Mieux vaut rester à l’écart de la police et de la loi. (Tabish Khair, Apaiser la poussière, trad. Blandine Longre, Éd. du sonneur, 2010)
Dire qu’on en apprend tous les jours sur les méfaits du pouvoir, et ce, dans la plupart des pays, dont le nôtre.
J’entends par pouvoir tous ceux qui sont ce que j’appelle les dominants, qui s’appuient sur l’argent (devenu Dieu et devant qui tout le monde s’incline, les uns pour en avoir trop – et c’est peu dire -, les autres pour n’en avoir pas ou trop peu), sur la loi (ah ! cette justice qui ne s’applique que rarement contre les puissants et qui pressure les gens de peu), sur l’ordre (établi par les dominants, cela va sans dire), sur la technologie (ces fameux ordiphones devenus nos maîtres, les drones tueurs, etc.) et des experts (aux ordres), sur l’armée (aux aguets si la révolte populaire gronde) et sur la police (devenue si violente partout contre les humbles et si accommodante contre les Grands) pour assurer cette domination.
Parmi les films que j’ai vus ces derniers temps, car ça y est, j’ai repris mes sorties au ciné, au moins deux m’ont fait comprendre directement cette violence des puissants : Cancion sin nombre (Pérou) et Nuestras madres (Guatemala). Le premier évoque deux périodes de dictature dans les années 80 et les exactions qui eurent lieu. Au Pérou, le problème traité est celui des bébés enlevés à leur mère dans les maternités ; on leur fait croire qu’ils sont mort-nés alors qu’en réalité s’est mis en place un réseau de vente de ces bébés dans les pays riches. Au Guatemala, les tueries de paysans de villages entiers entraînent des années plus tard la découverte de charniers et les femmes réclament les corps de leurs maris pour les enterrer dignement.
Dans les deux cas, c’est le procès des sociétés coloniales qui est fait : car les victimes sont à chaque fois les Indiens. Les descendants des colons préfèrent la dictature militaire à l’émancipation de la population indigène, maintenue dans l’exploitation brutale et dans la misère, avec la complicité des grandes puissances, en premier lieu les USA, dont l’Amérique latine est la chasse gardée.
Deux
films remarquables, le péruvien en noir et blanc et format 4/3, le
second en cinémascope et couleurs, tous deux très émouvants et
sans pathos, qui mériteraient un grand succès. Les interprètes
sont d’une dignité exemplaire. À faire pâlir d’envie nos
cinéastes trop enclins à traiter des sujets futiles ! À quand un film sur les victimes des violences policières (qui, il est vrai, n'existent pas selon nos ministres de l'intérieur) !
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