Puisque partout dans le monde, les régions sont actuellement habitées, comment seraient-elles occupées par de nouveaux arrivants, sinon par la force, la guerre, la ruse ?
(Shûsui
Kôtoku, L'impérialisme, le spectre du XXe
siècle, trad.
Christine Lévy, CNRS, 2008)
Une
délégation de cent femmes de divers pays se dirige cette semaine vers Gaza en
passant par l'Égypte (puisqu'impossible d'y aller en passant par Israël, emprisonnement à Tel Aviv il y a trois ans, blocage dans les aéroports européens il y a deux ans !), et entendent y célébrer la Journée
Internationale des Femmes du 8 mars avec les femmes et toute la
population de ce territoire palestinien martyr. Toutes répondent à
l’appel au secours lancé par les associations féminines de la
bande de Gaza, immense "camp de concentration" (comment
appeler autrement ce territoire ?) à ciel ouvert (mais surveillé en permanence par des drones), où sont enfermés 1,8 million
de Palestiniens, hommes, femmes, enfants de Palestine, sans possibilité
d'en sortir, ni par terre (une clôture hermétique a été érigée
par Israël et une zone-tampon existe où il ne fait pas bon
s'approcher : encore une Palestinienne tuée par les Israéliens ce
1er mars), ni par mer (même les pêcheurs de Gaza sont souvent pris
à partie par les garde-côte israéliens), ni par les airs
(l'aéroport de Gaza a été détruit par Israël).
manifestation à Paris contre le blocus de Gaza
C'est, cette fois encore, une délégation internationale, venant d'une dizaine
de pays, dont la France. La délégation algérienne est emmenée par
l’héroïne de la guerre d’indépendance Djamila Bouhired. Aminata
Traoré, admirable femme politique malienne, sera là aussi. Une
parlementaire britannique, Jenny Tonge, et une universitaire de ce
même pays, Mona Baker, ainsi que l'Irlandaise Mairead Maguire,
militante ayant obtenu le prix Nobel de la paix en 1976, ont annoncé
leur venue. Pas une seule députée ou sénatrice française, hélas.
manifestation à Paris contre le blocus de Gaza
Comme
on le voit sur les quatre cartes comparatives du panneau à gauche, le grand Israël, rêve des sionistes,
approche. La peau de chagrin palestinienne se restreint sans
cesse. Et avec ce rétrécissement, tout espoir d'un état
viable, et donc d'une paix.
manifestation à Paris contre le blocus de Gaza
Compte
tenu des graves problèmes se posant à la population gazaouie (eau
potable aléatoire, électricité pendant trois ou quatre heures par
jour seulement, vivres et matériels de toutes sortes n'arrivant que
selon le bon vouloir d'Israël), on voit que la campagne pour la
levée du blocus de Gaza doit se poursuivre sans relâche.
Il
faut croire qu'on fait payer aux Gazaouis leur « mauvais »
vote de 2006. Eh oui, ils ont voté massivement pour le Hamas. Mais
qui en est responsable ?
* * *
Et
du côté des territoires occupés ?
Il ne faut pas croire que de l'autre côté, dans les territoires occupés de Cisjordanie, la situation soit tellement meilleure pour les Palestiniens, enserrés de toutes parts, et je m'étonne qu'ils ne protestent pas plus fortement, et je suis même stupéfait du silence assourdissant des gouvernements occidentaux, si prompts à dénoncer ce qui se passe au Mali, en Centre Afrique, en Syrie, en Ukraine ou au Vénézuela.
Ainsi, à l’est de la Cisjordanie, 95 % de la vallée du Jourdain est sous contrôle militaire israélien. Les Palestiniens qui y vivent, principalement des petits paysans, sont souvent contraints d’abandonner leurs terres et de travailler comme ouvriers agricoles dans les fameuses "colonies", fournisseuses d'agro-industrie pour l'exportation : produits que nous trouvons dans nos hypermarchés.
