lundi 23 septembre 2013

23 septembre 2013 : petits bonheurs


il avait peur de lui ressembler. D'être une de ces personnes qui considèrent le bonheur comme un luxe non seulement coûteux, mais aussi immérité.

(Giampaolo Simi, Train express pour ailleurs)





Ah ! le petit bonheur que de reprendre le vélo ! J'ai eu le malheur d'accomplir mon périple poitevin du week-end dernier en voiture (malheur relatif car quelle saucée j'aurais prise le samedi 14 pour arriver à Arçais sous la pluie battante !), ce qui m'a privé du plaisir du grand air... et du train, car au départ, j'avais envisagé de faire le circuit à vélo et en train pour raccourcir les distances. Puis, ayant vu la météo, j'ai renoncé. J'ai dit à Claude, à Christian et à Gilles, que je devenais flemmard. Ouais, à discuter. Disons que je n'aime plus trop les intempéries. Bientôt 68 ans tout de même... 

Un de mes lieux favoris : 
La librairie "La Machine à lire", Place du Parlement
je m'y rends... à vélo !  

Et pourtant, en remontant sur le vélo, même en ville, à Bordeaux – il faut dire que le temps est exceptionnel, beau, chaud, mais pas trop, avec juste le peu de vent qui sied à ma vieille carcasse, j'ai fait un tour au Parc Bordelais, grand jardin public, où je n'étais jamais allé – je me suis senti renaître. En vérité, c'est en auto qu'on devient flemmard. C'est ainsi que, ayant mon véhicule, je me suis déplacé presque exclusivement avec pendant mes trois jours à Poitiers, soit 80 km au compteur : quelle absurdité ! Alors que j'aurais pu louer un vélo...

Enfin, rien de grave. Ceci pourtant : de même qu'à Venise, je me suis interrogé sur la difficulté de ma survie si je devenais aveugle (appelons un chat un chat !), je me demande comment je vais faire le jour où mon corps refusera de pédaler. Déjà, j'ai pu constater tout à l'heure en remontant sur le vélo, qu'il me faudra bientôt le remplacer d'ici quelque temps par un vélo à cadre hollandais (en diagonale pour faciliter l'enjambement), car essayez donc d'enjamber le cadre quand le vieillissement du corps s'y refuse. Ce n'est pas encore le cas, mais je pressens que ça va arriver. Et je comprends le succès des mini-vélos, vraiment accessibles à tous.



La Cathédrale Saint-André, 
dernière visite avec Lucile 

L'automne a commencé à prendre ses marques, les feuilles à jaunir et à tomber, et en voyant les photos de la soirée-lecture, je vois que je suis aussi à l'automne de ma vie. Je ne me savais pas les cheveux si grisonnants ! On ne se voit pas vieillir, sauf en cas de maladie. Grand nettoyage d'automne ce matin, avec l'aide de Juan, qui occupera la chambre du fond jusqu'en juin prochain. Le jeune Colombien, qui fait des études de corniste au Conservatoire, est ainsi assuré du gîte. Je suis content de participer à la continuation de son séjour en France. Et puisqu'après tout la chambre était libre... J'enrage de voir des gens à la rue : chacun sait que l'immobilier, c'est d'abord de la spéculation, et j'entendais encore ce samedi après-midi, rue Sainte-Catherine, une conversation entre proprios qui tournait autour de ça et de la plus-value que ça apporte en un temps record, sans doute les mêmes qui critiquent le recyclage de l'argent sale, celui de la drogue par exemple ; pourtant comme écrit Jean-Marc Rouillan, "sale, façon de parler, car cet argent n'est pas plus sale qu'un autre. L'exploitation de la souffrance du salariat, de son ennui, de la vie qui s'enfuit, serait-elle plus propre que le suicide pharmaceutique [allusion à la drogue] d'une génération ? Et le deal de la « soupe culturelle » décervelant des millions de jeunes est-il blanc de blanc ?" [oh, que non] (Glucksamschlipszig, Le roman du Gluck). Pour moi, l'argent de la spéculation immobilière est aussi sale que celui de la drogue.

Et, alors que j'ai de la place, je refuserais d'héberger quelqu'un qui en a besoin ? J'y gagne à tous points de vue : je me fais plaisir en faisant une BA, j'aurai quelqu'un qui récupérera mon courrier pendant mes (trop) nombreuses absences. Je l'aiderai à perfectionner son français si, par hasard, il avait envie de rester plus longuement en France. Ça va m'obliger à cuisiner un peu plus, et plus varié. J'ai de plus appris qu'Alexander, notre premier Colombien (pendant l'année scolaire 2007-2008), était actuellement à Perpignan pour l'année scolaire. Je sens que j'irai le voir, en souvenir de Claire. Et je vais prêter à Juan mon deuxième vélo pour ses déplacements.

Hier dimanche, j'avais invité ma sœur de Bordeaux et Alejandra, l'autre Colombienne, à déjeuner avec nous. Juan m'a aidé à préparer le repas, et je lui ai appris à faire des crêpes françaises. Il n'a pas encore le tour de main pour qu'elles soient fines, mais on s'est régalé tout de même. L'après-midi, on est allés sur les quais, et on a découvert le forum des associations. Chacun a fait le tour des stands et grappillé des renseignements sur ce qui l'intéressait. J'ai en particulier fait connaissance de deux ateliers d'écriture. Au retour, Lucile était rentrée, et le soir, nous avons fini les crêpes au dessert. Pour sa dernière soirée en France, nous avons achevé de visionner La flûte enchantée, l'opéra de Mozart filmé par Bergman. Et ce matin, je l'ai emmenée à l'aéroport : ce soir, elle sera à Abidjan. 
Bonne chance, ma fille !


Lucile à Arcachon mardi dernier,
portant le tee-shirt de la CIMADE que je lui ai offert
il y est écrit :
"il n'y a pas d'étrangers sur cette terre"



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