Nous
avons renié l’éternité, nous voilà condamnés à l’Éphémère…
(Claude
Calmel, La mémoire blessée,
in Le chien des mers : roman patchwork,
La voix domitienne, 1995)
dessin de Karak
(source : http://karak.over-blog.com/)
Cette
insistance à nous faire porter des masques commence à peser à
toute une partie de la population. Certains
n’en
portent
pas à l’extérieur (tant que ce n’est pas obligatoire), et
moi qui en porte souvent un, je ne me détourne pas spécialement, le mètre
d’écart me semble plus que suffisant. Mais il m’arrive aussi de
sortir sans masque (d’ailleurs au supermarché, la moitié des
clients n’en ont pas pour l’instant) et il
m’arrive de croiser des gens qui s’écartent
d’au moins 3 mètres,
avouant
ainsi que le port de leur masque ne
leur apparaît pas comme
une barrière suffisante à mon égard. De
plus, alors que j’ai plusieurs masques (tissu, papier plus ou moins
épais), quand je les enfile,
je
constate qu’ils me rendent
la respiration difficile, et,
pour un porteur de lunettes comme moi, mes verres sont
systématiquement embués ! Il m’arrive donc de baisser
le masque pour libérer
mon
nez et désembuer mes lunettes… Je comprends
cependant la prudence que les institutions nous disent en recommandant
l’utilisation de cet ustensile.
Ivan
Illich écrivait dans
les années 70 : "Dans
les pays développés, l’obsession de la santé parfaite est
devenue un facteur pathogène prédominant. Le système médical,
dans un monde imprégné de l’idéal instrumental de la science,
crée sans cesse de nouveaux besoins de soins. Mais plus grande est
l’offre de santé, plus les gens répondent qu’ils ont des
problèmes, des besoins, des maladies. Chacun exige que le progrès
mette fin aux souffrances du corps, maintienne le plus longtemps
possible la fraîcheur de la jeunesse, et prolonge la vie à
l’infini. Ni vieillesse, ni douleur, ni mort. Oubliant ainsi qu’un
tel dégoût de l’art de souffrir est la négation même de la
condition humaine". On est aujourd’hui dans ce meilleur des
mondes-là, du moins ici. Et on nous réclame de faire des dons aux
entreprises pour relancer l’économie. Sans se soucier beaucoup de
savoir si les dites entreprises (qui continuent à verser des
milliards de dividendes) assureront vraiment la sécurité de leurs
employés face à la pandémie.
Par ailleurs, il
existe pourtant
un moyen naturel
de financer durablement les solidarités et de permettre à l’État
de redistribuer les richesses : la fiscalité. Pendant
de trop nombreuses années, non seulement
les réformes fiscales du gouvernement ont durement
affaibli les politiques publiques (l’hôpital
public, le système scolaire, les transports publics, etc.) mais elle ont nourri
un fort
sentiment d’injustice fiscale. Si
le président avait voulu ébranler ce sentiment, une des mesures de
« rupture » qu’il aurait dû annoncer dès le mois de
mars est le rétablissement du fameux ISF,
l’impôt de solidarité sur la fortune (quelques
milliards d’euros qui nous manquent tout de
même). L’appel aux
dons individuels ne saurait être
une mesure pouvant la remplacer : personnellement, je préfère
faire des dons à des associations humanitaires, dons qui, je
l’espère, servent à autre chose qu’à
de somptuaires déplacements en avion pour vendre des contrats
d’armes et financer des conflits aux quatre coins du monde.
Sur les murs de Cuba, un pied-de-nez aux USA
On m'a communiqué dernièrement dans Le
courrier (quotidien
Suisse, internet a tout
de même du bon, on n’y entend pas que la vulgate des grands de ce
monde) : "Les
patients cubains du Covid-19 n’auront pas droit aux respirateurs
suisses, sur ordre des Etats-unis, à l’instar d’autres
équipements médicaux. Mais le blocus exercé depuis la Suisse est
aussi financier. [...]
Huit organisations suisses dénoncent un blocus qui met en danger la
vie de nombreux Cubains".
Or, tout le monde sait
que Cuba envoie des médecins un peu partout dans le monde pour
lutter contre la pandémie. Mais voilà, ce petit état ne veut pas
obéir au doigt et à l’œil à l’ogre US. "JAMAS
RENUNCIAREMOS A
NUESTROS PRINCIPIOS"
faisait partie des slogans que
j’ai vus lors de mon voyage à Cuba en 2018. J’ai aussi vu les
effets dévastateurs du blocus et j’enrage de voir que les pays
occidentaux dans leur ensemble emboîtent le pas aux USA dans les
diverses mesures de rétorsion que ce pays, qui se croit le maître
du monde, inflige non seulement à Cuba, mais aussi au Venezuela (ils
ont mis à prix la tête du président) ou à l’Iran. Sommes-nous indépendants, oui ou non ? Admettons que Cuba ait fait du tort aux USA, mais à nous ? On est bien contents de voir leurs médecins débarquer à la Martinique !
Et
nous suivons, comme des petits chiens, tout en demandant à nos
concitoyens de suivre les conseils
et
directives diverses,
qui, sous couvert de
lutte contre la pandémie, nous intiment d’obéir avec docilité.
Qui nous dit que ça ne continuera pas après ? Et que nos
libertés fondamentales de réunion, de manifester, si chèrement conquises, ne seront
pas jetées
par les
fenêtres ensuite,
en particulier avec
l’usage nocif des nouvelles technologies.
J’ai vu le
documentaire terrifiant d’Arte : Tous
surveillés, 7 milliards de suspects
(à
voir en replay jusqu’au 16 juin, en direct le vendredi 15 mai à 09
h 25).
Quand
j’apprends qu’une application sur smartphone devrait permettre de nous suivre à
la trace, ça ne me donne plus envie de téléphoner, et l’intrusion
de la reconnaissance faciale qui va s’imposer (sous couvert de
lutte contre le terrorisme, qui a bon dos), ça démontre les limites de
notre liberté. Déjà les opposants au centre d’enfouissement de
déchets nucléaires de Bure sont tous suivis à la trace ; car, comme tout le monde sait, toute personne qui n'est pas un béni oui-oui est un terroriste en puissance. Bientôt chacun de nous sera sous une télésurveillance généralisée : et du
Meilleur des
mondes
d’Huxley où nous sommes déjà, nous passerons au Big Brother du
1984
d’Orwell.
le site du documentaire d'Arte :
https://www.arte.tv/fr/videos/083310-000-A/tous-surveilles-7-milliards-de-suspects/
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