mercredi 19 juin 2013

19 juin 2013 : la joie


Savoir errer sans rien demander.

Sans rien attendre.

(Michel Dunand, Mourir d'aller)





On dirait que mon voyage en cargo m'a rendu plus calme, plus disponible, plus recueilli, plus proche de la joie – d'une joie intérieure, bien sûr. En tout cas, j'ai été frappé, pendant ce nouveau déplacement, intégralement en train, autocar et tram, avec passages à vélo (Paris) et en voiture (famille et amis), Bordeaux – Montpellier – Villeneuve-lez-Avignon – Paris – Castelnau-le-Lez – Pignan – Bédarieux – Bordeaux, par ce que, faute de mieux, j'appelle ma joie : j'avais l'impression de rayonner ; bien entendu, seuls les personnes que j'ai visitées peuvent me dire si je rayonnais réellement. Ou alors, ce sont peut-être elles qui rayonnaient ?

Pour prendre la suite de ma page précédente, disons qu'après Paris, j'ai été superbement reçu à Montpellier par les élèves de ma sœur Monique à qui j'ai fait la lecture (trois groupes : deux le jeudi, un le vendredi), avec qui j'ai assisté à un ciné-club, ainsi qu'à une formidable lecture de Monique elle-même sur Le jobard de Michel Piquemal, très beau roman pour la jeunesse. Puis avec mes cousins de Pignan nous sommes allés au Festival des fanfares de Montpellier (samedi) puis en balade en bord de mer à Palavas-les-Flots (dimanche), et j'ai lu à leurs deux enfants les livres que je leur avais achetés à l'excellente librairie Nemo de Montpellier. Enfin, j'ai retrouvé à Bédarieux l'ami J.-Y., plus végétarien que jamais, qui m'a fait visiter Lamalou-les-Bains (j'ai pu constater que cette commune thermale propose en juillet-août et pour Noël un Festival d'opérettes !) et m'a entraîné en promenade dans les garrigues voisines couronnées de genêts (je n'en avais jamais vus autant), ainsi que sur la voie verte qui mène de Bédarieux à Mazamet (à faire à vélo un jour ?), où la pluie nous a surpris lors d'une longue marche, en compagnie du chien Uki. Visite aussi de la Médiathèque de Bédarieux et de l'espace d'Art contemporain, qui présentait une exposition de l'artiste allemande Barbara Schroeder qui, paraît-il, vit à Bordeaux : le monde est petit !

Pour finir, ce matin, j'ai repris le car pour Béziers et pu ainsi aider un couple de Néerlandais à la gare. Car notre car remplaçant le train Bédarieux-Béziers est arrivé avec quarante minutes de retard, et ils ont raté leur correspondance pour Toulouse. J'ai donc servi d'interprète auprès des employés SNCF pour l'échange de billets et les rassurer. Ils habitent à Lunas, nous avons échangé nos adresses. Le monsieur est handicapé par la maladie de Parkinson.

J'ai aussi pas mal lu pendant ce séjour, trois romans jeunesse de Mikaël Ollivier que m'a fait découvrir Monique, tous excellents, en particulier La vie, en gros que les un peu trop gros devraient lire avec bonheur, le beau recueil de poésie de Michel Dunand, acheté l'an dernier à Sète : Mourir d'aller, les subtiles nouvelles de la Charentaise Catherine Ternaux : Les cœurs fragiles, et continué le fabuleux Journal de Gide, dans lequel j'ai relevé de nombreux passages pour mon livre de citations. Celle-ci, par exemple, me paraît éclairante, et d'actualité : "Quand nous aurons compris que le secret du bonheur n'est pas dans la possession mais dans le don, en faisant des heureux autour de nous, nous serons plus heureux nous-mêmes. – Pourquoi, comment, ceux qui se disent chrétiens, n'ont-ils pas compris davantage cette vérité initiale de l'Évangile ?" (2 janvier 1928). Et j'ai aussi vu à Montpellier un extraordinaire film canadien anglais, Blackbird, qui se passe en grande partie en prison.

Et pour achever de me mettre en joie, qu'est-ce que je trouve en colis à mon retour ? Mon recueil de poèmes, Le temps écorché, qu'a publié L'Harmattan, et dont ils m'envoient les exemplaires d'auteur. Il est très beau. Ils ont simplement oublié d'indiquer l'auteur de l'illustration de couverture, et j'espère que Christine Mehring, auteur de la photo (ce qui rend la couverture superbe), ne m'en voudra pas. Et il ne coûte que 12 €, pour environ 120 pages. On peut l'apercevoir sur leur site : http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=40572. Il me reste à en commander quelques exemplaires pour offrir à la famille et aux amis : d'ailleurs, de nombreux poèmes sont dédiés aux uns ou aux autres. Je compte sur vous pour en faire la réclame, vous, mes lecteurs occasionnels ou permanents. Pour vous en donner une idée, voici un des poèmes :



Dernière étoile



pour ceux qui se lèvent tôt





quand l'aube se met en marche

une dernière étoile s'égosille dans le bleu incertain

le ciel se brise sur les arbres plissés

la nuit pousse son dernier cri :

déchirure



l'étoile achève sa page d'écriture

elle se découd

elle referme ses volets

et va dormir ailleurs


Il s'agit donc, comme vous le voyez, de poésie contemporaine, qui ne rime pas, avec des vers de longueur variable, parfois des poèmes en prose, la plupart sont assez brefs, seuls quelques-uns font plus d'une page. Mais une poésie tout à fait accessible. À déguster sereinement, et avec lenteur, un seul poème à la fois. Je pourrai en fournir à 10 € à ceux qui voudront m'en commander pour offrir à leurs amis. Et j'attends aussi de vous la possibilité de faire des animations autour du recueil, si vous voyez près de chez vous un lieu (bibliothèque, librairie, lieu associatif, établissement scolaire) pouvant m'accueillir. Auquel cas, au lieu de vous envoyer un seul exemplaire dédicacé, je vous en enverrai un second pour le lieu potentiel d'accueil.
Mon père aurait eu 93 ans aujourd'hui.

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