À Calais, des milliers de réfugiés vivent et dorment dans le froid et la boue, sous la pluie, couchant à même le sol. Chaque jour, ces personnes se font frapper, harceler, voler leurs affaires, expulser. Les forces de l’ordre et autres entreprises de « sécurité » viennent déchirer leurs tentes et les taillader au couteau, même dans le froid glacé. Lequel en leur sein refuse cet ordre qui devrait humilier leur conscience ?
(Ludivine Bantigny, L’ensauvagement du capital, Seuil 2022)
Écoutons Leny Escudero, et ce qu’il disait en 1993 : https://www.youtube.com/watch?v=o4kU1R3y45M.
C’est dur de se dire que non seulement le progrès ne profite qu’aux pires filous de la planète, justement avides de profit, mais qu’en plus on en fait le plus mauvais usage, de ce prétendu progrès, et que bientôt, nous oublierons notre sentiment d’humanité, qui, selon Ludivine Bantigny dans son livre, serait "tombé très très bas ; le seuil de tolérance aussi. C’est ce qu’on peut par-dessus tout redouter : notre degré d’indifférence comme une pente lente sur laquelle on dévale, la tête la première puis le corps tout entier".
Y a pas de doute, oui, on est tombé bien bas. Ludivine se réfère à notre devise républicaine :« "Liberté, égalité, fraternité" : c’est beau comme devise », avait dit après la Commune [de 1871] un homme que j’aime, Maxime Lisbonne1. « Dommage qu’elle soit platonique. » Je viens de lire un livre intitulé Les non-frères au pays de l’égalité (Réjane Sénac, Presses Science Po, 2019, écrit en écriture inclusive, et donc peu lisible, j’ai eu le courage d’aller jusqu’au bout !2) qui montre bien que l’égalité n’est pas pour tout le monde dans notre beau pays, notamment pas pour les femmes, pas pour les immigrés et leurs descendants, pas pour les pauvres et les sdf.
Que nous dirait Leny Escudero aujourd'hui, par exemple sur les migrants de Calais ? Sur la manière dont on les harcèle, en catimini d’ailleurs ?
Il nous reste à écouter ses chansons aussi, par exemple un concert entier enregistré en 1991 : https://www.youtube.com/watch?v=U_8hMxhcLcY
1 Né en 1839 et mort en 1905, Maxime Lisbonne fut un des défenseurs de la Commune de 1871 et fut déporté en Nouvelle Calédonie, comme Louise Michel. Didier Daenincks en fait un des héros de son excellent roman Le banquet des affamés (Gallimard, 2012)
2 Exemple de phrase : "La tentation est grande de justifier l'inclusion des femmes et des racialisé.e.s pour les mêmes raisons qu'ils.elles ont été exclu.e.s, à savoir au nom de leur différence et non parce qu'elles.ils sont reconnu.e.s comme des éga.ux.les, des politiquement semblables". Comprenne qui pourra !
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