mardi 24 septembre 2013

24 septembre 2013 : retrouver le temps


12 avril 1918 : L'ordre a ceci de mauvais qu'il paralyse, impressionne, invite à ne rien toucher. Il invite à s'en remettre au lendemain. Remettre une chose au lendemain, c'est la remettre à jamais. (Josep Pla, Le cahier gris : un journal ; trad. Pascale Bardoulaud, Éd. Jacqueline Chambon, 1992)



sous 
les 
pavés, 
le 
temps ?




Aujourd'hui, 24 septembre 2013, temps prisonnier de notre calendrier, temps universel (quoique)...

Mon temps à moi ne s'organise pas ainsi. C'est un temps qui se promène sur la tangente d'une circonférence, au bout d'un rayon de quatre ans et trois mois de deuil, sans que je rencontre toujours avec exactitude ce qui en fait la lenteur, ce qui me donne l'illusion d'exister, la certitude de me prolonger au-delà du raisonnable, le désir de m'en aller au fil de ma bicyclette, et le remords de cette vie qui perdure, alors que d'autres sont partis et m'accusent. 

l'escalier du temps (Poitiers)
Oh ! le temps des douces affinités, je l'ai bien connu, il n'a rien à voir avec un horaire quelconque, avec une horloge murale ou une montre de poignet ou maintenant le téléphone mobile qui sert à donner à voir cette heure sans cesse fuyante. Oh ! le temps de la rencontre, de la trouvaille en fait, celle qui vient à son heure, qui fait trembler la peau de l'émotion, qui fait flamboyer l'envers de la solitude, qui nous propulse à travers vents et marées vers l'amitié, la fraternité, la solidarité, l'amour... Ce temps désordonné, ce temps qui se prolonge, ce temps de la durée, ce temps de la pertinence, ce temps seul qui importe et dont nous avons besoin pour vivre.


autre escalier du temps (Venise)

Aujourd'hui je l'invoque, car oui, j'ai le droit de l'exiger, ce temps qui est vie comme les poussières du soleil, ce temps du souvenir, du silence, ce temps hésitant qui s'arrête brusquement (voir la belle scène de la rencontre Maria/Tony pendant le bal dans West side story), comme suspendu sur un fil tendu au milieu du vide, ce temps qui n'a pas été éteint par les sirènes de la consommation (voiture individuelle, télévision, hypermarchés, jeunisme et autres anti-dépresseurs), ce temps de la conversation avec les vivants et les morts (via le livre et les arts), ce temps qui combat l'abrutissement par un surcroît de vie, supplément d'âme apporté par le savoir, la curiosité, la spiritualité, les arts, la culture sous toutes ses formes...




le temps plonge ses racines

Oui, le temps qui s'impose maintenant, et qui importe seul, n'est pas celui de la montre, c'est l'oasis des heures libres du tête-à-tête avec soi-même, ces heures si précieuses, qu'il faudrait les mettre sous cloche pour les préserver. 

les croisillons du temps
C'est le temps des rencontres vraies, de la parole librement épanouie, des valeurs qui ne prédominent pas dans la société, loin de la confusion mentale qui semble gouverner le monde et nuire à chacun. C'est le temps de la nuit dénudée, du dépouillement des jours, le temps de l'oubli de soi dans la lumière éblouissante des autres, dans l'éclairage de ceux qui ont besoin de nous.

 les reflets du temps dans le Clain













Aujourd'hui, quelque chose d'indicible s'est posé devant moi : le temps retrouvé ?

 
l'anti-vol du temps



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