Ça
n'existe pas, les porte-bonheur. Parce que le bonheur, c'est en soi
qu'on le porte.
(Mikaël
Ollivier, Le monde dans la main)
Une rapide compte rendu de mon déplacement actuel, sur lequel je reviendrai sans doute à mon retour à Bordeaux, prévu le 19 juin prochain. J'ai donc successivement marqué des arrêts à Montpellier (jeudi dernier), Villeneuve-lez-Avignon (vendredi et samedi), puis Paris (de dimanche à mercredi matin), et suis de retour à Montpellier.
Le
tout en train. Avec des activités et rencontres variées.
Lectures :
j'ai lu Haute solitude, de Léon-Paul Fargue, que m'a proposé
Mathieu ("L'ordre, c'est
l'orange fermée, le sommeil de la vierge, le silence des grands
fonds, le cœur inutile. Une maison en ordre, c'est une maison où
l'on aperçoit des fantômes assis en rond et devisant de morale dans
le grand salon, c'est une cuisine sans mouvements et sans odeurs."),
Le monde dans la main, de Mikaël Ollivier, excellent roman
que m'a proposé ma sœur Monique (un adolescent de seize ans voit sa vie
grippée par le départ de sa mère qui, un beau jour, "n'en
peut plus" et disparaît définitivement. Lui et son père
doivent reconsidérer leur vie, les secrets de famille se découvrent,
et chacun devra réapprendre à vivre. Superbe), Le
garçon incassable, formidable
roman de Florence Seyvos, sur les conseils de la radio et de la
presse (les vies parallèles de Henri, lourdement handicapé, et de
Buster Keaton, racontées par la demi-sœur d'Henri, devenue spécialiste du comique muet américain. Magnifique), et
commencé le deuxième volume du Journal
de Gide en Pléiade ("Les
honneurs ont commencé à me fuir. Ensuite j'ai fui les honneurs",
écrivait-il le 23 août 1926, bien des hommes de notre temps
pourraient en prendre de la graine !)...
Cinéma :
j'ai vu la deuxième partie de Shokuzaï,
le palpitant diptyque de Kurosawa (quatre fillettes ont assisté à
l'enlèvement suivi de meurtre d'une de leurs camarades d'enfance,
elles en sont traumatisées à vie, et doivent de plus composer avec
le mère de la fillette, désireuse de retrouver le meurtrier ;
l'essentiel du film se passe quinze ans après. Les quatre jeunes
femmes ont le plus grand mal à accepter les hommes. Suspense
garanti), le nouveau Gatsby le
magnifique, très bien fait,
mais exercice de style un peu vain, et l'excellent La
grande bellezza (= la grande
beauté), film italien dans lequel le héros, soixante-cinq ans,
ayant commis dans sa jeunesse un roman qui lui valut un succès
d'estime, s'est contenté par la suite d'être un journaliste et de
participer aux fêtes de la haute et futile société romaine :
fascinant hommage au Fellini de La
dolce vita et de Fellini
Roma.
Rencontres :
retrouvailles avec Jean, mon compagnon de cargo, chez sa compagne
Brigitte. J'ai animé chez eux un dîner-lecture où avaient été
conviées les amies de Brigitte, j'ai visionné les premiers essais
du futur dvd du voyage, ils m'ont emmené au théâtre antique
d'Orange assister à un spectacle musical dans la nuit provençale :
chœurs et orchestre pour les meilleures chansons de Michel Berger,
dont je ne connaissais qu'une faible partie, avec participation de
cinq solistes. Orchestration excellente, très bonne acoustique !
Deux jours passionnants dans une Provence au climat encore humide et
froid, rendu chaleureux par la rencontre. Merci, Jean, Brigitte,
Patricia et les autres...
À
Paris, AG de l'association de soutien aux Palestiniens à laquelle
j'ai adhéré. Les activités de l'année (comment réactiver les
actions de « Mission en Palestine », quand on sait que
les militants ne veulent pas cacher qu'ils vont là-bas pour voir les
Palestiniens, les soutenir et le proclament, ce qui les rend indésirables et
« blacklistés » en Israël, où pourtant ils doivent
passer, puisque la Palestine est ceinturée de murs et de barbelés, sans port ni aéroport, pays tout entier emprisonné. Et le projet de cet été : la suite
des actions du BDS (Boycott-Désinvestissement-Sanctions), projet
international visant à faire pression par le boycott sur Israël, pour faire cesser
l'occupation illégale des terres palestiniennes, dont le territoire
se réduit comme peau de chagrin... Je reste assez pessimiste sur
tous ces sujets, ce qui n'empêche pas qu'il faut faire quelque
chose ! "Il ne suffit pas d'être heureux ; il faut
que les autres ne le soient pas", notait Jules Renard dans son
Journal. On a l'impression que ça résume assez bien le conflit
israélo-palestinien.
Et,
avec mes cousins, je suis allé assister à un petit récital Mozart,
piano (deux sonates) et chant (lieder, airs d'opéras et airs
sacrés) dans l'île Saint-Louis. J'ai par ailleurs longuement fait
du vélo dans les rues de Paris et fait un saut à la Cinémathèque
voir l'exposition Jacques Demy. On y voit, entre autres documents,
les robes sublimes de Peau
d'âne. Et mardi midi, j'ai déjeuné avec une de mes condisciples de l'École des bibliothèques, petit retour sur un passé vieux de quarante-trois ans !
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