dimanche 24 mars 2013

24 mars 2013 : cargo 9 : escales 2, bidonvilles et iguanes


Le voyageur s'apparente au flibustier : il arrive, il voit, il prend, il s'en va. D'ailleurs, à y regarder de plus près, « flibustier », mot d'origine hollandaise, veut dire exactement « libre butineur », celui qui butine librement.

(Daniel Herrero, Partir : éloge de la bougeotte)



Puisque Herrero en parle, je reviens sur la pauvreté. Effectivement, si on ne veut pas en voir, il vaut mieux ne pas sortir de chez soi ! Mais j'ai suffisamment connu ça dans ma jeunesse pour n'en être pas effrayé : ça fait partie de la vie, et quand on va vers les pays du sud, on y est forcément confronté. À nous de ne pas étaler notre relative opulence et à se montrer simple, comme tout être humain devrait l'être ! C'est vrai, à la Jamaïque, à Kingston, à côté de beaux immeubles, les bidonvilles couvrent des km². Pas vu de bidonvilles à Carthagène, mais à Guayaquil, terrible, on arrive par le bras de mer ou de rivière, et avant d'arriver au port, sur trois bons kilomètres, ce sont des quantités de bidonvilles au bord même de l'eau et même sur pilotis... En fait, des cases en bois, avec toit en tôle ondulée, un peu comme il y avait en Guadeloupe, plus ou moins délabrées, en bord de l'eau, on se demandait comment ça tenait encore !


Guayaquil : le cargo s'avance maintenant majestueusement dans la rivière-baie-delta de Guayaquil. 

la rivière de Guayaquil, bordée de mangrove
 
Temps gris, j'espère que nous n'aurons pas la flotte. Janet nous dit que lors de ses deux précédentes escales, il pleuvait. J'enfilerai mes gros godillots, et s'il le faut, je mettrai ma grosse veste à capuche, car j'ai fait la sottise d'oublier d'emporter un k-way ! Arrivée impeccable, les deux remorqueurs nous poussant sur le quai. Tout le long de la rive, d'impressionnants bidonvilles. 

arrivée sur Guayaquil : bidonvilles au bord de l'eau 

Sans doute la première fois qu'on se sent dans le Tiers-monde. Le centre ville de Guayaquil a l'air assez éloigné, comme d'habitude, mais ce qui nous étonne le plus, c'est les habitations – bidonvilles à fleur d'eau – toutes proches. On voit les gamins se baigner dans les eaux qui ont pourtant l'air plutôt sales. Habituellement, le port est éloigné des habitations.

Puis, après avoir montré patte blanche aux agents portuaires, nous avons pris un taxi : le chauffeur nous annonce 10 $ pour la course. Chemin faisant, il nous apprend que c'est un jour férié, d'où le peu de circulation, et nous conduit devant la cathédrale de Guayaquil, avec mission de nous y retrouver à 17 h : mais c'est 20 $ en fin de compte et autant pour le retour ; Janet est furax. 

Guayaquil, la cathédrale
 
Jean et moi, plus philosophes, et déjà instruits par les expériences de Kingston et Carthagène, faisons la part des choses : après tout, ça fait moins de 7 $ par personne, et il faut bien que les hommes vivent. C'est là un aspect de la lutte des classes mâtinée de conflit Nord/Sud, il faut tondre les touristes, censés être riches, ce qui n'est pas tout à fait notre cas, nous sommes tout au plus aisés ; mais en tout cas, nous venons de pays riches.

Nous nous sommes donc promenés, notamment sur le malecon (promenade le long de la rivière) 

promenade au bord de la rivière
 
où était ancré un merveilleux trois-mâts école, 

le trois-mâts

 et où nous avons fait du shopping, Janet voulait offrir un tee-shirt à Ben, le messman, dont c'est l'anniversaire dimanche prochain (31 ans). J'ai participé au cadeau, finalement un polo, assez chic. Il faisait chaud (33° relevés sur une affiche digitale), mais en marchant sous les arcades ou sous les arbres du malecon, près du gros bras de la rivière, c'était très supportable. Petit arrêt (c'est incroyable comme je repère ces établissements !) devant la Biblioteca municipal,

la bibliothèque municipale, je suis entré voir, c'était bien fermé !
 
que je photographie de l'extérieur, mais qui est fermée au public ce jour.

Enfin nous sommes allés au square jardin, juste en face, avec la statue de Bolivar, et une quantité prodigieuse d'iguanes de toutes tailles, il y avait même des bébés-iguanes ! 

un iguane se promène devant les badauds

 Inutile de dire que la foule se pressait autour d'eux, même pour les toucher, alors que c'était bien indiqué « prohibido », le policier présent, bon enfant, laissant faire les enfants et les badauds. 

ben oui, j'aime monter aux arbres !

Ces iguanes montent aux arbres, et il y en avait parfois sur toutes les branches de certains, ils se confondaient avec la couleur grise des branches, et il fallait bien observer pour les soupçonner. Très beaux arbres du voyageur.

À part ça, Guayaquil ne présente pas beaucoup d'intérêt : là, c'était jour férié, pour cause de Carnaval, et il aurait fallu y rester le soir ! Et sauf très beau temps, je n'y redescendrai pas au retour. Encore faut-il se méfier du beau temps. Comme nous attendions sur un banc non loin du lieu de rendez-vous, Janet a soudain, vers 16 h 15, aperçu notre guide accompagnateur du chauffeur de taxi, Carlos – j'ai bien compris qu'il partage le gain avec le chauffeur, c'est aussi un petit boulot. On lui a fait signe, et bien nous en a pris, car à peine arrivé au cargo, le déluge s'est abattu sur la ville. Carlos nous disait qu'il pleuvait tous les jours. 

déluge sur la ville et vue du port, vus du master bridge

 Je le soupçonne fort d'avoir prévu la pluie et d'être passé nous chercher par avance, sinon, nous aurions été copieusement saucés.



À suivre...

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