quelle que soit notre destination, nous voyageons toujours vers ce but. « Peu importe où je suis », où je suis m’est égal. Je suis.
(Olga Tocarczuk, Les pérégrins, trad. Grażina Ehrard, Noir sur blanc, 2010)
Je suis, nous dit Olga Tocarczuk, et peu importe où je suis : et, quand on voyage, quand on pérégrine, quand ou vagabonde, jamais ne se pose la question du lieu. Mais on n’est jamais autant soi-même, et on peut dire je suis à tout moment. Le fait d’être déconnecté de son quotidien nous fait prendre conscience du fait d’être, tout simplement, de savourer ce fait, et cela nous donne des forces pour continuer à vivre et peut-être à aider un peu les autres : car nous n’oublions qu’aider, aimer les autres, c’est aussi s’aider et s’aimer. Et ceci, qu’on soit dans le train, dans le bus, chez quelqu’un ou à l’hôtel…
avant mon départ, déménagement de l'expo du Chat de Gelluck sur les quais
Mon premier arrêt fut à Toulouse : Anne et Alain (et leur fils Nicolas, devenu un grand jeune homme, en classe prépa), Marie-France et Lenny, m’ont très aimablement reçu, comme à l’accoutumée, et j’ai pu voir aussi mon beau-frère Jean-François, en convalescence dans une maison de santé avant d’intégrer un EHPAD peu après mon départ. Un petit aperçu de ce qui m’attend. Si le COVID le permet, et si mon beau-frère l’accepte, je pense que je remplacerai mes courts séjours réguliers de Poitiers par des séjours équivalents à Toulouse, afin de lui rendre visite plus souvent.
Puis je suis allé dans l’Hérault, à Lodéve tout d’abord, charmante petite bourgade où les beaux-parents de ma fille ont choisi de passer leur retraite : ils y sont bien intégrés, elle est même conseillère municipale. Ils m’ont emmené dîner à 70 ou 80 km de là sur l’étang de Thau, à Bouzigues, au restaurant Le Marin. Comme il se doit, on mangé des produits de la mer : excellent. De chez eux, je suis allé retrouver mon ami J.-Y. à Bédarieux, autre petite bourgade un peu plus à l’est, sur les contreforts des Cévennes occidentales. Nous avons fait une longue promenade pédestre (avec un très beau temps qui faisait ressortir les couleurs jaunes, orangées et rouges de l’été indien sur les collines) en remontant la vallée de l’Orb, et mangé dans un restaurant associatif végétarien bio : succulent. D’après le sms qu’il m’a envoyé, j’ai su que ma visite avait requinqué son moral, car il ne voit plus grand-monde. Les cars de l’Hérault m’ont permis d’aller faire ces deux rencontres très simplement et pour un prix modique : 1 euro 60 quelle que soit la distance, qui dit mieux ?
J’ai revu ensuite les cousins de Claire à Pignan et leurs deux enfants Guilhem (en terminale) et Isabelle (en seconde), qui ont bien grandi aussi depuis mon dernier passage. J’ai pu visiter la Médiathèque de Pignan et discuter avec un bibliothécaire. Visite-éclair un peu courte, mais très chaleureuse et conviviale : j’essaierai de les revoir en Aveyron l’été prochain. Puis, le dimanche je suis allé chez ma sœur Monique et mon beau-frère qui avaient préparé un sauté de veau particulièrement réussi. Ils m’ont emmené ensuite voir ma nièce Milena qui occupe avec son compagnon une villa sur la commune de Grabels. Bel après-midi ensoleillé et conversation intéressante.
Enfin, toujours à Montpellier, j’ai rendu visite à Philippe Bouquet, qui fut professeur d‘anglais à l’Université de Caen, et surtout traducteur infatigable du suédois : il fit connaître en France la littérature prolétarienne suédoise (sujet de sa thèse) dont il traduisit de nombreux auteurs, parmi lesquels le prix Nobel Harry Martinson et le formidable auteur des Chemins de l’émeraude, Joseph Kjellgren ; il introduisit aussi en France le polar nordique avec le duo Maj Sjöwall et Per Wahlöö ainsi que l’écrivain Henning Mankell, fit connaître des phares du roman suédois, entre autres Björn Larsson (auteur de romans maritimes), Vilhelm Moberg (la célèbre série des Émigrants), ou des écrivains inclassables comme Stig Dagerman (dont il présenta des essais comme La dictature de chagrin ou Notre besoin de consolation est impossible à rassasier). Comme j’avais écrit un petit texte sur Joseph Kjellgren dans mon D’un auteur l’autre (L’Harmattan, 2009), il prit contact avec moi ; j’allais le voir dans sa maison du Mans, et nous devînmes amis. Il a déménagé à Montpellier en 2020. Et je n’allais pas manquer de lui rendre visite. Ce fut émouvant. Il m’emmena manger très bien au restaurant Les gourmands. Ensuite, nous avons vu ensemble un film de Luis Buñuel. Ce fut un grand moment de mon périple, car, bien que diminué et se demandant ce qu’il fait encore sur cette terre, j’ai pu lui apporter la chaleur de mon amitié. J’étais le premier ami à lui rendre visite depuis le covid !
J’ai continué ensuite par Lyon, où Jean, mon compagnon de cargo de 2013 (voir mon blog du 12 au 23 mars 2013), me reçut avec les honneurs, ayant mitonné pour moi quelques petits plats de sa façon. Il m’a montré le volume imprimé de ses souvenirs de jeunesse, agrémenté de nombreuses photos, qu’il a réalisé pour ses enfants et sa famille. Je lui en ai commandé un pour moi, que je recevrai pour le Nouvel an. Car nous avons décidé avec Fortune, autre compagne de voyage, rencontrée en 2012, lorsque je suis allé à Tanger (voir mon blog du 5 au 8 mars 2012), de fêter une fois encore l’an nouveau à Lyon. Comme d’habitude, elle nous a reçus le dimanche midi avec un couscous (cuisiné par son ami kabyle Youssef) auquel elle avait convié aussi trois amis, dont Alexandre, 90 ans, qui nous a bien fait rire avec ses contrepèteries et calembours,
Enfin, je me suis dirigé vers Clermont-Ferrand où m’attendait Mathieu, qui m’avait convié à participer avec lui à un atelier d’écriture dans le café associatif Les Augustes. J’ai sorti deux textes pas fameux dont je tirerai peut-être quelque chose. Puis nous avons dîné dans un restaurant chinois fort sympathique avant qu’il ne m’emmène chez lui découvrir son repaire.
Le massif central en Corrèze
Il
ne me restait plus qu’à revenir à Bordeaux par le Flixbus, d’où
j’ai pu admirer les couleurs flamboyantes de l’automne corrézien.
J’ai bénéficié d’un temps exceptionnel pendant toute ma
balade, j’étais particulièrement déstressé, j’ai
formidablement bien dormi, ça m’a fait un bien fou de revoir un
certain nombre de personnes (famille et amis) pas vus depuis deux ans,
de renforcer des liens, et de rencontrer de nouvelles têtes…
J’étais
heureux, j'en ai oublié de faire des photos, j’ai même oublié le covid (dont je préférais ne pas
parler) et rencontré plusieurs personnes (un homme et deux femmes)
non vaccinées à qui je n’ai rien reproché : elles avaient
leurs raisons que je respectais. Et abandonne-t-on de la famille ou
des amis, sous prétexte qu’ils ou elles ne me présentent pas un
passe sanitaire en bonne et due forme ? Dans quel monde vit-on ?
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