la
seule manière saine et noble […] de considérer la mort consiste à
la rencontrer et à l’éprouver comme une partie, comme un
complément, comme une condition sacrée de la vie et non pas […]
de l’en séparer en quelque sorte, de l’y opposer, ou même d’en
faire un argument contre elle.
(Thomas
Mann, La montagne magique,
trad. Maurtice Betz, Club international du livre, s. d.)
Heureusement,
par temps de confinement, il reste aussi la poésie vivifiante, qui
nous change heureusement des infos en continu chargées de
désespérance. Merci à la Maison de la poésie de Poitiers de nous avoir
communiqué ce poème inédit.
Nous
étions-nous croisés ? Il reste un brin de vent
qui
gardant ton parfum semblerait le prouver.
L’amour
ne fut donc qu’un passant, comme souvent.
Nous
savons mieux le perdre que le retrouver.
Ton
miroir n’encadre que de la buée, portrait
de
toi sans toi, miroir que tu as regardé
pour
t’en effacer et emporter tous tes traits,
toute
ton âme. A rien ne sert de s’attarder,
quelqu’un
devient personne, écrivons le mot « fin »
même
s’il reste à un brin de vent ton parfum.
Inédit
de Jean-François Mathé
et,
d’un de ses derniers recueils (Prendre et perdre, 2018), publié comme presque toute son
œuvre, chez Rougerie :
La
maison, éteinte au départ des hôtes,
réveille les ombres dans les cloisons.
Alors la nuit vient finir la chanson
qu’on avait laissée sur la note haute.
La fête est plus lente et le vin plus sombre
quand d’autres danseurs morts depuis longtemps
viennent après nous, valsent un instant,
puis la chanson rend à l’ombre leurs ombres.
À nous qui dormons, ces danseurs murmurent
que nos habits n’ont qu’étoffe de temps,
puisque tels les leurs ils seront du vent
avec moins d’étoffe que de froidure.
réveille les ombres dans les cloisons.
Alors la nuit vient finir la chanson
qu’on avait laissée sur la note haute.
La fête est plus lente et le vin plus sombre
quand d’autres danseurs morts depuis longtemps
viennent après nous, valsent un instant,
puis la chanson rend à l’ombre leurs ombres.
À nous qui dormons, ces danseurs murmurent
que nos habits n’ont qu’étoffe de temps,
puisque tels les leurs ils seront du vent
avec moins d’étoffe que de froidure.
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