La révolte – c’est la noblesse de l’esclave.
(Frédéric Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, trad Henri Albert, Mercure de France, 1908)
Émission radio sur la vitesse. Tout tourne autour de « gagner du temps ». Gagner du temps, alors qu’on en perd une quantité considérable à des futilités : regarder en permanence son ordiphone, "faire les magasins", regarder des débilités à la télé, etc.
C’est une question qu’on ne se posait pas au Moyen âge du XIV° siècle, aussi brutal fut-il. Et ça n’empêchait nullement de voyager. Ainsi le roman de Henry Rider Haggard, Ève la rouge (Red Eve), dans lequel deux jeunes gens, Hugues de Cressi et Ève Clavering, qui éprouvent l'un pour l'autre un tendre sentiment, voient leurs amours contrariés par les querelles familiales. Ils sont cousins, mais tandis que les Clavering sont nobles (mais) pauvres, la branche des Cressi a opté pour le commerce et sont devenus marchands ; s’ils ont perdu un peu de leur noblesse, ils sont devenus très riches. Mais le père d'Eve, sir John, refuse la main de sa fille au fils des marchands et la destine à un seigneur français, qu'elle n'aime pas.
Avec l’aide du père Arnold, Templier en retraite, ils se réfugient à la Commanderie, terre d’église inviolable qui sera le refuge d’Ève. Hugues est envoyé à Londres avec une lettre d’Arnold pour le roi Edouard, révélant les manigances et les traîtrises du seigneur français. On est en pleine guerre de cent ans et Hugues, que le roi a apprécié, va le suivre sur le champ de bataille de Crécy, où il va se couvrir de gloire, puis à la prise de Calais, puis il devra aller jusqu’à Venise affronter encore son rival français qui veut toujours lui ravir sa fiancée, d’autant plus que le père d’Ève a réussi à la marier par ruse au Français. Le mariage n’a pas été consommé mais seul le pape (ou la mort du Français) peut le défaire.
À Venise, Hugues est rattrapé par l’épidémie de peste noire, qui vient d’orient et c’est donc en Avignon ravagé par la peste qu’il va tenter de retrouver son rival, venu lui aussi, mais pour faire confirmer le mariage. Ils se retrouveront tous dans les tristes landes et marais du Suffolk, que la peste dévaste aussi, et où enfin un combat singulier va les opposer. Il aura donc fallu deux ans et des déplacements fort longs pour que les amoureux puissent enfin s’aimer.
dernière édition française, 1999, Carroussel
C’est
un
splendide roman d'aventures historiques, à
la manière de Walter Scott.
Sir Henry Rider Haggard
(auteur
du célèbre She
et de son cycle de romans fantastiques) fut
"l'un
des principaux représentants de l'âge d'or du roman d'aventures en
Angleterre",
nous dit l’éditeur.
L'aventure
et l'amour sont toujours les moteurs de
ses romans qui se lisent très bien.
À
noter les personnages secondaires, parmi lesquels l’archer
extraordinaire Grey Dick qui seconde le héros, le père Arnold qui
protège la jeune fille, et Murgh la Mort, un Chinois qu’Arnold a
connu lors de ses missions de templier, véritable deux ex-machina de
ce roman épique et flamboyant qu’on lira avec passion. Une lecture tout indiquée pour ces temps d'épidémie.
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