lundi 14 décembre 2020

14 décembre 2020 : la chanson du mois, Anne Sylvestre

 

rester quelque part ensemble à discuter sans fin, ou ne rien dire : être ensemble, c’est déjà plus que toute conversation.

(Nìkos Kokàntzis, Gioconda, trad. Michel Volkovitch, L’aube, 2014)


On a trop peu rendu hommage à Anne Sylvestre. Je l’avais vue et entendue au Français en 1967, avec mon ami A. J’avais été enthousiasmé, d’autant plus qu’en première partie, il y avait Serge Reggiani. On avait passé une soirée formidable, je ne sais pas s’il s’en souvient.

Voici dont un de ses chansons, pas forcément la meilleur, mais chantée en duo avec Bobby Lapointe, encore une pointure de l’époque.

À écouter ici : https://www.youtube.com/watch?v=biekqTyy9uU

 


 


Depuis le temps que je brode sans relâche mon trousseau

J'en ai vu passer des modes j'en ai tordu des ciseaux

Hélas je ne peux plus mettre mes culottes de pilou

Sécher devant le fenêtre sans ameuter les voyous

Depuis l'temps que j'l'attends, que j'l'attends

Depuis l'temps que j'l'attends, que j'l'attends mon prince charmant

Voilà j'arrive mon aimée

Fais sécher tes culottes au mépris des méchants

Longtemps déjà je t'ai cherchée

Foin des petites sottes et leurs nylons alléchants
J'ai des piles de chemises attachées d'une faveur
Jamais je ne les ai mises il en aura la primeur
J'ai brodé des kilomètres de torchons et de draps blancs
Ne me reste plus qu'à mettre ses initiales dedans

Depuis l'temps que j'l'attends, que j'l'attends
Depuis l'temps que j'l'attends, que j'l'attends mon prince charmant

Voilà j'arrive mon aimée
Tu peux broder mon S à côté de ton A
Longtemps déjà je t'ai cherchée
Tant pis pour la jeunesse on fait avec ce qu'on a
J'ai astiqué les armoires au point d'en user le bois
J'ai jeté ma bassinoire, avec lui je n'aurai pas froid
Pour le lit j'ai en réserve celui de mes grands-parents
Il est grand temps qu'il resserve depuis bientôt 60 ans

Depuis l'temps que j'l'attends, que j'l'attends
Depuis l'temps que j'l'attends, que j'l'attends mon prince charmant

Voilà j'arrive mon aimée
De ton lit je m'en charge il va se réveiller
Vu le temps que je t'ai cherchée
S'il n'est pas assez large on n'aura qu'un oreiller
Je dois dire que je penche pour un certain décorum
Un mariage en robe blanche avec beaucoup d'harmonium
Monsieur l'abbé Lacouture celui qui doit nous marier
Pense que telle aventure se doit d'être enjolivé

Depuis l'temps que j'l'attends, que j'l'attends
Depuis l'temps que j'l'attends, que j'l'attends mon prince charmant

Tranquillise-toi mon aimée
S'il n'est pas trop mariolle amène ton curé
Longtemps déjà je t'ai cherchée
Et pour la gaudriole plus besoin du clergé
Je ne savais pas qu'un homme c'était aussi déroutant
Ce doit être ce qu'on nomme un Don Juan et pourtant
Je pense à ce que ma mère a failli me dire un soir
Des choses bien singulières, que je ne veux pas savoir

Depuis l'temps que j'l'attends, que j'l'attends
Depuis l'temps que j'l'attends, j'ai des doutes maintenant

Voilà j'arrive mon aimée
Que madame ta mère excuse mes propos
Mais pourquoi donc t'ai-je cherchée
La vie est trop amère avec une vieille peau
Depuis l'temps que j'l'attends, que j'l'attends ...


 

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