Nous
ne tuons pas pour vivre, on n’est pas américains, nous. Nous
tuons par conviction.
(Rezvani,
Les
Américanoïaques,
C. Bourgois, 1970)
Aujourd'hui, ma grand-mère maternelle aurait eu 124 ans. C'est elle qui m'a appris le sens de la justice, quand j'étais enfant et adolescent. Je pense qu'elle serait horrifiée aujourd'hui, devant la violence institutionnelle en temps de paix. C'est en son nom que je reproduis le texte suivant, celui d'Assa Traoré, en mémoire de son frère Adama :
Le
13 janvier 1898, les mots d’Émile Zola résonnaient dans
l’Aurore.
Il réclamait dans l’affaire Dreyfus une justice que la France
était incapable de rendre.
Le
17 juillet 2019, c’est dans ce même pays que moi, Assa Traoré,
j’accuse à mon tour.
J’accuse
les gendarmes, Romain Fontaine, Arnaud Gonzales et Mathias Uhrin,
d’avoir tué mon frère Adama Traoré en l’écrasant avec le
poids de leurs corps.
J’accuse
les gendarmes de ne pas avoir secouru mon frère Adama Traoré et de
l’avoir maintenu menotté face contre le sol de la gendarmerie au
lieu de le secourir.
J’accuse
les gendarmes d’avoir refusé de démenotter Adama Traoré en
affirmant qu’il simulait alors qu’il était en train de mourir.
J’accuse
Nathalie Baylot, adjudante au sein de la brigade de recherches de
L’Isle Adam, d’avoir menti en affirmant qu’Adama Traoré avait
agressé des gendarmes durant sa fuite.
J’accuse
Yves Jannier, procureur de la République de Pontoise, d’avoir
publiquement menti sur les causes de la mort d’Adama Traoré.
J’accuse
François Molins, procureur de la République de Paris, d’avoir
suggéré la thèse de l’effort intense comme cause de la mort
d’Adama Traoré à un collège de médecins experts.
J’accuse
Rodolphe Bosselut, avocat de Marine Le Pen et des gendarmes de la
présente enquête, d’avoir accusé la famille Traoré de crier au
racisme et de faire une instruction médiatique, ce qui est
totalement faux.
J’accuse
les médecins du service mobile d’urgence et de réanimation
d’avoir inventé une addiction à l’alcool et aux stupéfiants
d’Adama Traoré.
J’accuse
Judith Trinquart, médecin légiste, d’avoir affirmé qu’Adama
Traoré était décédé en raison d’une probable toxicomanie, d’un
probable alcoolisme et d’infections.
J’accuse
Julien Cappy, médecin légiste, d’avoir affirmé qu’Adama Traoré
était décédé en raison d’une infection généralisée et de
lésions cardiaques.
J’accuse
Caroline Rambaud, médecin expert mandaté par la justice, d’avoir
inventé une pathologie cardiaque comme cause de la mort d’Adama
Traoré.
J’accuse
Patrick Barbet, Marc Taccoen, Michel Denis et Michel Bernard,
médecins experts désignés par les juges, d’avoir inventé des
pathologies comme causes de la mort d’Adama Traoré, d’avoir
ainsi violé leur déontologie médicale et piétiné le serment
d’Hippocrate en affirmant qu’Adama Traoré était mort tout seul
après avoir couru.
J’accuse
Émilie Bruguière, juge d’instruction à Pontoise, d’avoir
instruit uniquement dans l’intérêt des gendarmes en refusant
aveuglément toutes les demandes d’enquête effective des parties
civiles.
J’accuse
Lucie Berthezene et Laurence Lazerges, juges d’instruction à
Paris, d’avoir été les “ouvriers diaboliques” de ce déni de
justice en refusant la réalisation de plusieurs actes utiles à la
manifestation de la vérité et en sélectionnant minutieusement des
experts missionnés exclusivement pour exonérer toute responsabilité
des gendarmes.
Assa
Traoré
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire