la colonisation, je le répète, déshumanise l’homme, même le plus civilisé
(Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme,Présence africaine, 1955)
GAZA : L’HÉROÏSME DES PÊCHEURS QUI CONTINUENT
À ALIMENTER LA POPULATION
Il se passe rarement une journée sans que les 4000 pêcheurs de Gaza, qui nourrissent 50.000 familles, soient attaqués par la marine de guerre israélienne.
La semaine dernière, la marine militaire israélienne a tenté de noyer un pêcheur palestinien et sa barque dans les eaux de Gaza, en les inondant d’eaux d’égout ! Le pêcheur, Mohammad Adel Abu Rayala, s’est évanoui et a dû être transporté et traité à l’hôpital, tandis que son bateau est endommagé.
En moins d’un an, 22 bateaux de pêches palestiniens ont été confisqués par Israël et 71 pêcheurs ont été détenus. Israël a ouvert le feu 139 fois sur des pêcheurs, blessant 24 d’entre eux et abîmant 24 de leurs bateaux, rapporte le Centre al-Mezan pour les droits de l’Homme. Chaque semaine Israël met en prison 2 pêcheurs. Ils sont souvent relâchés en mer après leur arrestation et doivent rejoindre la côte, parfois à la nage quand leur bateau est confisqué.
« Les Israéliens confisquent notre matériel, nos bateaux, nos filets. Nous subissons des interrogatoires et quand ils nous relâchent nous devons revenir à la nage. Imaginez sur 400 mètres : nombreux sont ceux qui se noient. Ils sont passés maîtres dans les techniques de torture qui ne laissent aucune trace. »
Les assassinats et enlèvements des pêcheurs viennent s’ajouter à la longue liste de leurs souffrances. Israël interdit aux Palestiniens de pêcher dans leurs eaux territoriales et ils ne doivent pas s’éloigner à plus de 6 miles marins (10 km), parfois seulement 3 miles (là où l’on ne trouve plus de poisson depuis des années), malgré les accords d’Oslo qui prévoyaient une distance de 20 miles.
En fait, la zone de pêche autorisée par Israël n’a cessé de diminuer au fil des ans. De 20 miles en 1995, lors des accords d’Oslo, ce chiffre est descendu à 3 miles en 2011, avant de remonter à 6 miles, après l’attaque israélienne de novembre 2012.
« C’est une victoire de la résistance, mais elle est loin d’être respectée par Israël qui nous attaque fréquemment, même quand nous ne dépassons pas cette limite. Il faut savoir que les poissons ne sont présents qu’au-delà des 8 miles, là où commencent les roches sous-marines », indique Nizar Ayyash, président du syndicat des pêcheurs.
La pêche subit de ce fait une perte annuelle estimée à 40 millions de dollars US. Et la destruction des tunnels prive les pêcheurs de la fibre de verre nécessaire à la réparation des impacts de balles dans les coques de leurs bateaux et de pièces de rechange pour leurs bateaux.
« Nous sommes passés d’une production de 4000 tonnes à un millier de tonnes seulement. A Gaza, on ne trouve presque plus de poisson « bleu » (sardines, maquereaux), et encore moins les poissons de qualité supérieure tel que le mérou.
En outre, l’univers marin est fortement mis sous pression, car à force de pêcher aux mêmes endroits, les ressources de la mer n’ont pas le temps de se renouveler. Le prix du poisson est par conséquent phénoménal : les classes les plus défavorisées – donc une majorité de la population – ne peuvent consommer du poisson que 3 fois par an, et la malnutrition devient chronique », précise Nizar Ayyash. Ceci alors que 80% de la population souffre d’insécurité alimentaire, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.
Et tout cela pour quelle raison ?
« Parce qu’Israël veut nous transformer en mendiants », répond Nizar Ayyash. Parce qu’Israël, en l’absence de sanctions, pratique un génocide à petit feu de la population palestinienne. Nos gouvernements de droite comme de « gauche » y contribuent, sans parler de la collaboration sans faille de la dictature militaire égyptienne du maréchal Al-Sissi, dont les soldats ne sont pas les derniers à ouvrir le feu sur les embarcations gazaouies, à blesser et capturer des pêcheurs palestiniens. Des actes de torture ont également été constatés de leur part, des pêcheurs revenant avec des brûlures de cigarettes sur le corps, les yeux noirs, des plaies et des contusions.
Le syndicat des pêcheurs de Gaza demande que la communauté internationale intervienne et fasse respecter les Conventions de Genève, leur permettant de circuler librement dans leurs eaux. Il réclame également qu’Israël restitue aux pêcheurs les centaines de bateaux confisqués et les dédommage pour les bateaux, filets de pêche et l’ensemble du matériel endommagés.
Le film Yallah Gaza de Roland Nurier (auteur de Le char l’olivier, une autre histoire de la Palestine) en préparation en parlera !
Voir le teaser long :
https://vimeo.com/manage/videos/666782014 (Mot de passe : HRP69210)
J’ai envie de crier : Gaza, Gaza, Gaza, et je sens que je vais encore me faire des ennemis avec cette nouvelle page de blog, qui vient de l’Association France-Palestine-Solidarité (AFPS)
Sans commentaires ! Vous comprenez pourquoi j'apporte un soutien sans faille aux Palestiniens !
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