vendredi 11 mars 2016

11 mars 2016 : Côte d'Ivoire : 24 février : en route vers l'intérieur



Notre pays est un cas flagrant de désert culturel. Nos concitoyens n'ont ni le temps ni les moyens de se cultiver. Ils sont maintenus dans un tel obscurantisme qu'ils ne peuvent prendre conscience de leur condition d'êtres humains ni de leur environnement. Le système a fait d'eux des zombies modernes. Tous bavent après les miettes qu'on leur jette avec parcimonie.

(Nangala Camara, Le printemps de la liberté, Le serpent à plumes, 2000)

24 février : Départ à 7 h du matin dans la grosse Honda prêtée par Baptiste, un ami de Lucile. Elle est soi-disant au top, révision faite et tout et tout. Mais elle a déjà été utilisée récemment par d'autres amis pour le même voyage, donc Lucile se méfie : ça s'abîme vite avec les pistes du pays. On s'arrête donc sur la rocade pour faire le plein d'essence et pour vérifier l'huile. L'employée vérifie : quasiment plus rien dans le réservoir de vidange, on achète donc deux bidons, car un ne suffit pas pour mettre à niveau ; on l'a échappé belle. Tant qu'à faire, je lui demande de vérifier aussi les autres niveaux, le réservoir de l'huile de direction est presque vide aussi (d'où les grincements du volant), nouveau bidon à acheter. Par contre, pour les freins, c'était bon. Je suis fasciné de voir une femme employée dans une station service et sachant pertinemment ce qu'il faut faire : bravo ! Pour la route, nous achetons une grande bouteille d'eau.
Man, tout à l'ouest et à mi-chemin entre le nord et le sud
Il est déjà 8 h quand nous franchissons le premier péage de l'autoroute pour Yamoussoukro, droit vers le nord. La route est en bon état, on traverse des zones boisées puis d'autres plus herbeuses, une sorte de savane avec de ci-de là quelques arbres : palmiers, cocotiers, papayers, tecks. Mais de nombreux brûlis montrent qu'en fait, c'est aussi le fruit du déboisement massif. La circulation est peu dense, rien à voir avec l'agglomération d'Abidjan.
arrêt dans un joli maquis pour nous rafraîchir
En contournant Yamoussoukro pour prendre vers l'ouest la direction de Man, nous apercevons de loin la fameuse basilique. Jusqu'à Daoula, la route est assez défoncée. Il faut slalomer entre les nids de poule, et la moyenne horaire baisse. Barrages policiers à l'entrée et à la sortie de la ville : on nous laisse passer. On refait le plein à Daoula, ville assez importante avec un grand marché. Nous y achetons des sandwiches pour pique-niquer un peu plus loin, au bord de la route, à l'ombre.
mosquée de village, près de la route
Ville suivante, Duékoué, où on bifurque de nouveau vers le nord. Là aussi, barrages policiers franchis sans encombre. Nous passons entre deux petites montagnes. Le paysage est plus varié. De temps en temps, des petits villages.
Enfin, mais il est déjà 16 h, nous arrivons à Man, traversons le marché démesuré (on a l'impression qu'il y a autant de marchands que de clients potentiels) jusqu'à l'Hôtel des Cascades. En tenant compte des arrêts, nous avons dû rouler pendant huit heures. Nous avons le dos et les fesses en capilotade. 
Nous occupons la chambre, nous nous mettons en maillot de bain, et hop, dans la piscine. La clientèle ici a l'air d'être constituée principalement d'hommes d'affaires, on voit aux tables proches des Ivoiriens en costard-cravate qui téléphonent ou consultent leur ordinateur. D'ailleurs, le soir, à côté du bar-night club qui jouxte l'hôtel, nous verrons de jeunes et jolies "entraîneuses", au cas où ces messieurs souffriraient du célibat "forcé" !
Puis, tant qu'il fait jour, nous sortons. Au passage, nous prenons langue avec Ahmed, guide "officiel", pour une randonnée au Mont Tonkoui demain matin, rendez-vous à 8 h demain matin. Nous allons déambuler dans Man, au travers du marché typiquement africain, constitué de petites baraques accolées les unes aux autres dans un labyrinthe inextricable. Dans cette foule intense de vendeurs et d'acheteurs (ces derniers paraissant moins nombreux que les premiers), nous sommes les seuls "blancs". Je remarque que les hommes se retournent au passage de Lucile. Elle me dit : "Ils te regardent aussi !"
fleurs du pays
Sans nous presser – d'ailleurs avec la chaleur locale (35° à l'ombre), il est impossible de marcher vite – nous revenons vers l'hôtel. Le chant du muezzin nous parvient. Nous nous installons à une des tables près de la piscine et commandons du poulet yassa (à la sénégalaise) avec des oignons.
Moi qui pensais trouver plus de fraîcheur ici, à la "montagne", nenni ! Il est vrai que Man est dans une cuvette, à 400 mètres d'altitude seulement, cernée par plusieurs montagnes.

À suivre...

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