lundi 22 juillet 2019

22 juillet 2019 : Zola, réveille-nous !




Nous ne tuons pas pour vivre, on n’est pas américains, nous. Nous tuons par conviction.
(Rezvani, Les Américanoïaques, C. Bourgois, 1970)



Aujourd'hui, ma grand-mère maternelle aurait eu 124 ans. C'est elle qui m'a appris le sens de la justice, quand j'étais enfant et adolescent. Je pense qu'elle serait horrifiée aujourd'hui, devant la violence institutionnelle en temps de paix. C'est en son nom que je reproduis le texte suivant, celui d'Assa Traoré, en mémoire de son frère Adama :



Le 13 janvier 1898, les mots d’Émile Zola résonnaient dans l’Aurore. Il réclamait dans l’affaire Dreyfus une justice que la France était incapable de rendre.

Le 17 juillet 2019, c’est dans ce même pays que moi, Assa Traoré, j’accuse à mon tour.
J’accuse les gendarmes, Romain Fontaine, Arnaud Gonzales et Mathias Uhrin, d’avoir tué mon frère Adama Traoré en l’écrasant avec le poids de leurs corps.
J’accuse les gendarmes de ne pas avoir secouru mon frère Adama Traoré et de l’avoir maintenu menotté face contre le sol de la gendarmerie au lieu de le secourir.
J’accuse les gendarmes d’avoir refusé de démenotter Adama Traoré en affirmant qu’il simulait alors qu’il était en train de mourir.
J’accuse Nathalie Baylot, adjudante au sein de la brigade de recherches de L’Isle Adam, d’avoir menti en affirmant qu’Adama Traoré avait agressé des gendarmes durant sa fuite.
J’accuse Yves Jannier, procureur de la République de Pontoise, d’avoir publiquement menti sur les causes de la mort d’Adama Traoré.
J’accuse François Molins, procureur de la République de Paris, d’avoir suggéré la thèse de l’effort intense comme cause de la mort d’Adama Traoré à un collège de médecins experts.
J’accuse Rodolphe Bosselut, avocat de Marine Le Pen et des gendarmes de la présente enquête, d’avoir accusé la famille Traoré de crier au racisme et de faire une instruction médiatique, ce qui est totalement faux.
J’accuse les médecins du service mobile d’urgence et de réanimation d’avoir inventé une addiction à l’alcool et aux stupéfiants d’Adama Traoré.
J’accuse Judith Trinquart, médecin légiste, d’avoir affirmé qu’Adama Traoré était décédé en raison d’une probable toxicomanie, d’un probable alcoolisme et d’infections.
J’accuse Julien Cappy, médecin légiste, d’avoir affirmé qu’Adama Traoré était décédé en raison d’une infection généralisée et de lésions cardiaques.
J’accuse Caroline Rambaud, médecin expert mandaté par la justice, d’avoir inventé une pathologie cardiaque comme cause de la mort d’Adama Traoré.
J’accuse Patrick Barbet, Marc Taccoen, Michel Denis et Michel Bernard, médecins experts désignés par les juges, d’avoir inventé des pathologies comme causes de la mort d’Adama Traoré, d’avoir ainsi violé leur déontologie médicale et piétiné le serment d’Hippocrate en affirmant qu’Adama Traoré était mort tout seul après avoir couru.
J’accuse Émilie Bruguière, juge d’instruction à Pontoise, d’avoir instruit uniquement dans l’intérêt des gendarmes en refusant aveuglément toutes les demandes d’enquête effective des parties civiles.
J’accuse Lucie Berthezene et Laurence Lazerges, juges d’instruction à Paris, d’avoir été les “ouvriers diaboliques” de ce déni de justice en refusant la réalisation de plusieurs actes utiles à la manifestation de la vérité et en sélectionnant minutieusement des experts missionnés exclusivement pour exonérer toute responsabilité des gendarmes.
Assa Traoré

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