Notre
pays est un cas flagrant de désert culturel. Nos concitoyens n'ont
ni le temps ni les moyens de se cultiver. Ils sont maintenus dans un
tel obscurantisme qu'ils ne peuvent prendre conscience de leur
condition d'êtres humains ni de leur environnement. Le système a
fait d'eux des zombies modernes. Tous bavent après les miettes qu'on
leur jette avec parcimonie.
(Nangala
Camara, Le printemps de la liberté, Le serpent à plumes,
2000)
24
février : Départ à 7 h du matin dans la grosse Honda prêtée
par Baptiste, un ami de Lucile. Elle est soi-disant au top, révision
faite et tout et tout. Mais elle a déjà été utilisée récemment
par d'autres amis pour le même voyage, donc Lucile se méfie : ça s'abîme vite avec les pistes du pays. On s'arrête
donc sur la rocade pour faire le plein d'essence et pour vérifier
l'huile. L'employée vérifie : quasiment plus rien dans le réservoir de
vidange, on achète donc deux bidons, car un ne suffit pas pour
mettre à niveau ; on l'a échappé belle. Tant qu'à faire, je lui demande de vérifier aussi
les autres niveaux, le réservoir de l'huile de direction est presque
vide aussi (d'où les grincements du volant), nouveau bidon à
acheter. Par contre, pour les freins, c'était bon. Je suis fasciné
de voir une femme employée dans une station service et sachant
pertinemment ce qu'il faut faire : bravo ! Pour la route, nous achetons une grande bouteille
d'eau.
Man, tout à l'ouest et à mi-chemin entre le nord et le sud
Il
est déjà 8 h quand nous franchissons le premier péage de
l'autoroute pour Yamoussoukro, droit vers le nord. La route est en
bon état, on traverse des zones boisées puis d'autres plus
herbeuses, une sorte de savane avec de ci-de là quelques arbres :
palmiers, cocotiers, papayers, tecks. Mais de nombreux brûlis montrent qu'en fait,
c'est aussi le fruit du déboisement massif. La circulation est peu
dense, rien à voir avec l'agglomération d'Abidjan.
arrêt dans un joli maquis pour nous rafraîchir
En
contournant Yamoussoukro pour prendre vers l'ouest la direction de
Man, nous apercevons de loin la fameuse basilique. Jusqu'à Daoula,
la route est assez défoncée. Il faut slalomer entre les nids de
poule, et la moyenne horaire baisse. Barrages policiers à l'entrée et à la sortie de la ville :
on nous laisse passer. On refait le plein à Daoula,
ville assez importante avec un grand marché. Nous y achetons des sandwiches pour pique-niquer un peu
plus loin, au bord de la route, à l'ombre.
mosquée de village, près de la route
Ville
suivante, Duékoué, où on bifurque de nouveau vers le nord. Là aussi, barrages policiers franchis sans encombre. Nous
passons entre deux petites montagnes. Le paysage est plus varié. De
temps en temps, des petits villages.
Enfin,
mais il est déjà 16 h, nous arrivons à Man, traversons le marché
démesuré (on a l'impression qu'il y a autant de marchands que de
clients potentiels) jusqu'à l'Hôtel des Cascades. En tenant compte
des arrêts, nous avons dû rouler pendant huit heures. Nous avons le
dos et les fesses en capilotade.
Nous
occupons la chambre, nous nous mettons en maillot de bain, et hop, dans la
piscine. La clientèle ici a l'air d'être constituée principalement d'hommes d'affaires, on voit aux
tables proches des Ivoiriens en costard-cravate qui téléphonent ou
consultent leur ordinateur. D'ailleurs, le soir, à côté du bar-night club qui jouxte l'hôtel, nous verrons de jeunes et jolies "entraîneuses", au cas où ces messieurs souffriraient du célibat "forcé" !
Puis,
tant qu'il fait jour, nous sortons. Au passage, nous prenons langue
avec Ahmed, guide "officiel", pour une randonnée au Mont Tonkoui demain matin,
rendez-vous à 8 h demain matin. Nous allons déambuler dans Man, au travers du
marché typiquement africain, constitué de petites baraques accolées
les unes aux autres dans un labyrinthe inextricable. Dans cette foule
intense de vendeurs et d'acheteurs (ces derniers paraissant moins nombreux que les premiers), nous sommes les seuls "blancs". Je
remarque que les hommes se retournent au passage de Lucile. Elle me
dit : "Ils te
regardent aussi !"
fleurs du pays
Sans
nous presser – d'ailleurs avec la chaleur locale (35° à l'ombre), il est impossible
de marcher vite – nous revenons vers l'hôtel. Le chant du muezzin
nous parvient. Nous nous installons à une des tables près de la
piscine et commandons du poulet yassa (à la sénégalaise) avec des
oignons.
Moi
qui pensais trouver plus de fraîcheur ici, à la "montagne",
nenni ! Il est vrai que Man est dans une cuvette, à 400 mètres d'altitude
seulement, cernée par plusieurs montagnes.
À suivre...
À suivre...
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