C'est
la bêtise sur le qui-vive, c'est la dureté en état d'alerte.
(Violette
Leduc, La femme au petit renard, Gallimard, 1965)
La
Cimade est une association créée pour faciliter l’installation
des habitants d'Alsace et de Lorraine évacués vers le Sud de la
France à la suite de l’entrée en guerre contre l'Allemagne, puis
à partir de 1940, pour aider tous les persécutés, Tziganes,
communistes, intellectuels allemands ayant fui le nazisme, Européens
de l’Est employés par la Wehrmacht et Juifs. Au départ
association protestante à vocation religieuse, voire prosélyte,
elle s'est peu à peu laïcisée, sans oublier quand même son souci
évangélique : "Car
j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais
soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger,
et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez
habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ;
j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !"
(Évangile
de Matthieu, chapitre 25, versets 35-36), qui l'amène aujourd'hui à
s'occuper en priorité des réfugiés, et surtout des étrangers en
situation irrégulière.
J'apprécie
particulièrement l'aspect concret de son action, et aussi sa manière
de ne pas baisser les bras devant des lois et une administration de
plus en plus inhumaines. Je lis par exemple le dernier numéro
d'Actions
communes, le Journal des donateurs,
et les choses suivantes qui concernent Mayotte, partie intégrante de
l'Empire français, mais qui n'est pas tout à fait la France
pourtant. Car il s'y applique là-bas, comme semble-t-il dans des
départements d'outre-mer comme la Guyane et la Guadeloupe, un régime
d'exception. Or, "le
droit commun, et désormais le droit européen, doit s'appliquer sur
tous les territoires de la République",
rappelle la Cimade, témoin de faits scandaleux.
Un
exemple : "S. a quatorze ans. Il est arrivé à Mayotte
avec sa mère qui s'est vu accorder une protection au titre de
l'asile. S. , sa mère et ses cinq frères et sœurs résident
donc à Mayotte en toute légalité. Dans la nuit du 23 au 24 janvier
2014, S. est interpellé par la police. Le 25 janvier, il est expulsé
au mépris du droit vers une autre île des Comores où il est
désormais isolé et en danger. La police et l'administration l'ont
considéré comme majeur et sans droit au séjour, bien que sa mère
ait apporté au commissariat et à la préfecture toutes les preuves
nécessaires. L'affaire est grave et provoquerait un scandale en
métropole. Mais à Mayotte ces pratiques sont courantes. Le droit
d'asile, l'intérêt supérieur de l'enfant, le droit au respect de
la vie familiale ont été allègrement piétinés."
Voilà
la France d'aujourd'hui. On dirait la France d'hier : celle de
Vichy, de sinistre mémoire. Et pendant ce temps-là, tous les pantins
qui nous dirigent – et qui se foutent éperdument des gens de peu –
se tâtent pour faire telle ou telle alliance, qui leur serait
profitable et leur permettrait de partager des postes. Et on s'étonne
que tant d'électeurs soient écœurés ? Ce qui m'étonne, moi,
c'est qu'il y ait encore des votants !
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