le
nombre de visiteurs intéressés semble être inversement
proportionnel au nombre d’appareils photo dressés vers le
monument.
(Jean-Acier
Danès, Bicyclettres,
Seuil, 2018)
la fresque murale devant une boutique de coiffeur
(j'avais bien envie d'y aller)
Je
disais donc que j’avais fait un beau voyage. À aucun moment, je
n’ai regretté d’être venu à Cuba. Pour ne pas déflorer mon
attente, je n’avais lu aucun guide de voyage, seulement de la
littérature cubaine (7 romans, un livre de souvenirs et un recueil
de poèmes) et je ne le regrette pas : j'avais l'esprit vierge. J’ai été séduit par le pays, les hommes et les femmes, les enfants et les vieux, les
villes, les campagnes, les paysages, et même la chaleur ne m’a que
peu incommodé, contrairement à certains de mes compagnons de
voyage. Je n’ai fait qu’un usage modéré de la climatisation,
que j’éteignais toujours pour dormir, ainsi que les ventilateurs
s’il y en avait. Après la Côte d’ivoire et son climat
quasi-équatorial en 2016, la Guadeloupe l’an dernier, je retrouvais un
climat tropical qui me changeait de cet hiver humide 2017/2018 : du
soleil, du soleil, du soleil enfin ! Bien sûr, j'ai recherché l’ombre
dans nos balades citadines, parfois la fraîcheur de la baignade
quand nous passâmes quelques jours en bord de mer.
l'incontournable apéritif au rhum : ici, un daïquiri
Mais
pas plus que ça. Ce que j’aimais, c’est observer les gens, les
promeneurs dans les rues, les femmes cubaines incroyablement
enserrées dans leurs robes et pantalons hyper-collants (même quand
elles sont épaissies par l’âge, et ça commence tôt, bien avant
la trentaine) faisant ressortir leurs formes très spéciales,
notamment des fessiers surabondants. Les conducteurs de vélos-taxis
qui nous hélaient, les rabatteurs de restaurants ou de taxis, les
solliciteurs parfois, les serveurs et serveuses de restaurants tirés
à quatre épingles et nous annonçant que tel ou tel plat de la
carte manquait, nos chauffeurs de taxis (car on allait d’une ville
à l’autre en
taxi) qui nous racontaient leurs difficultés, nos logeurs de chambre
d’hôtes (casas
particulares)
qui se mettaient en quatre pour nous satisfaire, les écoliers,
collégiens et étudiants en uniforme, les jeunes très semblables
aux nôtres, vêtus de pantalons troués aux genoux et la main rivée
sur un smartphone, les vieilles personnes (souvent très belles),
j’aurai
découvert tout un monde, vibrant, chaleureux, bruyant aussi, vivant
largement dehors et en musique...
la cathédrale de Santiago de Cuba
Et ce métissage incroyable, jamais vu encore nulle part. Des noirs, des
métis colorés de diverses nuances et très peu de blancs à proprement
parler. Cependant, j’ai remarqué que les petits métiers de rue
sont plus représentés par des noirs, ainsi que les travailleurs des chantiers, les ouvriers agricoles, les femmes de ménage
des hôtels ou les serveurs de restaurant. Pas de racisme ici, nous
disait-on. Seul un chauffeur de taxi urbain a osé nous dire : « Je
n’aime pas les noirs ! » Et les Africains que j’ai
rencontrés, des Congolais du Congo Brazzaville, étudiants ou
stagiaires, m’ont dit avoir souffert d’un certain mépris de
la part des Cubains.
les inévitables voitures américaines vieilles de 60 ou 70 ans
(mais qu'on soigne plus que les maisons !)
Tous
mes camarades étaient nantis de guides de voyage ; on m’avait
dit : « On risque des coupures de courant, voire d’eau,
il faut apporter des lampes, et aussi du savon et du shampoing, car ça manque »,
toutes indications fournies par les guides, pourtant publiés en 2017
ou 2018. Faut croire qu’ils ne font pas de mise à jour, car Cuba
livre en ce moment une vraie débauche d’électricité – et j’ai
appris que, grâce au pétrole, ils sont en autosuffisance
énergétique. D’où le fait qu’ils laissent les lampes allumées
quasiment en permanence, que les voitures restent parfois (souvent ?) stationnées
avec le moteur allumé. Je n’ai donc jamais utilisé mes lampes
frontales ni mes piles, j’ai donné savon et shampoing (y compris
le surplus de ceux fournis dans les hôtels) à des solliciteuses de
rue. Le seul hic, c’est que parfois il n’y avait pas d’eau
chaude en chambre d’hôte, que les hôtels étaient un peu
délabrés. Mais
quand on voyage, on prend ce qu’on trouve. Sinon, on reste chez
soi, si on veut trouver ailleurs la même atmosphère... Partir, c'est justement changer et se remettre en question, et ici, il y avait de quoi !
la ferme aux crocodiles de Trinidad
(ben oui, j'ai mangé du crocodile !)
Là,
on était vraiment ailleurs, et j’ai fait avec. Peu de wi-fi (mais
je n’avais pas de smartphone et donc ça ne me gênait pas),
internet payant dans les hôtels, je n'en ai pas abusé. Mais il faut apprendre à se déconnecter
en vacances, et garder son esprit libre pour regarder, sentir,
apprécier (ou pas) ce qui s’offre à vous. C’est tout l’art du
voyage.
la bananeraie dans la finca (ferme) de Carlos, notre dernier hôte à La Havane
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