il
ne m'avait semblé y avoir aucune raison spéciale de penser que nous
étions en route pour un endroit plutôt que tel autre, ou même pour
quelque endroit que ce fût.
(Vita
Sackville-West, Lettre à Virginia Woolf,
8 février 1926)
les jolies maisons de Napier
NAPIER
(île du Nord), 5 mars
6
h 45 : 39°28 de latitude S, 176°55 de longitude Z, nous sommes
à quai à Napier. Départ prévu à 15 h 45. Cependant, c'est un
petit port, avec un système de grues moins performant que dans les
grands ports, et il est possible qu'on prenne du retard. De toute
façon, les agents d'immigration ne sont toujours pas montés à bord
à 8 h 15. On pourra peut-être faire un saut ; je n'irai pas
tout seul, c'est certain.
en allant vers la ville (à pied), arbres de bord de mer tordus par les vents
9
h : nous sommes sortis à Napier, petit port et petite ville
(dans les 50 000 habitants) ; ça m'a rappelé l'escale de Paita
au Pérou il y a deux ans, sauf qu'ici tout est "clean"
(ça rappelle la Suisse)
et paraît moins vivant, tout le monde circule en voiture, il n'y a
presque personne dans les rues. Je suis resté tout le temps avec
Bruno, Jean-Guy nous ayant quittés pour se balader seul. Nous avons
vu les panneaux agrémentés de photos rappelant le tremblement de
terre de 1913 (?), j'ai photographié une voiture ancienne, que nous
aurions pu prendre pour nous balader, avec ou sans chauffeur. Nous
avons visité le centre ville, une boutique de souvenirs – nous
n'avons rien acheté !
dans la montée du Bluff Hill, du "street art" sur le trottoir
Nous
sommes montés sur le Bluff Hill, la colline qui domine la mer, le
port et le paysage alentour : j'ai pu photographier notre cargo
de là-haut. Nous avons ramé pour grimper jusqu'en haut : à
soixante-dix ans (passés pour Bruno, à venir pour moi), la
grimpette, ça fait souffler. Nous sommes rentrés pour le
repas de
midi, bien qu'ayant la permission de 15 h, dont sans doute notre
Québécois va profiter...
la bibliothèque municipale de Lyttelton, haut lieu de notre passage
LYTTElTON
(île du sud), 6 mars
Purée
de pois et forte houle, arrivée acrobatique du pilote, pour
l'approche dans la baie ( en fait on avance entre
deux falaises) de Lyttelton,
pluie et fraîcheur ; il me tarde de retrouver de nouveau les
tropiques et leur azur
phosphorescent,
comme dit le poète. Là, on se croirait presque dans notre automne
maussade. Il est midi, l'heure de retourner à table. Et ça
m'étonnerait qu'on descende avec un temps pareil ! Nous sommes
à 43°36 de latitude S et 173°24 de longitude E.
curiosité sur le trottoir ; le doigt indique une brocante !
Bon,
le temps semble s'être levé pendant qu'on mangeait, je vais au
moins aller faire quelques photos de cette jolie petite ville nichée
dans la montagne qui tombe dans le fjord où nous sommes à quai. 16°
sous abri là-haut. Outre les conteneurs, les quais sont emplis de
billots de bois, comme hier à Napier, du bois d'exportation qui doit
être chargé sur des vraquiers, on en a vu un hier.
vue du port et des collines
Nous
sommes donc sortis de 14 h à 17 h. Je suis resté avec Bruno,
Jean-Guy s'est un peu égayé tout seul, bien qu'il y eût peu à
voir, sinon les traces du tremblement de terre de 2011. Sur les
emplacements non encore reconstruits, la ville a apposé des panneaux
avec de grandes photos du bâtiment détruit. Ainsi de la
bibliothèque municipale. Mais la nouvelle bibliothèque nous a
ouvert ses portes, je me suis présenté au personnel (et découvre, effaré que notre tout nouveau Prix Nobel de littérature est inconnu !), j'ai visité,
pris des photos, et profité d'un des ordinateurs mis à disposition du
public (30 mn par personne, avec un code d'accès et un mot de passe
gratuit) pour nettoyer un peu ma boîte aux lettres.
intérieur de la bibliothèque, le coin "fiction" pour adultes
Bruno
m'a payé une bière (confirmation que la vie est chère, 17 $
néo-zélandais les deux bières, ce qui équivaut à 13 $ américains
et donc à 10 € au moins), et nous avons pu apercevoir
plusieurs
des
matelots
Philippins sortis en même temps que nous, qui utilisaient la wi-fi
pour se connecter et communiquer par messagerie ou par skype avec
leur famille.
en nous baladant, magnifique pirogue maori en musée de plein air de Tauronga
TAURONGA
(île du nord), 8 mars :
Ayant
mal dormi, je me suis réveillé un peu tard et j'ai
donc raté l'entrée dans le port de Tauronga, très grand port, avec
de nombreux cargos qui exportent du bois. Il est situé au nord de la
Nouvelle-Zélande, par 37°39 de latitude S et 176°10 de longitude
E. Normalement, nous sommes censés y rester jusqu'à ce soir. De mon
sabord, j'aperçois un des Philippins (le bosco ?), juché tout
en haut, sur un conteneur, qui donne de ordres dans son téléphone.
Donc les opérations de chargement-déchargement vont commencer
incessamment, bien qu'on soit dimanche, nouveau calendrier (depuis
qu'on a passé la ligne de changement de date, on
est un peu perdus).
Malgré tout, le port est presque vide d'hommes : prendrons-nous
un nouveau jour de retard ? Non, les immenses grues extérieures
s'ébranlent.
encore une superbe bibliothèque ! et ouverte le dimanche !!!
Sitôt
le repas de midi fini, nous sortons. Tauronga n'est pas loin, en
vingt
minutes
à pied à partir de la guérite du port (nous
montrons patte blanche, notre carte du cargo),
nous atteignons le centre ville. Nous baguenaudons, découvrons la
bibliothèque municipale ouverte – la
France pourrait bien s'inspirer de cette excellente habitude d'ouvrir
les bibliothèques publiques le dimanche : et
je profite là encore de
la wi-fi... Nous admirons la poste, le musée de plein air. Puis Bruno m'offre une bière, la Nouvelle-Zélande
est très chère, pas de doute, c'est le 3e
pays au monde à revenu par habitant. Paysage
de collines, et innombrables billots de bois dans le port.
la Nouvelle Zélande, grande exportatrice de bois, notamment vers la Chine
Et
je ne peux m'empêcher de penser à ce que me dit Virginia Woolf, par
delà le temps, et que je viens de lire : "Communiquer est la première de
nos affaires ; la société et l'amitié, nos plus grands
délices ; et lire, non pour acquérir des connaissances, non
pour gagner notre pain, mais pour étendre nos relations au-delà de
notre temps et de notre province personnels" (Sur
les inconvénients de ne pas parler français,
trad. Christine Le Boeuf, L'Escampette, 2014).
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