mardi 14 septembre 2021

14.09.2021 : le poème du mois, Philippe Mathy

 

Un matin neuf comme le monde

(Jean Marcenac, Le cavalier de coupe, Gallimard, 1945)


  Je songe aux petits matins de Venise, avant les petits déjeuners à l’hôtel qui débutaient à 7 h 30 ; et où, levé à six heures parfois, j’allais d’abord faire un tour dehors dans les rues presque vides, en tout cas de touristes. Comme Venise est beaucoup plus à l’est que la France, le soleil se levait plus tôt, il faisait déjà jour, alors qu'à la même heurt je me retrouve ici encore dans la nuit !


 

Je vous propose en poème du mois, un extrait de Un automne au creux des bras, de Philippe Mathy, poète belge (éditions L’herbe qui tremble, 2019), en souvenir de mon long séjour en Poitou (1989-2011) et de ma randonnée de cyclo-lecteur dans le Marais à l’automne qui suivi la mort de Claire.


            MARAIS POITEVIN


La barque descend la conche

glisse sur le silence


Solitaire la rame

mélange l’eau

mêle des reflets qui s’évadent


Si les frênes têtards

secouaient leurs bras nus

pour agiter le ciel

le miroir où nous allons

parlerait en mots de soleil

trancherait de rires

nos visages

dans la clarté retrouvée

d’une vase qui se pose


 

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