Ce n'est point par les paroles qu'on agit sur les autres. mais par son être. il est des hommes qui rayonnent autour d'eux une atmosphère apaisante, par leurs regards, leurs gestes, le contact silencieux de leur âme sereine.
(Romain Rolland, Jean-Christophe, Dans la maison)
7 h 30, il pleut et c’est lourdement chargé. Je déjeune en compagnie de Jeanne-Marie, j’observe le ciel, fais une moue, et décide d’attendre un peu que ça se lève. Enfin, vers 9 h, je perçois l’arrêt de la pluie, et même comme une promesse d’éclaircie. Je harnache Pégase, embrasse tendrement mon hôtesse, et hop, c’est reparti.
La route est mouillée, et la descente à la sortie de Besançon hasardeuse, heureusement que c'est une ligne droite et je n'ai pas besoin de freiner... Je rejoins après quelques kilomètres la vélo-route que je vais utiliser jusqu’après Baume-les-Dames : toujours quantité de hérons sur le Doubs ou le canal. Bien sûr, comme on longe la rivière, c’est à peu près plat, avec un petit ressaut juste au passage des écluses. Mais en fait, nous remontons vers le nord-est, et peu à peu, on s’élève insensiblement.
Ensuite, après le pique-nique que m’a laissé Jeanne-Marie (dont la saucisse de Morteau, froide, et délicieuse), j’abandonne la vélo-route pour grimper la côte d’Ansuans (la bien-nommée, Dieu, il y a un peu de soleil et je suis trempe comme une éponge en arrivant au sommet, avec des passages où je n’ai pas dépassé 6 km/h, je ramais par moments, c‘est que mon sac dans le panier arrière est bigrement chargé !), j’admire le paysage, à vrai dire je prends le temps de le faire, à l’allure où je vais. Mais là au moins, je puis prétendre que je suis vivant. Je le sens, le cœur bat, le cerveau est animé, le souffle m’apporte des senteurs de fleurs et dé végétaux variés (au bord du Doubs, les acacias, parfois le colza, ici, c'est indéfini), je ne regrette pas d’être venu de si loin découvrir une région aussi belle.
Puis je franchis le col de Ferrière (592 m), ne trouve pas l’appareil photo pour immortaliser l’instant (il doit être dans le grand sac caché sous sa housse de protection contre la pluie, et j‘ai la flemme de le dégager, tant pis), et je rejoins Sancey-le-Grand, lieu de ma prochain lecture, après 69 km de vélo. Je déniche sans peine mes hôtes : Raymond était horloger et Marie-Françoise est une des bénévoles de la bibliothèque. Couple rayonnant d’un accueil chaleureux.
Une douche réparatrice et hop, ils m’emmènent voir les curiosités du coin : le château de Belvoir, magnifiquement restauré (mais en cette saison ouvert seulement le week-end) et le jardin fleuri de Guy Renaud, l’apiculteur, qui a restauré avec sa femme une vieille ferme du XVIIème siècle, et aménagé un merveilleux jardin pour son plaisir et celui des visiteurs.
Je fais mes lectures dans la superbe bibliothèque qui fait honneur à une commune d‘à peine 1600 habitants : Odile Caradec, Christian Bobin, Françoise Sagan et Milena Angus, cette fois, sans oublier d’achever par le désopilant Nulman. Finalement, la remarque de Christian me signalant que lire une quarantaine de pages est un peu lassant, que je tiens mal la distance, m’a incité à revenir à une formule plus classique, c’est-à-dire plusieurs auteurs successifs, pour plus de variété. C’est de nouveau Yves qui représente la médiathèque du Doubs, et, comme je sais que j’ai un parcours difficile demain, je lui abandonne mon gros sac, ne gardant que les éléments nécessaires pour la nuit. Son collègue Charles me rapportera tout ça demain matin, et ainsi je n’aurai pas à grimper avec un poids lourd qui me tire vers l’arrière.
Succès garanti !
Dîner at home (de nouveau de la saucisse de Morteau !) et nuit silencieuse, rythmée par une pendule qui sonne inexorablement toutes les heures. Et comme j’ai laissé mes bouchons auriculaires dans le grand sac, je les entends toutes sonner ! Voilà ce que c’est que de choisir la facilité en voulant s’alléger ! Et tout en dormant entre deux sonneries, je médite sur ces vers du poète polonais Tadeusz Rósewicz : « c’était donc ça un jour / un de ces jours précieux / qui ne reviennent jamais. » Il y en aura d’autres, d’aussi précieux.
