L’autoritarisme,
le vrai, naît de
la
concentration des pouvoirs et
des
fortunes. Il
prospère à l’ombre des fausses démocraties et gouverne par les
transnationales.
(Jean-Marc
Rouillan, De
mémoire 2, le deuil de l’innocence : un jour de septembre à
Barcelone,
Agone, 2009)
Ce
qui m’effraie aujourd’hui, ce
ne sont pas les "gilets jaunes" qui, après tout, ne font
que se défendre contre un système injuste, qui fabrique des
inégalités titanesques, ce ne sont pas les manifestants contre une
réforme des retraites qui, après tout, ne font que défendre un
modèle social issu de la Résistance française à l’Allemagne
nazie…
Non,
ce
qui m’effraie, c’est la presse, quotidienne et hebdomadaire et
les médias audio-visuels, qui mangent au râtelier, qui font l’opinion, qui imposent
la mode, qui donnent le ton (gare
à ceux qui les critiquent, ce ne sont que des ignorants !) et
qui nous concoctent à
tour de bras
des leçons de morale affligeantes (style "La haine du travail" dans un récent n° du Point), eux qui sont presque tous acquis
par le grand capital et les quelques milliardaires qui nous
gouvernent, sous couvert d’une démocratie se disant représentative
et qui ne représente qu’eux, et sous la botte d’une police et
d’une justice qui ont enfin jeté le masque, en matraquant et en
condamnant avec
un zèle obscène
ceux qui ont osé se révolter. Ah ! On peut toujours clamer
notre horreur devant la répression épouvantable des Palestiniens de
Gaza, des Ouigours de Chine, des Rohingyas de Birmanie, des Mapuches
du Chili et de nombreux autres
peuples
vivant
sous
la férule de gouvernements "élus" avec notre bénédiction.
Curieusement,
on
en entend très peu parler chez
BFM
et autres télés soi-disant d’information, dans L’express,
Le Point
et autres hebdos si vantés, qui pourtant fourmillent d’experts
sachant fort bien huiler les rouages fourbis par l'oppression et nous la
faire
accepter.
Alors
on se tait.
Que
dire en effet quand nos Victor Hugo d’aujourd’hui s’appellent Pascal B.,
Bernard-Henri L., Christophe B., ne les citons pas, ils sont trop
nombreux ! Ils crachent à longueur de prose ou d’écran sur ce qu’ils
nomment la « populace » ou, dans le meilleur des cas par
cet euphémisme, « les petites gens » ; s’ils
les vilipendent, c’est parce
que ces derniers ont fait le choix de se rebeller, enfin. Eux, bien sûr,
valets
bien rémunérés au service de patrons oligarques, ils
auront une belle retraite, ils continueront peut-être, jusqu’au-delà
de 70 ans à se faire payer des articles ou à se pavaner dans des
prestations télévisées alors
même
qu’ils
ignorent ce que c’est d’avoir vécu toute sa vie avec un SMIG ou
au chômage, avec un RSA et le minimum vieillesse. Ils font des mines
de vierges effarouchées devant ces milliers de pauvres qu’ils
n’ont jamais fréquentés
de leur vie et qui, eux, ne sont pas encore
totalement
dressés à la servitude et au léchage de bottes qui les
caractérise
si bien. Leurs
femmes auront pu continuer à travailler et à engranger, grâce aux
« petites mains » qui auront torché leurs gosses, fait
le ménage et préparé les repas, et elles n’auront pas non plus
de soucis pour leurs retraites…
Mais
"les
petits, les obscurs, les sans grades",
ceux qui ont été éjectés du système scolaire, ceux qui
n’auront pu avoir que des petits boulots mal payés
(ou des stages non payés !) dans leur jeunesse, qui décrochent un
CDI à trente ans passés quand ils ont de la chance, les nombreux
employés et ouvriers intérimaires ou
à temps partiel,
les mères célibataires, les corvéables et jetables à merci qui
sont si nombreux et si nécessaires pour s’occuper des enfants des
autres ou
des vieux à domicile ou en maisons de retraite, tous ceux-là ont beaucoup à craindre de la réforme de
la retraite qui
ne pourra que baisser.
À force de détourner les "valeurs"
de la République en ne s’en servant que pour favoriser les
ultra-riches, nos gouvernants vont finir par pousser les gens à
cesser
de
voter (c’est
déjà en grande partie acquis) et
on finira par accoucher d’une dictature, comme déjà dans tant de
pays d’Europe et comme ici même ils lui
montrent l’exemple par la répression féroce de gens qui ne
demandent qu’à être entendus et qui ne croient plus aux vertus
d’une politique confisquée par l’oligarchie. Qu’ils prouvent
le contraire, s’ils le peuvent !
C’était
ma page de morosité mensuelle...
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