l’ignorance sanitaire à l’autorité sanitaire nous condamne à assister impuissants à l’injustice d’une politique arbitraire de la force et du désordre.

On n’accueille plus, on concentre, on ne nourrit plus, on gave, on ne partage plus, on confine.

Si vous circulez aux heures qui révèlent le vrai visage du monde, entre chien et loup, les seules enseignes ouvertes sont les centres commerciaux et les établissements de restauration rapide.

Le reste a disparu, sommé de fermer pour nous protéger de nous-mêmes.

Nous sommes notre pire ennemi, voilà le message.

Ces hommes de raison, ces hommes de santé qui nous obligent à fermer pour nous protéger de nous-mêmes nous savons qu’ils sont malades.

Leur maladie, c’est la peur.

Leur maladie, c’est la peur de la santé d’un corps malade.

Leur maladie, c’est la peur de la maladie d’un corps en santé.

Leur maladie, c’est notre fièvre.

Nous sommes prisonniers de leur définition de la santé, de leur codex linguistique, de leur absence de culture.

Cette obsolescence programmée de nos êtres, nous ne l’acceptons pas.

C’est pourquoi nous continuerons à nous soigner avec les force de la musique, de la danse, du cinéma.

Pensez les salles de concerts, les théâtres, les cinémas comme des territoires d’abondance, de vie, de soin.

Notre cinéma est un lieu vivant.

Notre cinéma est un organisme vivant qui organise la pensée, la parole, la mémoire. Nous sommes obligés d’ouvrir pour qu’il se maintienne en vie mais aussi pour qu’il exerce sa fonction vitale dans la ville.

Les grandes surfaces et les fast-food ne peuvent pas être les seuls phares de la ville.

Notre lumière est plus vive et structurante.

Le 15, le 16, le 19 et le 20 décembre, nous soufflerons sur les braises de notre cinéma et nous vous invitons à venir partager cette modeste et déterminée résistance.

(L'équipe du Cinéma UTOPIA Bordeaux)


L’Utopia est un cinéma d’art et d’essai indépendant de Bordeaux qui propose des films de qualité. Il est soutenu par l’Association des Amis de l’Utopia, dont je fais partie.

 

lundi 14 décembre 2020

14 décembre 2020 : la chanson du mois, Anne Sylvestre

 

rester quelque part ensemble à discuter sans fin, ou ne rien dire : être ensemble, c’est déjà plus que toute conversation.

(Nìkos Kokàntzis, Gioconda, trad. Michel Volkovitch, L’aube, 2014)


On a trop peu rendu hommage à Anne Sylvestre. Je l’avais vue et entendue au Français en 1967, avec mon ami A. J’avais été enthousiasmé, d’autant plus qu’en première partie, il y avait Serge Reggiani. On avait passé une soirée formidable, je ne sais pas s’il s’en souvient.

Voici dont un de ses chansons, pas forcément la meilleur, mais chantée en duo avec Bobby Lapointe, encore une pointure de l’époque.

À écouter ici : https://www.youtube.com/watch?v=biekqTyy9uU

 


 


Depuis le temps que je brode sans relâche mon trousseau

J'en ai vu passer des modes j'en ai tordu des ciseaux

Hélas je ne peux plus mettre mes culottes de pilou

Sécher devant le fenêtre sans ameuter les voyous

Depuis l'temps que j'l'attends, que j'l'attends

Depuis l'temps que j'l'attends, que j'l'attends mon prince charmant

Voilà j'arrive mon aimée

Fais sécher tes culottes au mépris des méchants

Longtemps déjà je t'ai cherchée

Foin des petites sottes et leurs nylons alléchants
J'ai des piles de chemises attachées d'une faveur
Jamais je ne les ai mises il en aura la primeur
J'ai brodé des kilomètres de torchons et de draps blancs
Ne me reste plus qu'à mettre ses initiales dedans

Depuis l'temps que j'l'attends, que j'l'attends
Depuis l'temps que j'l'attends, que j'l'attends mon prince charmant

Voilà j'arrive mon aimée
Tu peux broder mon S à côté de ton A
Longtemps déjà je t'ai cherchée
Tant pis pour la jeunesse on fait avec ce qu'on a
J'ai astiqué les armoires au point d'en user le bois
J'ai jeté ma bassinoire, avec lui je n'aurai pas froid
Pour le lit j'ai en réserve celui de mes grands-parents
Il est grand temps qu'il resserve depuis bientôt 60 ans