(Romain Rolland, Jean-Christophe, Dans la maison)
7 h 30, il pleut et c’est lourdement chargé. Je déjeune en compagnie de Jeanne-Marie, j’observe le ciel, fais une moue, et décide d’attendre un peu que ça se lève. Enfin, vers 9 h, je perçois l’arrêt de la pluie, et même comme une promesse d’éclaircie. Je harnache Pégase, embrasse tendrement mon hôtesse, et hop, c’est reparti.
La route est mouillée, et la descente à la sortie de Besançon hasardeuse, heureusement que c'est une ligne droite et je n'ai pas besoin de freiner... Je rejoins après quelques kilomètres la vélo-route que je vais utiliser jusqu’après Baume-les-Dames : toujours quantité de hérons sur le Doubs ou le canal. Bien sûr, comme on longe la rivière, c’est à peu près plat, avec un petit ressaut juste au passage des écluses. Mais en fait, nous remontons vers le nord-est, et peu à peu, on s’élève insensiblement.
Ensuite, après le pique-nique que m’a laissé Jeanne-Marie (dont la saucisse de Morteau, froide, et délicieuse), j’abandonne la vélo-route pour grimper la côte d’Ansuans (la bien-nommée, Dieu, il y a un peu de soleil et je suis trempe comme une éponge en arrivant au sommet, avec des passages où je n’ai pas dépassé 6 km/h, je ramais par moments, c‘est que mon sac dans le panier arrière est bigrement chargé !), j’admire le paysage, à vrai dire je prends le temps de le faire, à l’allure où je vais. Mais là au moins, je puis prétendre que je suis vivant. Je le sens, le cœur bat, le cerveau est animé, le souffle m’apporte des senteurs de fleurs et dé végétaux variés (au bord du Doubs, les acacias, parfois le colza, ici, c'est indéfini), je ne regrette pas d’être venu de si loin découvrir une région aussi belle.
Puis je franchis le col de Ferrière (592 m), ne trouve pas l’appareil photo pour immortaliser l’instant (il doit être dans le grand sac caché sous sa housse de protection contre la pluie, et j‘ai la flemme de le dégager, tant pis), et je rejoins Sancey-le-Grand, lieu de ma prochain lecture, après 69 km de vélo. Je déniche sans peine mes hôtes : Raymond était horloger et Marie-Françoise est une des bénévoles de la bibliothèque. Couple rayonnant d’un accueil chaleureux.
Une douche réparatrice et hop, ils m’emmènent voir les curiosités du coin : le château de Belvoir, magnifiquement restauré (mais en cette saison ouvert seulement le week-end) et le jardin fleuri de Guy Renaud, l’apiculteur, qui a restauré avec sa femme une vieille ferme du XVIIème siècle, et aménagé un merveilleux jardin pour son plaisir et celui des visiteurs.
Je fais mes lectures dans la superbe bibliothèque qui fait honneur à une commune d‘à peine 1600 habitants : Odile Caradec, Christian Bobin, Françoise Sagan et Milena Angus, cette fois, sans oublier d’achever par le désopilant Nulman. Finalement, la remarque de Christian me signalant que lire une quarantaine de pages est un peu lassant, que je tiens mal la distance, m’a incité à revenir à une formule plus classique, c’est-à-dire plusieurs auteurs successifs, pour plus de variété. C’est de nouveau Yves qui représente la médiathèque du Doubs, et, comme je sais que j’ai un parcours difficile demain, je lui abandonne mon gros sac, ne gardant que les éléments nécessaires pour la nuit. Son collègue Charles me rapportera tout ça demain matin, et ainsi je n’aurai pas à grimper avec un poids lourd qui me tire vers l’arrière.
Succès garanti !
Dîner at home (de nouveau de la saucisse de Morteau !) et nuit silencieuse, rythmée par une pendule qui sonne inexorablement toutes les heures. Et comme j’ai laissé mes bouchons auriculaires dans le grand sac, je les entends toutes sonner ! Voilà ce que c’est que de choisir la facilité en voulant s’alléger ! Et tout en dormant entre deux sonneries, je médite sur ces vers du poète polonais Tadeusz Rósewicz : « c’était donc ça un jour / un de ces jours précieux / qui ne reviennent jamais. » Il y en aura d’autres, d’aussi précieux.
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