Savoir
errer sans rien demander.
Sans
rien attendre.
(Michel
Dunand, Mourir d'aller)
On
dirait que mon voyage en cargo m'a rendu plus calme, plus disponible,
plus recueilli, plus proche de la joie – d'une joie intérieure,
bien sûr. En tout cas, j'ai été frappé, pendant ce nouveau
déplacement, intégralement en train, autocar et tram, avec passages
à vélo (Paris) et en voiture (famille et amis), Bordeaux –
Montpellier – Villeneuve-lez-Avignon – Paris – Castelnau-le-Lez
– Pignan – Bédarieux – Bordeaux, par ce que, faute de mieux,
j'appelle ma joie : j'avais l'impression de rayonner ; bien
entendu, seuls les personnes que j'ai visitées peuvent me dire si je
rayonnais réellement. Ou alors, ce sont peut-être elles qui
rayonnaient ?
Pour
prendre la suite de ma page précédente, disons qu'après Paris,
j'ai été superbement reçu à Montpellier par les élèves de ma
sœur Monique à qui j'ai fait la lecture (trois groupes : deux le
jeudi, un le vendredi), avec qui j'ai assisté à un ciné-club,
ainsi qu'à une formidable lecture de Monique elle-même sur
Le jobard
de Michel Piquemal, très beau roman pour la jeunesse. Puis avec mes
cousins de Pignan nous sommes allés au Festival des fanfares de
Montpellier (samedi) puis en balade en bord de mer à
Palavas-les-Flots (dimanche), et j'ai lu à leurs deux enfants les livres
que je leur avais achetés à l'excellente librairie Nemo de
Montpellier. Enfin, j'ai retrouvé à Bédarieux l'ami J.-Y., plus
végétarien que jamais, qui m'a fait visiter Lamalou-les-Bains (j'ai
pu constater que cette commune thermale propose en juillet-août et
pour Noël un Festival d'opérettes !) et m'a entraîné en
promenade dans les garrigues voisines couronnées de genêts (je n'en
avais jamais vus autant), ainsi que sur la voie verte qui mène de
Bédarieux à Mazamet (à faire à vélo un jour ?), où la
pluie nous a surpris lors d'une longue marche, en compagnie du chien Uki.
Visite aussi de la Médiathèque de Bédarieux et de l'espace d'Art
contemporain, qui présentait une exposition de l'artiste allemande
Barbara Schroeder qui, paraît-il, vit à Bordeaux : le monde
est petit !
Pour
finir, ce matin, j'ai repris le car pour Béziers et pu ainsi aider
un couple de Néerlandais à la gare. Car notre car remplaçant le
train Bédarieux-Béziers est arrivé avec quarante minutes de retard, et
ils ont raté leur correspondance pour Toulouse. J'ai donc servi d'interprète
auprès des employés SNCF pour l'échange de billets et les
rassurer. Ils habitent à Lunas, nous avons échangé nos adresses. Le
monsieur est handicapé par la maladie de Parkinson.
J'ai
aussi pas mal lu pendant ce séjour, trois romans jeunesse de Mikaël
Ollivier que m'a fait découvrir Monique, tous excellents, en particulier La vie, en gros que les un peu
trop gros devraient lire avec bonheur, le beau
recueil de poésie de Michel Dunand, acheté l'an dernier à Sète :
Mourir
d'aller,
les subtiles nouvelles de la Charentaise Catherine Ternaux : Les
cœurs fragiles,
et continué le fabuleux
Journal
de Gide, dans lequel j'ai relevé de nombreux passages pour mon livre de
citations. Celle-ci, par exemple, me paraît éclairante, et
d'actualité : "Quand
nous aurons compris que le secret du bonheur n'est pas dans la
possession mais dans le don, en faisant des heureux autour de nous,
nous serons plus heureux nous-mêmes. – Pourquoi, comment, ceux qui
se disent chrétiens, n'ont-ils pas compris davantage cette vérité
initiale de l'Évangile ?"
(2 janvier 1928). Et j'ai aussi vu à Montpellier un extraordinaire film canadien anglais, Blackbird, qui se passe en grande partie en prison.
Et
pour achever de me mettre en joie, qu'est-ce que je trouve en colis à mon retour ? Mon recueil de poèmes, Le
temps écorché,
qu'a publié L'Harmattan, et dont ils m'envoient les exemplaires
d'auteur. Il est très beau. Ils ont simplement oublié d'indiquer
l'auteur de l'illustration de couverture, et j'espère que Christine
Mehring, auteur de la photo (ce qui rend la couverture superbe), ne
m'en voudra pas. Et il ne coûte que 12 €, pour environ 120 pages.
On peut l'apercevoir sur leur site :
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=40572.
Il me reste à en commander quelques exemplaires pour offrir à la
famille et aux amis : d'ailleurs, de nombreux poèmes sont
dédiés aux uns ou aux autres. Je compte sur vous pour en faire la
réclame, vous, mes lecteurs occasionnels ou permanents. Pour vous en
donner une idée, voici un des poèmes :
Dernière
étoile
pour
ceux qui se lèvent tôt
quand
l'aube se met en marche
une
dernière étoile s'égosille dans le bleu incertain
le
ciel se brise sur les arbres plissés
la
nuit pousse son dernier cri :
déchirure
l'étoile
achève sa page d'écriture
elle
se découd
elle
referme ses volets
et
va dormir ailleurs
Il
s'agit donc, comme vous le voyez, de poésie contemporaine, qui ne rime pas, avec des vers
de longueur variable, parfois des poèmes en prose, la plupart sont
assez brefs, seuls quelques-uns font plus d'une page. Mais une poésie tout à fait accessible. À déguster
sereinement, et avec lenteur, un seul poème à la fois. Je pourrai
en fournir à 10 € à ceux qui voudront m'en commander pour offrir
à leurs amis. Et j'attends aussi de vous la possibilité de faire
des animations autour du recueil, si vous voyez près de chez vous un
lieu (bibliothèque, librairie, lieu associatif, établissement
scolaire) pouvant m'accueillir. Auquel cas, au lieu de vous envoyer
un seul exemplaire dédicacé, je vous en enverrai un second pour le
lieu potentiel d'accueil.
Mon père aurait eu 93 ans aujourd'hui.
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