Un oiseau, pour nous, c’est toujours jeune ; ça ne vieillit pas.
(Hoda Barakat, Courrier de nuit, trad. Philippe Vigreux, Actes sud, 2018)
Et voilà que je tombe encore sur un livre qui fait du bien, grâce à la manif du 1er mai, où ledit livre était vendu à la criée par le Secours populaire de Bordeaux : Cathy et Adam, Notre solidarité n’a jamais été confinée.
Cathy, dans les 70 ans, vient de perdre son mari d’un cancer du poumon. Elle, atteinte depuis vingt ans d’une sclérose en plaques, vit très mal cette solitude nouvellement imposée par le deuil. Adam, la vingtaine, nouvellement arrivé du Tchad, où il a laissé sa mère et ses sœurs, veut continuer ses études et, en attendant, est bénévole au Secours populaire, où il est très apprécié, notamment par Vincent, la cinquantaine, fils de Cathy. Adam vit dans un foyer où ils sont huit par chambrée. Vincent propose à sa mère de loger Adam dans la chambre d’ami et ainsi de rompre la solitude et de trouver une raison de vivre. Il pourra l'aider dans des tâches diverses, au jardin et à la maison, et lui offrira sa compagnie et, peut-être, son amitié.
Et la mixture prend. Adam se révèle indispensable. "Adam a sauvé Cathy d’un isolement qu’elle n’était pas en mesure, là, de supporter. Cathy a sauvé Adam d’une promiscuité et d’une précarité qui l’auraient peut-être, là, fait sombrer". Cathy lui apprend à cuisiner. Adam, qui a appris la couture au Tchad pour payer ses études, se révèle formidable pour fabriquer des masques anti-covid. Sa juvénilité rend une sorte de joie de vivre à Cathy. Leur belle histoire donne lieu à des articles dans Sud-Ouest, le Huffington Post, Le Parisien, Femme actuelle. "Maintenant, je voudrais vraiment faire connaître l’histoire de ces jeunes qui viennent chez nous, pas pour « manger notre pain », comme disent certains, mais pour se construire un avenir", dit Cathy. Et ceci malgré les réticences des méchants : « Et il vous paye un loyer, au moins ? », entend-elle dans son entourage.
Son mari était le petit-fils d’un résistant, fusillé par les nazis ; Cathy et son mari ont toujours vécu dans la bienveillance. "Lorsque je vois des enfants, des femmes, des hommes à nos frontières, je me dis que c’est nous hier. Il n’y avait pas de mer à traverser", dit Cathy. Et Adam : "J’espère que cette amitié, cette fraternité, vont durer encore longtemps" ! Souhaitons-le aussi pour conserver une bonne image de notre France accueillante, ouverte, solidaire, humaine, capable de recevoir et de donner, et qui refuse de se replier sur elle-même !
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