jeudi 14 septembre 2017

14 septembre 2017 : in memoriam, Annie Béthery (1937-2017)


Jusque dans notre mort nous épousons la terre
Amants indéfectibles
(Chloé Landriot, Un récit, Polder, 2017)


Voici qu’une fois de plus, après Isabelle Jan en 2012 (blog du 14 août 2012) et Patrice Caillot en 2013 (blog du 7 septembre 2014), j’ai appris avec beaucoup de retard, ne lisant plus la presse professionnelle, le décès d’Annie Béthery. J’ai bien connu cette dernière dans les stages de littérature jeunesse de La Joie par les livres dans les années 70 (elle travaillait alors, je crois, à la Bibliothèque de Massy-Palaiseau, bibliothèque modèle), puis dans les jurys du CAFB (Certificat d’Aptitude aux Fonctions de Bibliothécaire) de 1979 à 1981, puis dans la formation à ce même diplôme qu’elle a dirigé dans les années 80, enfin au début des années 90, quand je suis devenu directeur du centre régional de formation aux carrières des bibliothèques de Poitiers-Limoges, lors de nos réunions de travail parisiennes, car elle dirigeait le centre Médiadix, pour l’Île-de-France.

 
Elle était fort connue pour son petit libre, la "Bible" du bibliothécaire de lecture publique : Abrégé de la classification décimale de Dewey, 1ère éd. en 1975, et plusieurs fois réédité et mis à jour. Elle avait été la cheville ouvrière de la traduction de l’intégrale de la Classification décimale de Dewey, parue en 1976 en deux énormes volumes au Cercle de la librairie. Tous les bibliothécaires connaissent la classification décimale (il existe aussi la classification décimale universelle, CDU, utilisée plutôt en bibliothèques universitaire et de recherche) qui permet de classer de manière raisonnée les livres documentaires en dix classes principales, elles-mêmes se divisant en dix, et ainsi de suite : 0 généralités, 1 philosophie, 2 religions, 3 sciences économiques, juridiques et sociales, 4 langues, 5 sciences pures, 6 sciences appliquées, 7 arts et spectacles, 8 littératures, 9 géographie et histoire...
Elle avait aussi participé à partir de 1978 à la 1ère éd. de Ouvrages de référence pour les bibliothèques publiques, autre "Bible" du bibliothécaire, qui les aidait à trouver dans la foultitude des livres de référence, encyclopédies et dictionnaires, les plus adaptés à leur genre et taille de bibliothèque. J’ai moi-même participé à la 4ème éd. de cet ouvrage, en 1995 : elle m’avait confié les littératures parallèles (bande dessinée, science-fiction, roman policier) et la littérature enfantine. Ce qui me permit de percevoir mes premiers droits d’auteur : 500 F à l’époque !

avec une loupe, on aperçoit mon nom à la fin de la première ligne des collaborateurs

Je garde le souvenir d’une grande dame, toujours joviale, qui me paraissait très "parisienne", et toujours prête à soutenir le petit provincial que j’étais. On ne s’ennuyait jamais à l’écouter. Elle fut une des personnes-ressources de ma carrière professionnelle. Et toujours d’une extrême simplicité, car me disait-elle dans sa grande modestie, « Quand on sait des choses, on se doit de les partager, et pour cela, pas besoin de les sonner à coups de trompe à tous les carrefours. C’est dans la pratique que ça se passe. »
Sans doute une des dix personnes qui ont le plus compté pour me faire progresser dans ma vie !

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