Depuis l'temps que j'l'attends, que j'l'attends
Depuis l'temps que j'l'attends, que j'l'attends mon prince charmant

Voilà j'arrive mon aimée
De ton lit je m'en charge il va se réveiller
Vu le temps que je t'ai cherchée
S'il n'est pas assez large on n'aura qu'un oreiller
Je dois dire que je penche pour un certain décorum
Un mariage en robe blanche avec beaucoup d'harmonium
Monsieur l'abbé Lacouture celui qui doit nous marier
Pense que telle aventure se doit d'être enjolivé

Depuis l'temps que j'l'attends, que j'l'attends
Depuis l'temps que j'l'attends, que j'l'attends mon prince charmant

Tranquillise-toi mon aimée
S'il n'est pas trop mariolle amène ton curé
Longtemps déjà je t'ai cherchée
Et pour la gaudriole plus besoin du clergé
Je ne savais pas qu'un homme c'était aussi déroutant
Ce doit être ce qu'on nomme un Don Juan et pourtant
Je pense à ce que ma mère a failli me dire un soir
Des choses bien singulières, que je ne veux pas savoir

Depuis l'temps que j'l'attends, que j'l'attends
Depuis l'temps que j'l'attends, j'ai des doutes maintenant

Voilà j'arrive mon aimée
Que madame ta mère excuse mes propos
Mais pourquoi donc t'ai-je cherchée
La vie est trop amère avec une vieille peau
Depuis l'temps que j'l'attends, que j'l'attends ...


 

vendredi 11 décembre 2020

11 décembre 2020 : culture en berne 1

 

cinéma : à la fois témoignage social, politique, culturel et geste sacré, geste de sacralisation du réel dans une esthétique de la transfiguration.

(René de Ceccaty, Pasolini, Gallimard, 2005)


Eh bien voilà, tout ce que je prévoyais est arrivé : nos tristes sires n’ont rien trouvé de mieux que de continuer à fermer les lieux culturels de convivialité, à la fois culturelle (théâtres, cinémas, opéras, salles de concert, cirques, etc., même les bibliothèques vivotent et certainement vont avoir des statistiques catastrophiques cette année) ou dédié à l’épanouissement du corps (salles de sports, piscines, cours de danses diverses, et jusqu’aux stations de ski et patinoires!!!). Où va-t-on ?

J’ai trouvé dans ma boîte aux lettres électronique ce message du Ciné 32, association qui regroupe l’ensemble des cinémas du Gers, et je vous la soumets :

« Un peu déboussolés ce matin…

« Nous étions prêts. Avec un beau programme sur 3 semaines, 2 débats, 5 avant-premières, une offre de films diversifiée pour tous les publics. Et un enjeu de taille : relancer l’habitude d’aller en salles, ne pas laisser les seules plateformes vampiriser l’offre en cinéma et montrer que la culture et le divertissement sont essentiels à nos vies.

« Eh bien non. Face à une situation sanitaire complexe, des choix doivent être effectués et force est de constater : nous ne faisons pas partie des priorités. Alors bien sûr un sentiment d’injustice et d’incompréhension se fait jour. Depuis le début de l’épidémie, les salles de cinéma n’ont favorisé aucun cluster identifié. Pourquoi une zone commerciale et pas un cinéma ou un théâtre ? Quelle société construisons-nous ? Quelle société voulons-nous ? Quelle place réservons-nous à ces lieux d’ouverture et de rencontre ? Voulons-nous vraiment fermer la fenêtre sur le monde qu’ils représentent ?

« Et l’inquiétude se porte aujourd’hui sur l’avenir d’une filière dont les enjeux s’épaississent. Quel distributeur prendra le risque de sortir un film et d’engager des dépenses avec des dates incertaines et des délais de 3 semaines pour faire exister une œuvre ? Aux États-Unis, le recours aux sorties dématérialisées est déjà légion et Wonder Woman va suivre le même chemin. Tout cela engendrant des modifications en profondeur des pratiques.

« Heureusement, les aides exceptionnelles de l’État, du département et du CNC vont nous permettre de passer la crise à court terme. Ne jouons donc pas les cassandres mais ne soyons pas dupes des conséquences à long terme d’une éviction des espaces de pensées et de vivre ensemble que nous contribuons à faire exister… »

Tant pis, je n'irai pas au théâtre le 19 décembre prochain... Mais je n'en pense pas moins !

