On obtient de la mer ce qu’elle nous offre, non pas ce que nous voulons. […] La réponse ne dépend pas de nous, les pêcheurs. Ceux qui vont là-dessous chercher la réponse avec leurs mains se croient plus forts que la mer. Seule la surface nous revient, ce qui est en dessous lui appartient, c’est la vie. Nous frappons à la porte, à fleur d’eau, nous ne devons pas entrer chez elle en maîtres.
(Erri De Luca, Tu, mio, trad. Danièle Valin, Gallimard, 2011)
Avec tous les fauteurs de guerre, ou ces déclencheurs de catastrophes écologiques, on en finirait par oublier de chanter, alors que le chant est ce qui est le plus beau sur la terre, que ce soit celui du vent, celui de la mer et des rivières, celui des oiseaux (encore qu’il y en a de moins en moins), celui de la maman ou du papa qui bercent et consolent le petit enfant…
Je
ne sais pas comment ça s’est fait mais j’avais préparé une
chanson pour les fiançailles de Mathieu et Mélanie, et une fois sur
place, peut-être à cause de la fatigue du voyage, je n’y ai plus
du tout pensé à la chanter. Mais, en attendant de vous faire un compte rendu de
ce voyage, je peux vous offrir une chanson que j’ai découverte il
y peu et qui traite de la fin du monde.
Plus rien (Les cow boys fringants)
Il
ne reste que quelques minutes à ma vie
Tout au plus quelques
heures, je sens que je faiblis
Mon frère est mort hier au
milieu du désert
Je suis maintenant le dernier humain de la
terre
On
m'a décrit jadis, quand j'étais un enfant
Ce qu'avait l'air le
monde il y a très très longtemps
Quand vivaient les parents de
mon arrière grand-père
Et qu'il tombait encore de la neige en
hiver
En
ces temps on vivait au rythme des saisons
Et la fin des étés
apportait la moisson
Une eau pure et limpide coulait dans les
ruisseaux
Où venaient s'abreuver chevreuils et orignaux
Mais
moi je n'ai vu qu'une planète désolante
Paysages lunaires et
chaleur suffocante
Et tous mes amis mourir par la soif ou la
faim
Comme tombent les mouches, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus
rien
Plus rien
Plus rien
Il
ne reste que quelques minutes à ma vie
Tout au plus quelques
heures, je sens que je faiblis
Mon frère est mort hier au
milieu du désert
Je suis maintenant le dernier humain de la
terre
Tout
ça a commencé il y a plusieurs années
Alors que mes ancêtres
étaient obnubilés
Par des bouts de papier que l'on appelait
argent
Qui rendaient certains hommes vraiment riches et
puissants
Et
ces nouveaux dieux ne reculant devant rien
Étaient prêts à
tout pour arriver à leur fins
Pour s'enrichir encore ils ont
rasé la terre
Pollué l'air ambiant et tari les rivières
Mais
au bout de cent ans des gens se sont levés
Et les ont averti
qu'il fallait tout stopper
Mais ils n'ont pas compris cette sage
prophétie
Ces hommes-là ne parlaient qu'en termes de profits
C'est
des années plus tard qu'ils ont vu le non-sens
Dans la panique
ont déclaré l'état d'urgence
Quand tous les océans ont
englouti les îles
Et que les inondations ont frappé les
grandes villes
Et
par la suite pendant toute une décennie
Ce fut les ouragans et
puis les incendies
Les tremblements de terre et la grande
sécheresse
Partout sur les visages on lisait la détresse
Les
gens ont dû se battre contre les pandémies
Décimés par
millions par d'atroces maladies
Puis les autres sont morts par
la soif ou la faim
Comme tombent les mouches, jusqu'à ce qu'il
n'y ait plus rien
Plus rien
Plus rien
Mon
frère est mort hier au milieu du désert
Je suis maintenant le
dernier humain de la terre
Au fond l'intelligence qu'on nous
avait donnée
N'aura été qu'un beau cadeau empoisonné
Car
il ne reste que quelques minutes à la vie
Tout au plus quelques
heures, je sens que je faiblis
Je ne peux plus marcher, j'ai
peine à respirer
Adieu l'humanité, adieu l'humanité
Pour l'écouter, par Les cowboys fringants :
https://www.youtube.com/watch?v=1WFc7u8qWuo
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