samedi 13 février 2021

13 février 2021 : la chanson du mois, François Béranger

 

Tu dis ça parce que tu n’appartiens pas à une minorité […] Tu ne peux pas savoir ce que l’insécurité veut dire, ni la peur que l’on porte en soi, ni la haine qui peut se déchaîner à la moindre étincelle. Jamais une minorité n’aura été comprise par ceux qui appartiennent au plus grand nombre.

(Petros Markaris, L’empoisonneuse d’Istanbul, trad. Caroline Nicolas, Seuil, 2010)

        Voici une chanson retrouvée, et tout à fait à l’ordre du jour, au moment où les préfets font un zèle inouï, AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS (sans doute en ce même nom qu'on éborgne et mutile des gilets jaunes, au mépris de ce même peuple, à qui on ne demande pas son avis), en multipliant les OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) et expulsions en plein hiver, tout ça pour complaire à l’électorat du RN et des fachos de tous bords, espérant les ramener au bercail (c’est-à-dire à la REM) lors des prochaines élections.

        C’est pourquoi je propose comme chanson du mois, cette retrouvaille avec François Béranger, un des chanteurs de ma jeunesse des années 70 :

Pour écouter : https://www.youtube.com/watch?v=8NyywgrYtIA

Paroles

Mamadou m'a dit


Mamadou m'a dit
Mamadou m'a dit
On a pressé le citron
On peut jeter la peau
Les citrons c'est les négros



Tous les négros d'Afrique
Sénégal Mauritanie
Haute-Volta Togo Mali
Côte d'Ivoire et Guinée
Cameroun et Tutti Quanti

Les colons sont partis avec des flons-flons
Des discours solennels des bénédictions
Chaque peuple c'est normal dispose de lui-même
Et doit s'épanouir dans l' harmonie
Une fois qu'on l'a saigné aux quatre veines
Qu'on l'a bien ratissé et qu'on lui a tout pris.

Les colons sont partis
Ils ont mis à leur place
Une nouvelle élite
Des noirs bien blanchis
Le monde blanc rigole
Les nouveaux c'est bizarre
Sont pires que les anciens
C'est sûrement un hasard.

Le monde blanc rigole quand un petit sergent
Se fait sacrer empereur avec mille glorioles
Après tout c'est pas grave du moment que les terres
Produisent pour les blancs ce qui est nécessaire
Le coton l'arachide le sucre le cacao
Remplissent les bateaux saturent les entrepôts.

Après tout c'est pas grave
Les colons sont partis
Que l'Afrique se démerde
Que les paysans crèvent
Les colons sont partis
Avec dans leurs bagages
Quelques bateaux d'esclaves
Pour ne pas perdre la main.

Quelques bateaux d'esclaves pour balayer les rues
Ils se ressemblent tous avec leur passe-montagne
Ils ont froid à la peau et encore plus au cœur
Là-bas c'est la famine et ici la misère
Et comme il faut parfois manger et puis dormir
Dans les foyers taudis on vit dans le sordide.

Et puis un jour la Crise
Nous envahit aussi
Qu'on les renvoie chez eux
Ils seront plus heureux
Qu'on leur donne un pourboire
Faut être libéral
Et quand à ceux qui râlent
Un bon coup de pied au cul.

Vous comprenez Monsieur c'est quand pas normal
Ils nous bouffent notre pain ils reluquent nos femmes
Qu'ils retournent faire les singes dans leur cocotiers
Tous nos bons nègres à nous qu'on a si bien soignés
Et puis c'qui est certain c'est qu'un rien les amuse
Ils sont toujours à rire ce sont de vrais gamins

 

        Pour compléter, voir et lire le livre de Gilles de Staal, Mamadou m'a dit, éditions Syllepse, 2008


 

 

 

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