« La
maîtresse est morte, mais ça ne fait rien, on en a mis une autre à
la place. »
J’admirais
la sagesse de ces enfants, qui réduisaient la mort à ses justes
proportions.
(Béatrix
Beck, Léon Morin, prêtre,
Gallimard, 1952)
Je
me sens bien, ce matin.
Au
supermarché :
« Vous
pouvez me prendre ces bouteilles, là-haut ? » La vielle
dame, dans les quatre-vingts ans et plus, est toute ratatinée, 1,50
m peut-être et ne peut atteindre le rayon du haut. Un visage
avenant, jolie comme on peut encore l’être à cet âge avancé. Je
lui attrape ses bouteilles.
« Merci,
Monsieur. »
On
discute un peu ;
« C’est
dur de vieillir. »
« Oh,
vous avez bien encore quelques plaisirs ! »
Elle
sourit.
« Y
en a plus tellement. »
« Vous
avez bien encore de la visite ? »
« Les
petits-enfants, oui, quand ils y pensent, une fois par mois, à peu
près. Ma fille est épuisée, je la vois à peine.Tant qu’à [sic]
mon fils, il travaille comme un nègre, il va se tuer au boulot, je
n’existe plus pour lui. C’est la vie, faut faire avec !»
« Comme
vous dites, mais la vie vaut quand même la peine, non ? »
Elle
hoche la tête.
« Y
a des moments où je serais mieux ailleurs ! »
À
la queue de la caisse, un bonhomme (que je ne connais pas) me serre
la main :
« Comment
ça va ? »
« Pas
trop mal ! »
« Et
votre femme, comment va-t-elle ? »
Je suis un tout petit peu interloqué.
« Elle
est décédée il y a huit ans. »
« Oh,
excusez-moi ! Je dois vous confondre avec quelqu’un d’autre. »
« Je
sais, j’ai pas mal de sosies. Y a pas de mal. »
Je
vois qu’il a acheté pas mal de canettes de bière (sept
en fait). Il passe à la caisse, me dit au revoir, s’excuse encore.
La
caissière (petite cinquantaine) a une nouvelle coupe de cheveux. Je
le lui fais remarquer (moi qui, d’habitude, ne remarque jamais
rien) :
« Faut
bien ! »
« Hé,
vous êtes toute pimpante, on vous croquerait ! »
« N’exagérez
pas, Monsieur. Mais merci quand même ; c'est pas tous les jours qu'on me fait des compliments. »
Sur le parvis du centre commercial : un groupe propose "L'arbre à palabres", pour organiser des rencontres de quartier, et se parler. Première rencontre : pendant que je serai en Guadeloupe. On verra au retour...
Sur le parvis du centre commercial : un groupe propose "L'arbre à palabres", pour organiser des rencontres de quartier, et se parler. Première rencontre : pendant que je serai en Guadeloupe. On verra au retour...
Dans
le parc, je rencontre de nouveau mon bonhomme ; assis sur un
banc, il déguste sa première (?) bière de la journée.
« Ah !
Ça fait du bien, il fait bon, ce sera une belle journée ! Et
la première gorgée de bière, y a rien de meilleur ! »
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