vendredi 24 avril 2015

24 avril 2015 : pause : une autre sorte de voyage


Les biens les plus précieux ne doivent pas être cherchés, mais attendus.
(Simone Weil, Attente de Dieu, La Colombe, 1950)
 















J'ai repris mes habitudes, je suis donc remonté sur le vélo, ne serait-ce que pour ne pas oublier que j'existe encore et que les voitures ne me font pas peur. Et j'ai recommencé à aller au cinéma, à vélo, "of course". Pendant que Mathieu allait voir Une belle fin (que j'avais vu au Festival de Venise en 2013, voir mon blog du 11 septembre 2013 où je le signalais comme étant "mon film préféré [de la Mostra], d'une humanité éblouissante", dont le héros est une sorte de croque-mort, en fait un bureaucrate chargé de retrouver les familles des personnes décédées incognito dans la rumeur des villes), je suis allé voir Voyage en Chine, avec Yolande Moreau, encore un film sur la mort.
On va encore dire que je suis hanté par elle. Non, mais elle fait partie de la vie, elle m'est familière depuis la mort de ma grand-mère maternelle (1974), et je ne comprends pas ceux qui veulent éviter le sujet. Sur le cargo, je pensais que je ne m'étais pas préoccupé, avant de partir, d'organiser mon départ... définitif, et que si je m'étais retrouvé par malheur dans la chambre froide, après une mort inopinée, mes enfants auraient été bien embêtés. Il va falloir que je le fasse.
Liliane (Moreau, superbe) décide de faire le voyage de Chine où son fils est mort accidentellement, afin si possible de rapatrier son corps. C'est sans compter avec les formalités administratives, déjà compliquées en France avant le départ, mais multipliées là-bas par les difficultés de communication, très peu de gens parlant français ou même anglais. Et pourtant, Liliane essaie d'apprendre le chinois ! 



Sur place, peu à peu, elle comprend la fascination de son fils pour ce pays, pour ces gens si différents de nous (j'ai forcément pensé aux matelots philippins) et pourtant tellement pareils à nous : la scène du petit garçon qui essaie de lui apprendre "toi" et "moi" m'a énormément touché. Liliane fait connaissance avec les amis chinois de son fils, sa "fiancée" dont elle n'avait jamais entendu parler, ses voisins. Elle découvre le cérémonial funèbre taoïste. Évidemment, il n'y a pas dix plans à la seconde, ça n'explose pas dans tous les coins, ça reste un film discret, pour ceux qui aiment les histoires pétries d'humanité. Il ne se passe pas grand-chose et cependant, on à l'impression d'être en Chine, avec l'héroïne, à essayer de se dépatouiller pour prendre le train, le bus, pour se faire comprendre et pour comprendre. Entre autres choses, pour comprendre qui était son fils : on sait si peu de choses de nos enfants ! 
Un petit film, si l'on veut, mais qui nous touche l'âme : ce n'est pas si fréquent !

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