dimanche 9 avril 2023

9 avril 2023 : D'Artagnan, le héros de ma jeunesse

 

Ce n’est pas l’arrivée qui m’intéresse dans un chemin. Mais c’est le fait de marcher, d’être en mouvement. Stagner me fait peur !

(Esteban Moreno Corral, Les hommes oignons, Éd. de la Trémie, 2022)



Les Trois mousquetaires et moi, c’est toute une histoire. Je n’avais pas lu le livre quand je l’ai obtenu à la distribution des prix en fin d’année, cérémonie qui se passait traditionnellement au Théâtre municipal de Mont de Marsan. C’était en 1960, après la classe de 3ème, et le 1er prix d’histoire-géographie, que j’obtenais d’ailleurs chaque année, le seul prix d’ailleurs, car j’étais plutôt moyen dans beaucoup de matières et même faible dans certaines comme la physique-chimie ou les langues vivantes, mais excellent en histoire et en géographie.

C’était une édition intégrale parue chez Bordas en 1949, en deux volumes, quelque peu défraîchis, car le libraire local se débarrassait de ses invendus et les proposait au lycée pour la distribution des prix. Mais il y avait des gravures anciennes, une préface d’André Fraigneau, des annotations bien faites pour expliquer certaines notions historiques… J’étais ravi, Michel, mon frère aîné aussi, et nous avons lu livre avec un plaisir infini pendant les grandes vacances. Mon copain Alain m’avait dit, à la fin de la distribution des pris : « Tu nous l’apporteras à l’internat pour la rentrée. » C’était une grand lecteur et je lui dois beaucoup, car jusqu’en 5ème, je n’avais pas encore que très peu lu : dans une fratrie nombreuse, on joue ensemble beaucoup, et la lecture reste une activité individuelle et silencieuse.

L’occasion ne s’était pas présentée pour lui de lire ce livre. La bibliothèque de l’internat avait Vingt ans après, mais c’était la suite et il voulait lire le premier roman de la série d’abord. Aussi, à la rentrée de septembre, je débarquais avec mon bouquin, déjà lu par deux personnes, mon frère et moi. Le soir même, à l’étude du soir après le repas, où l’on avait le droit de lire autre chose que des livres de classe, Alain commença sa lecture. Ça lui prit un certain temps, plus de 550 pages écrites dans une typographie assez serrée. Mais un soir, il avait déniché une gravure assez affriolante, page 90 du tome 2 : il mit un marque-page et fit circuler le livre dans l’étude pour que tous les élèves voient la gravure. On y présente D’Artagnan dans le lit de Milady : pudiquement, il est en chemise, mais Milady est entièrement nue. 

la gravure de mon édition est nettement plus suggestive : je la mettrai pour la deuxième partie du film

Mon frère et moi n’y avions pas fait attention (on était moins délurés qu'Alain), mais effectivement, cette seule gravure fit sensation parmi les internes de la salle d’études qui avaient entre 14 (moi, le plus jeune) et 17 ans. Tous voulurent lire le livre, et je dus les inscrire sur mon cahier. À la fin de l’année, presque tous avaient lu Les Trois mousquetaires. Certains étaient déçus en s'apercevant que ce n'était pas un livre érotique et qu’en fait, la scène de la gravure (D’Artagnan découvrant le secret de Milady) est à peine suggestive, et il faut lire entre les lignes pour savoir qu’ils ont couché ensemble. Quant à moi et Alain, nous avons emprunté Vingt ans après, le roman suivant, et personnellement, je fus aussi enchanté de cette suite, bien que les héros ne soient plus aussi juvéniles.

Mon neveu Jérôme m’a invité à aller voir le nouveau film D’Artagnan avec lui en ce jour de Pâques. Et je n’ai pas été déçu, bien que le réalisateur ait accentué la noirceur du roman et inventé des scènes qui ne sont pas dans le roman mais qui auraient peut-être plu à Dumas, à mon avis. Nous avons passé un bon moment. Et nous verrons les deuxième volet en décembre.

J’ai gardé mon exemplaire de prix et je l’ai même fait relier vers 1976 en un seul volume, dos cuir, par notre relieur toulousain qui officiait pour la Bibliothèque centrale de prêt du Gers. Il voulait me remercier de lui donner somme toute pas mal de livres à relier et m’avait demandé si je n’avais pas un livre que j’avais envie de conserver ; je lui ai alors parlé de mon Alexandre Dumas, le seul de mes livres de prix que j’avais gardé. C’est lui qui a suggéré de relier ensemble les deux volumes, que je garde encore précieusement. Ça fait partie des livres de mon adolescence que j’ai relus avec une joie passionnée depuis que je suis en retraite. Comme j’ai relu les grands romans de mon adolescence. J’en relirai encore quelques-uns si Dieu me prête vie encore...

 

1 commentaire:

dasola a dit…

Bonsoir, j'avoue n'avoir jamais lu le roman de Dumas mais j'ai vu toutes les adaptation ciné ou télé (ou presque). Le dernier film en date se voit agréablement et j'attends aussi la suite en décembre. Un bon film de cape et d'épée. Bonne soirée.