Ainsi, à l’est de la Cisjordanie, 95 % de la vallée du Jourdain est sous contrôle militaire israélien. Les Palestiniens qui y vivent, principalement des petits paysans, sont souvent contraints d’abandonner leurs terres et de travailler comme ouvriers agricoles dans les fameuses "colonies", fournisseuses d'agro-industrie pour l'exportation : produits que nous trouvons dans nos hypermarchés.
En
effet, Israël a repris une loi de l'ancien Empire ottoman qui vaut pour
tous les territoires occupés : toute terre qui n’est pas cultivée
pendant trois ans revient à l’État. Or, les facteurs
d’abandon de terres ne manquent pas : difficultés pour les Palestiniens de se déplacer (checkpoints nombreux, zones non autorisées, etc.), manque d’eau d'irrigation réservée
aux colonies en prriorité. Même l’eau potable, contrôlée par les
Israéliens, bien que pompée en territoire palestinien occupé, est
vendue à un prix exorbitant aux Palestiniens.
N'oublions pas les terres de la vallée du Jourdain classées
comme zones militaires ou réserves naturelles et
interdites aux Bédouins. S'il ont le malheur d'y mener paître leurs animaux, ces bergers nomades prennent le risque d’être la cible de la soldatesque (qui ne plaisante pas) ou de
voir leurs animaux saisis, de devoir payer des amendes démesurées pour les récupérer,
voire d'aller en prison s'ils se plaignent. S'il y a lieu, pour
éliminer le pâturage intempestif, l'armée brûle des terres soi-disant réservées à la protection de la nature.
On
voit donc ici à l'œuvre l'impérialisme infernal dont je parlais hier, sous
ses formes les plus détestables : militaires tout puissants,
extorsion de terres, destructions d'habitations, persécutions et humiliations
permanentes, agressions et expulsions diverses (sous prétexte de
maintien de l'ordre), paupérisation croissante des populations
paysannes et bédouines... Au fond, on s'arrangerait pour faire le
vide – et obliger à l'exil – qu'on ne s'y prendrait pas
autrement. D'où un exode rural nombreux qui arrange bien Israël, les terres non-cultivées par les partants deviennent de nouveau des colonies potentielles.
Et
ne croyons que ceux des Palestiniens qui ont la chance (?)
de travailler dans les "colonies" soient mieux lotis : pour pouvoir gagner leur lieu de travail, ils sont astreints à des queues humiliantes d'une demi-heure à une heure (dans le meilleur des cas) aux checkpoints, matin et soir. Travail d'ailleurs souvent
précaire, puisque pour avoir un contrat de travail, il faut avoir
un casier judiciaire vierge : or, depuis 1967, on sait que 40 % des hommes
ont connu les prisons militaires israéliennes, avec ou sans procès.
Une aubaine pour les colons qui leur permet de s'affranchir du droit
du travail israélien, déjà peu favorable aux non-citoyens israéliens. Travail
de plus effectué sans protection contre les produits chimiques
utilisés intensivement, et soumis à des horaires et cadences
d'enfer. Et bien entendu, sous-payé, et avec une exploitation plus poussée des femmes
et des enfants. Syndicats et protestations évidemment interdits. Je ne doute pas que le patronat français pourrait en prendre de la graine : il devrait aller y faire un tour ! Si
grève il y a quand même, les grévistes sont immédiatement
licenciés, et même pour raisons de sécurité (on sait que les meneurs protestataires sont toujours dangereux), emprisonnés pour une durée indéterminée (donc plus de contrat de travail possible, voyez la perversité), et c'est un prétexte pour aggraver les
restrictions de circulation pour les Palestiniens, tout étant bon pour leur faire fuir leur pays.
Résultat,
la situation de la majorité des Palestiniens de la région,
notamment la plupart des bédouins, relèvent de l’urgence humanitaire.
Voilà,
c'est encore le «
protestant
»
qui écrit et qui va se faire de nombreux amis ! Je n'ai jamais supporté l'oppression, d'où qu'elle vienne (adulte contre enfant, jeune contre vieux, homme contre femme, blanc contre noir – plus fréquent que l'inverse –, riche contre pauvre – id. –, rationaliste contre croyant et vice versa, etc...). Oserais-je ajouter qu'encore une fois, ce sont les femmes qui nous montrent l'exemple ?
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