Dans la pensée antique, on ne s’inflige pas ce pensum formulé par Hannah Arendt : « la dégradation obligatoire d’être de son temps ».
(Sylvain Tesson, Un été avec Homère, Éd. Des Équateurs, 2018)
Il est devenu difficile d’être différent aujourd’hui. Par exemple, si je dis que les médias ont donné et donnent une vision unique du phénomène des gilets jaunes, de la pandémie covidienne, et maintenant de la guerre en Ukraine ou de l’élection présidentielle française, et que cette analyse (?) dominante va finir par me conduire à une "mort sociale" si je n’approuve pas tout ou partie de ce qui y est dit, si je ne suis pas un béni-oui-oui, si je me mets en dehors des postures convenables, confortablement dictées par l’émotion ou la morale courante. Je finirai par être condamné à me taire, à ne plus m’exprimer, à être frappé d’anathème, blâmé, réprouvé, voire excommunié par les tenants de la "Vérité" officielle, continuellement rabâchée par ces mêmes médias.
Car il n’est pas possible de discuter avec ces derniers (les tenants...) qui vous traitent rapidement d’imposteur, de sectaire, de complotiste, quand ce n’est pas d’ignorant, d’arriéré, de faible d’esprit, de simplet et autres noms d’oiseaux ! En fait, il est impossible de dire ce que l’on pense, mais on n’en pense pas moins. Mais ces critiques que l’on garde pour soi finissent par nous rendre exaspéré, chagrin, agressif, hargneux, rageur, remonté. On me dit que je suis vieux ( ah ! "être de son temps", je n'y tiens guère) et que je ferai mieux de me taire, que je commence à radoter et à ratiociner, que le chacun pour soi l’emporte maintenant sur le collectif et que ma vue est mauvaise si j'estime que les experts (pourtant autoproclamés des médias) ne sont que des génies du vide !
Chiche. J’ai compris. Je ne contredirai plus les bouffons de cour, je ne dirai donc plus rien de l’actualité sociale, économique ou politique, je me contenterai désormais de parler des livres qui m’ont plu, des films que j’ai aimés, des chansons qui me touchent, de mes déplacements et petits voyages (car les grands sont maintenant exclus), des rencontres que j’y fais, des petites joies que j’essaie d’apporter aux ami(e)s qui m’aiment encore et que j’aime en retour, d’écrire des poèmes que personne ne lit, de me murer dans le silence aussi souvent que nécessaire.
Et d’enfourcher mon vélo et sa lenteur pour dissiper mes inquiétudes en observant choses, paysages et gens. Et savourer le temps long qu’il me procure.
1 commentaire:
Comment ça, ne plus rien dire ? Et pourquoi pas fermer sa gueule pendant qu'on y est.
Le seul moment où ça me semble sensé, c'est quand on pédale, pour ne pas gober les moustiques !
Alors, on prend son vélo pour se calmer et le reste du temps on continue à l'ouvrir !
Cyclamicalement
Vincent, le Facteur Humain
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