mardi 31 décembre 2013

31 décembre 2013 : bilan de l'année : deuxième semestre



Avec les ressources naturelles du monde, la machinerie déjà inventée, une organisation rationnelle de la production et une suppression également rationnelle du gaspillage, les travailleurs physiquement aptes ne devraient pas avoir à travailler plus de deux ou trois heures par jour pour nourrir tout le monde, loger tout le monde, instruire tout le monde et donner à tous une bonne quantité de petits luxes.
(Jack London, Révolution, Phébus, 2008)

Révolution, essais

Quand on pense que le texte ci-dessus de Jack London a été écrit il y a plus d'un siècle, et qu'on n'a pas avancé d'un iota dans ce sens ; au contraire, une minorité avide de profits rapides exploite sans vergogne les travailleurs du monde entier (la fameuse mondialisation) à un niveau à peu près égal à celui de l'exploitation que nous avons connue au XIXe siècle (salaires très bas, insécurité sociale, émigration forcée, violences des milices patronales, insuffisance de protection contre les nuisances polluantes ou les accidents du travail, etc.). Et notre prospérité générale ou bien-être relatif repose sur ça : le low cost, que chacun recherche avec avidité pour bénéficier d'un surplus de voyages, d'objets, d'abonnements internet, de vêtements, de livres, de rapidité dans les TIC (Technologies de l'Information et de la Communication), etc., le low cost signifie, ne l'oublions pas, une exploitation éhontée du travail et des conditions effroyables pour les travailleurs de partout.
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Revenons à mon petit bilan personnel 2013. Le deuxième semestre m'a paru étrangement long. Je me suis à nouveau beaucoup déplacé, pour mes visites rituelles à Poitiers, pour les festivals de cinéma de Venise, d'Auch, de Montpellier, pour m'arrêter ici ou là, au gré de mes humeurs, visiter la tribu et voir quelques ami(e)s. J'ai poussé quelques coups de gueule contre la « droitisation » de la société française, me brouillant presque avec certains à ce sujet. J'ai reçu mes couch-surfeurs polonais et russes, le jeune Sergueï est devenu pratiquement un ami, et depuis septembre, Juan habite chez moi. À défaut, comme François d'Assise, de pratiquer l'abandon total des biens matériels et d'aller vivre de jeûne et de prière dans une cabane, j'ai essayé au maximum de partager une large part de mon surplus. Avec cette idée que certains hommes étant plus égaux que d'autres, c'est à eux qu'il convient de rétablir l'équilibre, autant que faire se peut, si l'on veut que la société avance sur le chemin de l'espérance.
J'ai lu beaucoup de livres, provenant de vingt-sept pays différents. Car les livres sont, au même titre que les amis, des sources d'enrichissement de la vie intérieure, aussi bien que des vecteurs de la découverte du monde. Parmi les plus marquants, côté romans, La fabrication de l'aube, de Jean-François Beauchemin, Une enfance de Jésus, de J. M. Coetzee, Attention fragile, de Marie-Sabine Roger, l'étonnante Usine des cadavres de Silien Larios, Petites scènes capitales, de Sylvie Germain, La décision, d'Isabelle Pandazopoulos et les romans pour ados de Mikaël Ollivier. Sans compter les romans plus anciens de Jane Austen, Virginia Woolf, Marguerite Duras et George Sand, lus en prenant des notes pour un futur livre. Parmi les essais, j'ai apprécié les textes suggestifs de Jean Genet réunis dans L'ennemi déclaré, les deux derniers volumes du Journal de Charles Juliet, le tome 2 et final du Journal d'André Gide, le journal du catalan Josep Plá : Le cahier gris, celui de Saramago : Le cahier, les essais de Blanche de Richemont : Éloge du désert et Éloge du désir, les livres sur la prison de Jean-Marc Rouillan et de Donna Evleth, les Manuscrits de guerre de Julien Gracq, En pèlerin et en étranger, de Marguerite Yourcenar, De la servitude involontaire d'Alain Accardo, Apologie du livre, de Robert Darnton, et les belles méditations de Martin Buber : Le chemin de l'homme. Au rayon poésie, j'ai dévoré les nouveaux opus de mes amis Michel Baglin, De chair et de mots, Georges Bonnet, La claudication des jours et Odile Caradec, République Terre (quels beaux titres !), j'ai découvert Cédric Le Penven et Jean-Baptiste Pédrini, L'excès-l'usine de Leslie Kaplan, et Le livre des cent poèmes, la belle anthologie d'Harry Martinson.

Au cinéma, la variété est encore plus impressionnante, j'ai vu des films originaires de cinquante pays différents, aidé il est vrai par la fréquentation des festivals, autant que par l'excellente diversité proposée par le cinéma Utopia de Bordeaux. Le cinéma, de fiction ou documentaire, nous montrant la vie, c'est encore le meilleur moyen pour lutter contre un nationalisme étriqué et le racisme ravageur menaçants, que d'aller découvrir ce qui se fait ailleurs, comment on y vit, et constater, en tout état de cause, que l'humanité est la même partout, sous des formes différentes certes ; personnellement, je perçois au travers du cinéma comme de la littérature, cet humain d'abord que les politiques cherchent souvent en vain ! Et que je retrouve aussi dans mes voyages et mes déplacements, aussi bien que chez mes hôtes couch-surfeurs.
Le Lion d'Or de Venise

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Ce fut aussi l'année de la mort d'Igor. J'ai conscience de l'avoir un peu trop négligé – et donc, peut-être, d'avoir hâté sa dégradation : je me souviens quand je l'ai vu pour la dernière fois fin juillet, comme il était mal en point, marchant avec peine, et le lendemain, revigoré, redevenu presque normal, comme si ma visite, mon amitié, lui avaient réinjecté le goût de vivre ! Mais le délabrement général de son état de santé lui faisait envisager de ne pas prolonger indéfiniment une vie qui n'en était plus une, et il m'en parlait volontiers. 
Le Rialto vu par Igor en 2012


 

3 commentaires:

Marie a dit…

ia orana ite matahiti api !
Bonne année! De lectures et de réflexion, de films, de rencontres, de voyages!
Et continuez!

Unknown a dit…

SUPER ARTICLE J'adore ta vision des choses , tes voyages , tes réflexions , tout ça est très enrichissant

Raimon

Unknown a dit…

CET ARCTICLE EST SUPER IL MINSPIRE DE BONNES CHOSES POUR LA NOUVELLE ANNEE
et je te connais un peu plus aussi par ce biais ...
merci pour ta vision et ta belle écriture