Ce n'est pas de partisans que la poésie a besoin, mais d'amants. Elle se couvre de ronces épineuses et d'éclats de verre, afin que celui qui étend sur elle sa main, s'ensanglante
(Federico Garcia Lorca)
Eh bien, cette fois, je présenterai un poème en prose, une fable du poète hongrois György Somlyó, traduite en français par Guillevic, autre poète, parue en 1974.
Fable de la fleur
Je fais les cent pas dans la pièce, je m’agenouille sur la chaise devant la table, je feuillette un livre, je bois une gorgée, je cherche mes mots.
La grande pivoine rose est immobile dans le vase.
Je prends mon manteau, je m’en vais, je cours à mes affaires, à ce que je crois être mes affaires, je reviens.
La pivoine est à la même place, tournée vers moi, elle me regarde de toute sa grosse tête de pétales.
Elle me regarde tout le temps. Elle ne se lasse pas de moi. Épanouie, elle est comme un œil grand ouvert, comme un haut-parleur, comme la grande rose de Notre-Dame.
Comment dire ?
La pivoine ne veut pas dire. Elle est identique à elle-même, sans plus. C’est pour cela qu’elle est si belle.
Cependant, comme est sensible ! Je passe près d’elle, et c’est assez de mes pieds sur le plancher pour qu’elle frissonne de tous ses pétales.
Ai-je envie de la vie des plantes, de me consoler de l’humain par l’inconscience des végétaux ?
Non. Je veux être moi-même, pas autre chose, être moi-même aussi uniment qu’elle est ce qu’elle est.
Ce n’est pas fleur que je veux être, comme elle est. Je veux seulement être homme comme la fleur est fleur.
La grande pivoine rose…
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