mercredi 3 novembre 2021

3 novembre 2021 : Cinémed de Montpellier 2021

 

L’absurde cupidité humaine, avec ses distinctions de jouissance et de propriété, croit que rien n’est à elle de ce qui est à tout le monde ; le sage au contraire estime que rien n’est mieux à lui que les choses qu’il partage avec le genre humain, qui ne seraient pas communes si chacun n’y avait sa part, et il fait sienne jusqu’à la moindre portion de cette communauté.

(Sénèque, Éloge de l’oisiveté, trad. Joseph Baillard, Mille et une nuits, 2015)


Je suis revenu depuis une semaine. Il est temps que je me raconte. Car voyager – ou vagabonder comme je crois que c’est ma façon de me balader - est aussi un partage, car j’ose croire comme dit Sénèque que je « fais mienne jusqu’à la moindre portion de la communauté » de ceux que je rencontre, famille, amis ou inconnus qu’il m’arrive de croiser ici et là…

Je me suis donc arrêté à Toulouse et environ, dans le département de l’Hérault (à Montpellier, Pignan, Lodève, Bédarieux, Castelnau-le-Lez et Grabels), puis à Lyon et enfin à Clermont-Ferrand. J’ai pu rencontrer à Toulouse 6 membres de ma famille (dont 4 pas vus depuis le début de la pandémie), à Montpellier un ami très cher, à Pignan des cousins de Claire et leurs enfants, à Lodève les parents de Pierryl, compagnon de ma fille, à Bédarieux un autre ami, à Castelnau-le-Lez ma sœur et son mari, à Grabels ma nièce et son compagnon, à Lyon deux amis de voyage et à Clermont-Ferrand mon fils. Des rencontres dont je parlerai une autre fois.

Car le but premier de ma pérégrination était de participer au Festival de cinéma de Montpellier, le Cinémed, dont j’ai déjà parlé dans ce même blog en 2012 (6 novembre), 2013 (1er novembre), 2014 (4 novembre), 2016 (31 octobre), 2017 (4 novembre), 2019 (8 novembre). Je n’y étais pas l’an dernier, ni en 2018 (à Madagascar), ni apparemment en 2015, 2011 et 2010, alors que je croyais avoir commencé en 2010... En tout cas, je n’en ai pas trouvé trace en feuilletant le blog.

Cette année, j’ai bénéficié pendant tout mon parcours d’un temps exceptionnellement beau. Et donc pareil pour le Cinémed. Comme d’habitude, je me suis enfermé dans les salles obscures qui projetaient des films récents de cinéastes venant du pourtour de la Méditerranée. Il y avait de plus une rétrospective Luis Buñuel, qui m’a permis de revoir quelques films mexicains de ce cinéaste (dont les magnifiques et terribles Los olvidados et Nazarin), et de voir quelques titres qui manquaient dans sa filmographie : le documentaire espagnol de 1932, Terre sans pain (Las Hurdes), son premier film mexicain, Gran Casino, d’un réalisme social efficace, et son premier film français d’après-guerre, Cela s’appelle l’aurore, assez remarquable aussi. Rien qu’à ce titre, le Cinémed 2021 valait sa réputation.

                                                            Ibrahim Koma, dans As far as I can walk  

Mais les films d’aujourd’hui étaient également appréciables,, tant les films de fiction que les documentaires. Beaucoup de films tournaient autour de la Palestine, de la guerre du Liban, de la Syrie et du peuple palestinien : le film égyptien Amira, les films libanais Costa Brava, Lebanon, Je veux voir (film de 2007 avec Catherine Deneuve) et Little Palestine, journal d’un siège (documentaire impressionnant). Mais il y avait aussi des films venant d’Espagne (le très beau Libertad, la comédie catalane désopilante Les plombiers), d’Italie (Anima bella), de Serbie (As far as I can walk, qui suit des migrants à la frontière hongroise), de Tunisie ou d’Algérie, de Turquie (l’étonnant All in, qui montre les dessous des hôtels pour touristes All inclusive)…

Et puis il y avait aussi un hommage au western italien. Ce genre était vilipendé par la critique quand j’étais jeune et j’avoue que je le snobais. J’ai donc pu voir deux films de Sergio Corbucci, Django, qui lança la carrière de Franco Nero et Le grand silence, avec Jean-Louis Trintignant dans un rôle muet : j’ai été époustouflé par le réalisme noir et la violence de ces deux westerns qui me semblent aujourd’hui refléter assez bien l’ambiance du Far west. Et j’ai complété par Mon nom est Personne, un des derniers films d’Henry Fonda, alors âgé de soixante-huit ans dans le rôle d’un justicier solitaire vieillissant que voudrait imiter le jeune Terence Hill qui se fait appeler Personne, comme Ulysse dans une scène célèbre de l’Odyssée.

Pour une fois j’ai vu le film qui a décroché l’Antilope d’or, la plus haute récompense du Festival pour les films en compétition. C’est mon deuxième film kossovar, après celui que j’avais vu à la Mostra de Venise. Hive raconte l’histoire d’un groupe de villageoises qui en ont assez de dépendre des hommes et qui lancent une petite entreprise dans un pays de montagne hautement patriarcal. Tiré d’une histoire vraie, c’est un film social humain et terriblement poignant. Bravo, des films en compétition, c’est celui que j’avais le mieux noté.


 

 

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