mardi 28 avril 2015

28 avril 2015 : cargo 2015 : 7 - escales 4, Nouvelle-Zélande


il ne m'avait semblé y avoir aucune raison spéciale de penser que nous étions en route pour un endroit plutôt que tel autre, ou même pour quelque endroit que ce fût.
(Vita Sackville-West, Lettre à Virginia Woolf, 8 février 1926)

les jolies maisons de Napier
NAPIER (île du Nord), 5 mars 
6 h 45 : 39°28 de latitude S, 176°55 de longitude Z, nous sommes à quai à Napier. Départ prévu à 15 h 45. Cependant, c'est un petit port, avec un système de grues moins performant que dans les grands ports, et il est possible qu'on prenne du retard. De toute façon, les agents d'immigration ne sont toujours pas montés à bord à 8 h 15. On pourra peut-être faire un saut ; je n'irai pas tout seul, c'est certain.
en allant vers la ville (à pied), arbres de bord de mer tordus par les vents 
9 h : nous sommes sortis à Napier, petit port et petite ville (dans les 50 000 habitants) ; ça m'a rappelé l'escale de Paita au Pérou il y a deux ans, sauf qu'ici tout est "clean" (ça rappelle la Suisse) et paraît moins vivant, tout le monde circule en voiture, il n'y a presque personne dans les rues. Je suis resté tout le temps avec Bruno, Jean-Guy nous ayant quittés pour se balader seul. Nous avons vu les panneaux agrémentés de photos rappelant le tremblement de terre de 1913 (?), j'ai photographié une voiture ancienne, que nous aurions pu prendre pour nous balader, avec ou sans chauffeur. Nous avons visité le centre ville, une boutique de souvenirs – nous n'avons rien acheté ! 
 dans la montée du Bluff Hill, du "street art" sur le trottoir  
Nous sommes montés sur le Bluff Hill, la colline qui domine la mer, le port et le paysage alentour : j'ai pu photographier notre cargo de là-haut. Nous avons ramé pour grimper jusqu'en haut : à soixante-dix ans (passés pour Bruno, à venir pour moi), la grimpette, ça fait souffler. Nous sommes rentrés pour le repas de midi, bien qu'ayant la permission de 15 h, dont sans doute notre Québécois va profiter...
la bibliothèque municipale de Lyttelton, haut lieu de notre passage

LYTTElTON (île du sud), 6 mars
Purée de pois et forte houle, arrivée acrobatique du pilote, pour l'approche dans la baie ( en fait on avance entre deux falaises) de Lyttelton, pluie et fraîcheur ; il me tarde de retrouver de nouveau les tropiques et leur azur phosphorescent, comme dit le poète. Là, on se croirait presque dans notre automne maussade. Il est midi, l'heure de retourner à table. Et ça m'étonnerait qu'on descende avec un temps pareil ! Nous sommes à 43°36 de latitude S et 173°24 de longitude E.
curiosité sur le trottoir ; le doigt indique une brocante ! 
Bon, le temps semble s'être levé pendant qu'on mangeait, je vais au moins aller faire quelques photos de cette jolie petite ville nichée dans la montagne qui tombe dans le fjord où nous sommes à quai. 16° sous abri là-haut. Outre les conteneurs, les quais sont emplis de billots de bois, comme hier à Napier, du bois d'exportation qui doit être chargé sur des vraquiers, on en a vu un hier.
vue du port et des collines 
Nous sommes donc sortis de 14 h à 17 h. Je suis resté avec Bruno, Jean-Guy s'est un peu égayé tout seul, bien qu'il y eût peu à voir, sinon les traces du tremblement de terre de 2011. Sur les emplacements non encore reconstruits, la ville a apposé des panneaux avec de grandes photos du bâtiment détruit. Ainsi de la bibliothèque municipale. Mais la nouvelle bibliothèque nous a ouvert ses portes, je me suis présenté au personnel (et découvre, effaré que notre tout nouveau Prix Nobel de littérature est inconnu !), j'ai visité, pris des photos, et profité d'un des ordinateurs mis à disposition du public (30 mn par personne, avec un code d'accès et un mot de passe gratuit) pour nettoyer un peu ma boîte aux lettres.
intérieur de la bibliothèque, le coin "fiction" pour adultes 
Bruno m'a payé une bière (confirmation que la vie est chère, 17 $ néo-zélandais les deux bières, ce qui équivaut à 13 $ américains et donc à 10 € au moins), et nous avons pu apercevoir plusieurs des matelots Philippins sortis en même temps que nous, qui utilisaient la wi-fi pour se connecter et communiquer par messagerie ou par skype avec leur famille.

en nous baladant, magnifique pirogue maori en musée de plein air de Tauronga

TAURONGA (île du nord), 8 mars :
Ayant mal dormi, je me suis réveillé un peu tard et j'ai donc raté l'entrée dans le port de Tauronga, très grand port, avec de nombreux cargos qui exportent du bois. Il est situé au nord de la Nouvelle-Zélande, par 37°39 de latitude S et 176°10 de longitude E. Normalement, nous sommes censés y rester jusqu'à ce soir. De mon sabord, j'aperçois un des Philippins (le bosco ?), juché tout en haut, sur un conteneur, qui donne de ordres dans son téléphone. Donc les opérations de chargement-déchargement vont commencer incessamment, bien qu'on soit dimanche, nouveau calendrier (depuis qu'on a passé la ligne de changement de date, on est un peu perdus). Malgré tout, le port est presque vide d'hommes : prendrons-nous un nouveau jour de retard ? Non, les immenses grues extérieures s'ébranlent.
 
encore une superbe bibliothèque ! et ouverte le dimanche !!! 
Sitôt le repas de midi fini, nous sortons. Tauronga n'est pas loin, en vingt minutes à pied à partir de la guérite du port (nous montrons patte blanche, notre carte du cargo), nous atteignons le centre ville. Nous baguenaudons, découvrons la bibliothèque municipale ouverte – la France pourrait bien s'inspirer de cette excellente habitude d'ouvrir les bibliothèques publiques le dimanche : et je profite là encore de la wi-fi... Nous admirons la poste, le musée de plein air. Puis Bruno m'offre une bière, la Nouvelle-Zélande est très chère, pas de doute, c'est le 3e pays au monde à revenu par habitant. Paysage de collines, et innombrables billots de bois dans le port.
la Nouvelle Zélande, grande exportatrice de bois, notamment vers la Chine

Et je ne peux m'empêcher de penser à ce que me dit Virginia Woolf, par delà le temps, et que je viens de lire : "Communiquer est la première de nos affaires ; la société et l'amitié, nos plus grands délices ; et lire, non pour acquérir des connaissances, non pour gagner notre pain, mais pour étendre nos relations au-delà de notre temps et de notre province personnels" (Sur les inconvénients de ne pas parler français, trad. Christine Le Boeuf, L'Escampette, 2014).

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