Me voici de nouveau sur le retour. Je dois remercier avant tout mon frère qui a formidablement organisé mon séjour et la séance de Nailhac, et fait découvrir ce petit coin de Dordogne, le Périgord vert, le pays d'Ans.
C'est vrai que c'est très vert, et il donne une impression de calme et d'aisance (il paraît que la noix est d'un bon rapport, mais il y a aussi la truffe, le foie gras...) qui tranche avec le Limousin voisin, dont la traversée, avec le train du retour, laisse voir une sécheresse, une pauvreté, une terre à moutons, quoi...
Pas étonnant que les Anglais s'installent en nombre dans la région. J'ai été frappé par la multitude des petites routes qui traversent bois et champs, et par l'habitat dispersé : nombreuses fermes isolées, souvent énormes, nombreux hameaux. On trouve encore des maisons abandonnées et à vendre : avis aux amateurs de solitude.
A propos de solitude, le vélo est sûrement (peut-être avec le bateau à rames ou à voiles) le moyen de locomotion qui devrait attirer tous ceux qui fuient la foule. Personne ne peut pédaler à votre place. Vous avez l'impression d'être roi de l'univers, en fendant l'air lentement, tous sens à l'affût : les parfums, les couleurs et les sons se répondent ; là, c'est l'odeur entêtante des fleurs de robinier (acacia), ailleurs, l'alignement blanc, jaune et rouge d'une haie de rosiers, ici, le chant des grillons qui signale la belle saison. L'eau même que l'on boit à la gourde prend une saveur inédite, sans doute parce que la soif -enfin - est réelle : le corps réclame ! La respiration accentuée nous exalte, et nous voici évaporé, comme le dit si joliment Christian Congiu dans la nouvelle que j'ai lue à Coursac et Nailhac.
Et c'est à Thiviers que je reprends le train, sans incident cette fois, la correspondance de Limoges est assurée : j'y lis La Chaîne d'or, le beau livre de Joseph Kjellgren, écrivain prolétarien suédois. Moi qui m'endors souvent dans le train, là, je suis subjugué par la puissance qui émane de ce texte qui fait suite au non moins remarquable Les hommes de l'Emeraude, et il n'est pas question de dormir. Je prépare un petit essai sur cet écrivain : je ne sais si j'arriverai à faire sentir la beauté de ces textes, magnifiquement traduits par Philippe Bouquet. Mais j'essaierai au moins de donner envie de les lire. Et qui sait, d'en sélectionner un extrait pour mes futures cyclo-lectures !
Kjellgren faisait partie de ces auteurs, achetés il y a longtemps, que je gardais pour ma retraite. Bon sang, me suis-je dit, j'ai bien fait d'attendre. Et, comme je sais qu'il me reste encore un tas d'autres découvertes à faire dans ma bibliothèque personnelle, sans parler des bibliothèques publiques ou universitaires auxquelles j'ai accès, des ami(e)s qui me signalent des livres, et des nouveautés en librairie, je me sens heureux, mille sabords ! J'ai encore des mines à explorer, des digues à faire céder, des pépites à trouver, du bonheur à déguster et peut-être à partager !
Car il n'y a rien de plus triste que de garder pour soi ce qu'on a découvert...
A bientôt dans les Landes de Gascogne.
C'est vrai que c'est très vert, et il donne une impression de calme et d'aisance (il paraît que la noix est d'un bon rapport, mais il y a aussi la truffe, le foie gras...) qui tranche avec le Limousin voisin, dont la traversée, avec le train du retour, laisse voir une sécheresse, une pauvreté, une terre à moutons, quoi...
Pas étonnant que les Anglais s'installent en nombre dans la région. J'ai été frappé par la multitude des petites routes qui traversent bois et champs, et par l'habitat dispersé : nombreuses fermes isolées, souvent énormes, nombreux hameaux. On trouve encore des maisons abandonnées et à vendre : avis aux amateurs de solitude.
A propos de solitude, le vélo est sûrement (peut-être avec le bateau à rames ou à voiles) le moyen de locomotion qui devrait attirer tous ceux qui fuient la foule. Personne ne peut pédaler à votre place. Vous avez l'impression d'être roi de l'univers, en fendant l'air lentement, tous sens à l'affût : les parfums, les couleurs et les sons se répondent ; là, c'est l'odeur entêtante des fleurs de robinier (acacia), ailleurs, l'alignement blanc, jaune et rouge d'une haie de rosiers, ici, le chant des grillons qui signale la belle saison. L'eau même que l'on boit à la gourde prend une saveur inédite, sans doute parce que la soif -enfin - est réelle : le corps réclame ! La respiration accentuée nous exalte, et nous voici évaporé, comme le dit si joliment Christian Congiu dans la nouvelle que j'ai lue à Coursac et Nailhac.
Et c'est à Thiviers que je reprends le train, sans incident cette fois, la correspondance de Limoges est assurée : j'y lis La Chaîne d'or, le beau livre de Joseph Kjellgren, écrivain prolétarien suédois. Moi qui m'endors souvent dans le train, là, je suis subjugué par la puissance qui émane de ce texte qui fait suite au non moins remarquable Les hommes de l'Emeraude, et il n'est pas question de dormir. Je prépare un petit essai sur cet écrivain : je ne sais si j'arriverai à faire sentir la beauté de ces textes, magnifiquement traduits par Philippe Bouquet. Mais j'essaierai au moins de donner envie de les lire. Et qui sait, d'en sélectionner un extrait pour mes futures cyclo-lectures !
Kjellgren faisait partie de ces auteurs, achetés il y a longtemps, que je gardais pour ma retraite. Bon sang, me suis-je dit, j'ai bien fait d'attendre. Et, comme je sais qu'il me reste encore un tas d'autres découvertes à faire dans ma bibliothèque personnelle, sans parler des bibliothèques publiques ou universitaires auxquelles j'ai accès, des ami(e)s qui me signalent des livres, et des nouveautés en librairie, je me sens heureux, mille sabords ! J'ai encore des mines à explorer, des digues à faire céder, des pépites à trouver, du bonheur à déguster et peut-être à partager !
Car il n'y a rien de plus triste que de garder pour soi ce qu'on a découvert...
A bientôt dans les Landes de Gascogne.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire