jeudi 18 novembre 2021

18 novembre 2021 : consommation addictive

 

Je pense depuis longtemps déjà que si un jour les méthodes de destruction de plus en plus efficaces finissent par rayer notre espèce de la planète, ce ne sera pas la cruauté qui sera la cause de notre extinction, et moins encore, bien entendu, l’indignation qu’éveille la cruauté, ni même les représailles de la vengeance qu’elle s’attire… mais la docilité, l’absence de responsabilité de l’homme moderne, son acceptation vile et servile du moindre décret public. 

(Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne, Flammarion, 2019)



La COP 26 (ou 27, je ne sais plus, et je m’en fous) vient de s’achever, sans que personne (à ma connaissance) ne lève le plus petit doigt pour dénoncer la débauche énergétique que nous subissons et peut-être acceptons (tous) : électricité à tire-larigot. Alors même qu’on sait maintenant que les sources d’énergie en sont pas inépuisables. Et que certaines sont très polluantes : celles qui proviennent du charbon, du pétrole, mais aussi en déplaise à ses thuriféraires, du nucléaire, dont les déchets sont une catastrophe à venir.

J’ai reçu récemment le catalogue d’une société de vente par correspondance : Idées cadeaux, qui est très signifiant en matière de débauche d’énergie (sur secteur ou sur piles). Il propose près d'une centaine d'objets nécessitant du courant électrique :

* chauffage d’appoint infrarouge

* service à fondue électrique

* cuisinéo air pulsé « 10 en 1 » (remplace four, friteuse, rôtissoire…)

* station météo multimédia

* vidéoprojecteur lecteur dvd

* barre de son Supervoice®

* trottinette électrique confortable

* tire-bouchon automatique rechargeable

* simulateur de marche !

* thermomètre mural sans contact (pour prendre sa température : suffit de poser le front à proximité)

* étendoir électrique soufflant

* aspirateur-balai sans fil

* maxi loupe lumineuse

* ardoise tactile lcd

* montre santé confortable (c’est-à-dire connectée)

* déshumidificateur électrique

* lampadaire « lumière du jour »

* fauteuil-releveur massant/chauffant (tiens, c’est peut-être pour moi dans un futur pas éloigné)

* poubelle qui se désinfecte toute seule

* horloge-calendrier radio-pilotée

* masseur pieds bien-être

* tapis de marche (remplace la vraie marche à l’extérieur)

* robot-aspirateur

* friteuse « sans huile »

* robot lave-vitre

* aspirateur souffleur broyeur (faut avoir un jardin et des arbres)

* combiné TV-DVD

* machine multi-capsules (café, thé, chocolat…)

* thermo-green électrique (contre les mauvaises herbes ! Elles sont si nombreuses dans un appartement)

* caméra de surveillance wi-fi

* chasse-nuisibles électrique

* grille-pain horizontal universel

* souris intelligent sans fil (écrivez… avec votre voix !)

* mini-chaîne numérique

* aspirateur anti-acariens

* oxymètre

* cheminée décorative « feu d’eau » (non contente d’imiter un feu, cette machine humidifie une atmosphère trop sèche !)

* l’officiel du scrabble® électronique

* machine à pain

* radio-réveil à projection (il projette l’heure au plafond ou sur mur d’une pression !)


N’en jetez plus ! Et je ne cite pas les ordinateurs, instruments de musique électronique, téléphones, smartphones, rasoirs, perceuses, postes de radio… Tout cela fonctionnant sur secteur ou à pile. Je vous fais grâce des commentaires qui accompagnent chaque objet, c’est involontairement comique, et j’ai bien ri, presque autant que quand nous lisions à haute voix à la Bibliothèque départementale du Gers le Manuel de savoir vivre d’une certaine baronne (de Rothschild, je crois) dans les années 70. Bien sûr, je riais jaune.

Mais maintenant, c’est grave. C’est bien beau de vouloir être sobre en consommation énergétique, mais comment faire quand on vous pousse sans cesse à acquérir des objets qui consomment de l’électricité ? Comme si on avait besoin de tous ces objets, dont une bonne part ne fait pas partie de l’indispensable, loin de là...

Bref, la consommation d’énergie n’est pas près de décroître. Hélas... 


Et relisons Bernanos, non seulement le romancier du Journal d’un curé de campagne, mais aussi l’essayiste et son extraordinaire Les grands cimetières sous la lune.


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