ces
médecins, du haut de leur hauteur, de temps en temps, ils peuvent
être légers.
(Fédor
Dostoïevski, La douce, trad. André Markowicz, Actes sud,
1992)
La
misère est à nos portes. Il suffit de regarder autour de soi.
Est-ce normal que des gens soient à la rue ? Que les loyers –
qui ont beaucoup plus augmenté que le niveau de vie, parce que les
propriétaires-bailleurs font dans l'investissement – soient
devenus inabordables pour trop de nos concitoyens ! On oublie
qu'il n'y a pas 3 millions de chômeurs, mais presque 6 millions, si
l'on tient compte de tous ceux qui n'ont que des emplois précaires,
nettement rémunérés en-dessous du SMIC, et donc dans l'incapacité
d'assumer des charges locatives inabordables... Car, excusez-moi, mais il faut bien manger
d'abord, non ?
Et
cependant, ça peut être encore pire ailleurs ! Ainsi, le film
serbe La femme du ferrailleur nous raconte l'histoire de cette
famille – le père, la mère enceinte, deux filles déjà – très
pauvre, mais qui a un toit. Voilà que la grossesse se passe mal, la mère perd du sang. Le
père l'emmène à l'hôpital : le bébé est mort dans son ventre, il
faut aller à la clinique pour faire un curetage et éviter une
septicémie. Ils y vont une fois, 980 marks sont réclamés pour
l'intervention ; or, ils ne sont pas assurés contre la maladie.
Le père gagne avec son métier de ferrailleur dans les bons jours 50
à 100 marks. Le plus souvent, rien. Ils n'ont pas la moindre avance.
On leur coupe même l'électricité. J'entends déjà ricaner les « bourgeois » (comment les
appeler autrement ?) rétorquer qu'ils n'ont qu'a économiser !
Je voudrais les y voir, eux, les nantis, vivre dans la misère, et
réussir à économiser. Dire aussi : « Mais pourquoi
font-ils donc tant d'enfants ? » Bien sûr, ils ignorent
que, dans la grande pauvreté, la contraception, on ne connaît pas,
surtout dans un pays récemment "libéré" du communisme et engagé dans le libéralisme à tout-va, où la santé – et la
pilule – a un coût.
Le
médecin rétorque, « j'ai des instructions, sans paiement, pas
d'intervention. Je ne peux pas. » Chapeau pour l'humanité !
Ce n'est pas que tu ne peux pas, mon salaud, c'est que tu ne veux pas, nuance !
Bravo, les médecins ! Dostoïevski disait que « du haut
de leur hauteur », ils pouvaient être légers : dans ce
cas, la légèreté dont ils font preuve les rend inhumains et
criminels. Deuxième visite : idem. Il faudra la solidarité des
gens de peu, et je n'en dis pas plus, pour que la mère puisse être
soignée. Voilà un film que le Hugo des Misérables aurait
aimé.
* * *
Je
veux bien croire que quatre-vingts ans de communisme ont déconsidéré
l'idée même du communisme. Si j'en juge par les magouilles des
élections en France, on peut dire que deux ans de hollandisme ont
définitivement ruiné l'idée même de socialisme. Et ces malheureux
ne se rendent même pas compte qu'ils coupent l'herbe sous leurs
pieds ! Les misérables ne sont pas seulement au bas de l'échelle, au sommet aussi, hélas, en autre sens du mot ! Jaurès, réveille-les !!!
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