Chacun
appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage…
(Michel
de Montaigne, Petit recueil de pensées,
Chêne, 2015)
Puisqu’on
est en plein dans les "désordres" causés par les"Gilets
jaunes", et que c’est loin d’être fini, qu’une nouvelle
loi scélérate vient d’être approuvée massivement par les
députés, suppôts de l’ordre moral, économique et financier,
qu’on prépare activement – du moins je l’espère –, le cent
cinquantenaire de la Commune de Paris de 1871 et de la terrible
répression qui s’ensuivit, je livre ce mois-ci, en guise de poème
du mois, la chanson qu’Eugène Pottier lui consacra en 1886, chanson chantée par Marc Ogeret (1) ou par Francesca Solleville (2) ou Les quatre barbus (3) à écouter sur youtube :
1 https://www.youtube.com/watch?v=U-mvvYVaeKQ
2 https://www.youtube.com/watch?v=44Q1ZnoES40
3 https://www.youtube.com/watch?v=wknyUL6GWNU
1 https://www.youtube.com/watch?v=U-mvvYVaeKQ
2 https://www.youtube.com/watch?v=44Q1ZnoES40
3 https://www.youtube.com/watch?v=wknyUL6GWNU
La
Commune n’est pas morte
On
l’a tuée à coups de chassepot,
À coups de mitrailleuse,
À coups de mitrailleuse,
Et
roulée avec son drapeau
Dans la terre argileuse.
Et la tourbe des bourreaux gras
Se croyait la plus forte.
Dans la terre argileuse.
Et la tourbe des bourreaux gras
Se croyait la plus forte.
Refrain
Tout ça n’empêche pas Nicolas
Qu’ la Commune n’est pas morte.
Tout ça n’empêch’ pas Nicolas
Qu’ la Commune n’est pas morte !
Comme
faucheurs rasant un pré,
Comme on abat des pommes,
Les Versaillais ont massacré
Pour le moins cent mille hommes.
Et les cent mille assassinats,
Voyez ce que ça rapporte.
Comme on abat des pommes,
Les Versaillais ont massacré
Pour le moins cent mille hommes.
Et les cent mille assassinats,
Voyez ce que ça rapporte.
Refrain
On a bien fusillé Varlin,
Flourens, Duval, Millière,
Ferré, Rigault, Tony Moilin,
Gavé le cimetière.
On croyait lui couper les bras
Et lui vider l’aorte.
Refrain
Ils ont fait acte de bandits,
Comptant sur le silence.
Ach’vé les blessés dans leur lit,
Dans leur lit d’ambulance
Et le sang, inondant les draps
Ruisselait sous la porte.
Refrain
Les journalistes policiers,
Marchands de calomnies,
Ont répandu sur nos charniers
Leurs flots d’ignominies.
Les Maxim’ Ducamp, les Dumas
Ont vomi leur eau-forte.
Refrain
C’est la hache de Damoclès
Qui plane sur leurs têtes.
À l’enterrement de Vallès,
Ils en étaient tout bêtes
Fait est qu’on était un fier tas
À lui servir d’escorte
C’qui prouve en tous cas Nicolas,
Qu’la Commune n’est pas morte.
C’qui prouve en tous cas Nicolas,
Qu’la Commune n’est pas morte !
Bref
tout ça prouve au combattant
Qu’Marianne a la peau brune,
Du chien dans l’ventre et qu’il est temps
D’crier vive la Commune !
Et ça prouve à tous les Judas
Qu’si ça marche de la sorte
Qu’Marianne a la peau brune,
Du chien dans l’ventre et qu’il est temps
D’crier vive la Commune !
Et ça prouve à tous les Judas
Qu’si ça marche de la sorte
Ils sentiront dans peu, Nom de Dieu !
Qu’la Commune n’est pas morte !
Ils sentiront dans peu, Nom de Dieu !
Qu’la Commune n’est pas morte !
Je
me souviens du magnifique centenaire de 1971, avec un concert à
Angers de Chants de la
Commune, animé par Mouloudji, Francesca Solleville, Armand Mestral et un groupe, les Octaves. Je connaissais
alors mal cet épisode de notre histoire, largement occulté au
lycée, où notre professeur accusait même les Communards d’avoir
provoqué la guerre civile sous les yeux des Prussiens qui, bien
entendu, laissèrent le massacre se faire ; c’était le prix
de la "paix sociale" et de l’étouffement du mouvement
ouvrier pendant une vingtaine d’années. Depuis, j’ai beaucoup lu
sur le sujet et je reconnais dans la révolte des "gilets
jaunes" un reflet de la Commune – pâle, je vous l’accorde –
et dans la répression policière un calque à peine adouci.
Pour
en revenir à cette violence policière (la même que celle, incroyablement féroce, de la
police espagnole
contre le référendum
catalan en
septembre 2017, qui
m’avait sidéré à l’époque – on se croyait revenu au temps
du franquisme !), en général, on ne trouve pas de mots assez durs
pour la condamner en Chine, au Vénézuela, en
Syrie ou ailleurs, mais il
semble que dans nos "démocraties" occidentales,
elle soit licite. Pensons-y !
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