Dessin de Karak (karak.over-blog.com)

 

jeudi 10 décembre 2020

10 décembre 2020 : morale sexuelle et hypocrisie sociale

 

Sur le sexe et les pratiques sexuelles, on ne peut que mentir. Toute enquête sociologique invite au mensonge.

(René de Ceccaty, Pasolini, Gallimard, 2005)


Deux romans que je viens de lire illustrent plus ou moins cette phrase de l’auteur de la biographie de Pasolini.

 


Dans Sexy de la grande romancière américaine Joyce Carol Oates (souvent pressentie pour le Prix Nobel), roman traduit par Diane Ménard (Gallimard,2007), on suit Darren, un lycéen de seize ans, très beau et qui est étonné de voir qu’il est souvent regardé, ce qui le gêne considérablement, car pas seulement par des filles : "Certains de ceux qui le regardaient, fixant des yeux affamés sur lui, n'étaient ni des filles, ni des jeunes femmes, mais des hommes. Il voyait ça dans leur regard à quoi ils pensaient, et ça le dégoûtait." Il vit ça assez mal. Il est très fort dans les compétitions de natation où il représente son lycée, mais il se sent seul, y compris dans ses famille : "rien n’est plus gênant que d’entendre son père dire : « Quand j’avais ton âge. » C’est la dernière chose qu’on a envie d’entendre de l’un de ses parents, jamais".

Un jour de forte pluie, au sortir du lycée, il accepte d’être reconduit chez lui par Mr Tracy, le professeur de littérature anglaise, dans sa voiture. Son malaise s’accroît, car Darren ne pense pas mériter les encouragements ni l’intérêt de l’enseignant, ses notes étant loin d’être brillantes. Il est mal à l'aise tout au long du parcours; cependant, il ne se passe rien. Mais à la fin du trimestre, il obtient un 14 immérité (mais n’en parle pas aux autres), alors qu’un de ses condisciples n’obtient que 2. Avec deux autres élèves du lycée, celui-ci ourdit un complot accusant le maître d’être homosexuel et même pédophile. La rumeur se répand, Mr Tracy est obligé de prendre un congé de maladie, et sollicite Darren pour dissiper les bruits, puisqu’il ne s’était rien passé pendant le trajet en voiture : aucun geste déplacé ni de parole à double sens. Mais Darren ne fait rien pour détourner les soupçons grandissant sur son professeur, pourtant très compétent et qu’il admire, que toute la communauté transforme peu à peu en bouc émissaire. Sans doute différent, Mr Tracy ne supporte pas cette suspicion généralisée, il meurt dans un accident de voiture qui se révèle un probable suicide. Comme dans Viol, que j’ai déjà chroniqué, Joyce Carol Oates décrit l’atmosphère provinciale empesée et normative des adolescents et du reste de la population, où l’homophobie et la haine de la différence finissent par créer des ravages. On notera le rôle déplorable de la police, plus encline à fabriquer des coupables qu’à chercher la vérité. Le jeune héros devra sortir de sa passivité pour regagner l’estime de lui-même. Un fort beau roman.



Avec Le geste du semeur, nous sommes au début en 1939. Lubo Reinhardt est yéniche (tzigane), arrivé avec sa famille en Suisse où il croit avoir trouvé un havre de paix. Mais il doit accomplir son service militaire, alors qu’il déjà marié et père de deux enfants. Un jour, son frère vient trouver Lubo à la caserne et lui annonce un drame : Mirana, sa femme, a été assassinée par la police, en s’opposant au kidnapping de ses deux enfants, qui ont été pris par une organisation s’occupant de séparer les enfants yéniches de leurs parents et de les placer en famille d’accueil, pour qu’ils y reçoivent une éducation normée : Kinder der Landstrasse liée à Pro Juventute (créée en 1926 pour éradiquer le mode de vie nomade des Yéniches). Il s’enfuit de la caserne, et élabore un plan de vengeance implacable, que je ne dévoilerai pas. Sachez tout de même que la sexualité y joue un grand rôle. Le Geste du semeur de l’Italien Mario Cavatore repose sur la chasse aux tsiganes que les Suisses, comme les nazis, mais sous une autre forme, ont pratiquée. Des milliers d’enfants n’ont jamais revu leurs parents et ont été séparés de leurs frères et sœurs. Là encore, la pédophilie très fortement cachée dans la société bourgeoise de haut rang, est dévoilée par notre héros et c’est un commissaire de police qui met fin à l’affaire. Un thriller haletant, à plusieurs voix dans la narration.