Tu dis ça parce que tu n’appartiens pas à une minorité […] Tu ne peux pas savoir ce que l’insécurité veut dire, ni la peur que l’on porte en soi, ni la haine qui peut se déchaîner à la moindre étincelle. Jamais une minorité n’aura été comprise par ceux qui appartiennent au plus grand nombre.
(Petros Markaris, L’empoisonneuse d’Istanbul, trad. Caroline Nicolas, Seuil, 2010)
Voici une chanson retrouvée, et tout à fait à l’ordre du jour, au moment où les préfets font un zèle inouï, AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS (sans doute en ce même nom qu'on éborgne et mutile des gilets jaunes, au mépris de ce même peuple, à qui on ne demande pas son avis), en multipliant les OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) et expulsions en plein hiver, tout ça pour complaire à l’électorat du RN et des fachos de tous bords, espérant les ramener au bercail (c’est-à-dire à la REM) lors des prochaines élections.
C’est pourquoi je propose comme chanson du mois, cette retrouvaille avec François Béranger, un des chanteurs de ma jeunesse des années 70 :
Pour écouter : https://www.youtube.com/watch?v=8NyywgrYtIA
Paroles
Mamadou m'a dit
Mamadou
m'a dit
Mamadou m'a dit
On a pressé le citron
On peut
jeter la peau
Les citrons c'est les négros
Tous
les négros d'Afrique
Sénégal Mauritanie
Haute-Volta Togo
Mali
Côte d'Ivoire et Guinée
Cameroun et Tutti
Quanti
Les colons sont partis avec des flons-flons
Des
discours solennels des bénédictions
Chaque peuple c'est normal
dispose de lui-même
Et doit s'épanouir dans l' harmonie
Une
fois qu'on l'a saigné aux quatre veines
Qu'on l'a bien ratissé
et qu'on lui a tout pris.
Les colons sont partis
Ils
ont mis à leur place
Une nouvelle élite
Des noirs bien
blanchis
Le monde blanc rigole
Les nouveaux c'est
bizarre
Sont pires que les anciens
C'est sûrement un
hasard.
Le monde blanc rigole quand un petit sergent
Se
fait sacrer empereur avec mille glorioles
Après tout c'est pas
grave du moment que les terres
Produisent pour les blancs ce qui
est nécessaire
Le coton l'arachide le sucre le
cacao
Remplissent les bateaux saturent les entrepôts.
Après
tout c'est pas grave
Les colons sont partis
Que l'Afrique
se démerde
Que les paysans crèvent
Les colons sont
partis
Avec dans leurs bagages
Quelques bateaux
d'esclaves
Pour ne pas perdre la main.
Quelques
bateaux d'esclaves pour balayer les rues
Ils se ressemblent tous
avec leur passe-montagne
Ils ont froid à la peau et encore plus
au cœur
Là-bas c'est la famine et ici la misère
Et comme
il faut parfois manger et puis dormir
Dans les foyers taudis on
vit dans le sordide.
Et puis un jour la Crise
Nous
envahit aussi
Qu'on les renvoie chez eux
Ils seront plus
heureux
Qu'on leur donne un pourboire
Faut être libéral
Et
quand à ceux qui râlent
Un bon coup de pied au cul.
Vous
comprenez Monsieur c'est quand pas normal
Ils nous bouffent
notre pain ils reluquent nos femmes
Qu'ils retournent faire les
singes dans leur cocotiers
Tous nos bons nègres à nous qu'on a
si bien soignés
Et puis c'qui est certain c'est qu'un rien les
amuse
Ils sont toujours à rire ce sont de vrais gamins
Pour compléter, voir et lire le livre de Gilles de Staal, Mamadou m'a dit, éditions Syllepse, 2008
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