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avril 1918 : L'ordre a ceci de mauvais qu'il paralyse,
impressionne, invite à ne rien toucher. Il invite à s'en
remettre au lendemain. Remettre une chose au lendemain, c'est la
remettre à jamais. (Josep
Pla, Le
cahier gris : un journal ; trad. Pascale Bardoulaud, Éd.
Jacqueline Chambon, 1992)
sous
les
pavés,
le
temps ?
Aujourd'hui,
24 septembre 2013, temps prisonnier de notre calendrier, temps
universel (quoique)...
Mon
temps à moi ne s'organise pas ainsi. C'est un temps qui se promène
sur la tangente d'une circonférence, au bout d'un rayon de quatre
ans et trois mois de deuil, sans que je rencontre toujours avec exactitude
ce qui en fait la lenteur, ce qui me donne l'illusion d'exister, la
certitude de me prolonger au-delà du raisonnable, le désir de m'en
aller au fil de ma bicyclette, et le remords de cette vie qui
perdure, alors que d'autres sont partis et m'accusent.
l'escalier du temps (Poitiers)
Oh ! le
temps des douces affinités, je l'ai bien connu, il n'a rien à voir
avec un horaire quelconque, avec une horloge murale ou une montre de
poignet ou maintenant le téléphone mobile qui sert à donner à
voir cette heure sans cesse fuyante. Oh ! le temps de la
rencontre, de la trouvaille en fait, celle qui vient à son heure,
qui fait trembler la peau de l'émotion, qui fait flamboyer l'envers
de la solitude, qui nous propulse à travers vents et marées vers
l'amitié, la fraternité, la solidarité, l'amour... Ce temps
désordonné, ce temps qui se prolonge, ce temps de la durée, ce
temps de la pertinence, ce temps seul qui importe et dont nous avons
besoin pour vivre.
autre escalier du temps (Venise)
Aujourd'hui
je
l'invoque, car oui, j'ai le droit de l'exiger, ce temps qui est vie
comme les poussières du soleil, ce temps du souvenir, du silence, ce
temps hésitant qui s'arrête brusquement (voir la belle scène de la
rencontre Maria/Tony pendant le bal dans West
side story),
comme suspendu sur un fil tendu au milieu du vide, ce temps qui n'a
pas été éteint par les sirènes de la consommation (voiture
individuelle, télévision, hypermarchés, jeunisme et autres
anti-dépresseurs), ce temps de
la conversation avec les vivants et les morts (via le livre et les
arts), ce temps qui combat l'abrutissement par un surcroît de vie,
supplément d'âme apporté par le savoir, la curiosité, la spiritualité,
les arts, la culture sous toutes ses formes...
le temps plonge ses racines
Oui,
le temps qui s'impose maintenant, et qui importe seul, n'est pas
celui de la montre, c'est l'oasis
des heures libres du tête-à-tête avec soi-même, ces heures si
précieuses, qu'il faudrait les mettre sous cloche pour les
préserver.
les croisillons du temps
C'est le temps des rencontres vraies, de la parole
librement épanouie, des valeurs qui ne prédominent pas dans la
société, loin de la confusion mentale qui semble gouverner le monde
et nuire à chacun. C'est le temps de la nuit dénudée, du
dépouillement des jours, le temps de l'oubli de soi dans la lumière
éblouissante des autres, dans l'éclairage de ceux qui ont besoin de
nous.
les reflets du temps dans le Clain
Aujourd'hui, quelque chose d'indicible s'est posé devant moi : le temps retrouvé ?
l'anti-vol du temps
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