jeudi 9 mars 2017

9 mars 2017 : choses vues


« La maîtresse est morte, mais ça ne fait rien, on en a mis une autre à la place. »
J’admirais la sagesse de ces enfants, qui réduisaient la mort à ses justes proportions.
(Béatrix Beck, Léon Morin, prêtre, Gallimard, 1952)

Je me sens bien, ce matin.
Au supermarché :

« Vous pouvez me prendre ces bouteilles, là-haut ? » La vielle dame, dans les quatre-vingts ans et plus, est toute ratatinée, 1,50 m peut-être et ne peut atteindre le rayon du haut. Un visage avenant, jolie comme on peut encore l’être à cet âge avancé. Je lui attrape ses bouteilles.
« Merci, Monsieur. »
On discute un peu ;
« C’est dur de vieillir. »
« Oh, vous avez bien encore quelques plaisirs ! »
Elle sourit.
« Y en a plus tellement. »
« Vous avez bien encore de la visite ? »
« Les petits-enfants, oui, quand ils y pensent, une fois par mois, à peu près. Ma fille est épuisée, je la vois à peine.Tant qu’à [sic] mon fils, il travaille comme un nègre, il va se tuer au boulot, je n’existe plus pour lui. C’est la vie, faut faire avec !»
« Comme vous dites, mais la vie vaut quand même la peine, non ? »
Elle hoche la tête.
« Y a des moments où je serais mieux ailleurs ! »

À la queue de la caisse, un bonhomme (que je ne connais pas) me serre la main :
« Comment ça va ? »
« Pas trop mal ! »
« Et votre femme, comment va-t-elle ? »
Je suis un tout petit peu interloqué.
« Elle est décédée il y a huit ans. »
« Oh, excusez-moi ! Je dois vous confondre avec quelqu’un d’autre. »
« Je sais, j’ai pas mal de sosies. Y a pas de mal. »
Je vois qu’il a acheté pas mal de canettes de bière (sept en fait). Il passe à la caisse, me dit au revoir, s’excuse encore.
La caissière (petite cinquantaine) a une nouvelle coupe de cheveux. Je le lui fais remarquer (moi qui, d’habitude, ne remarque jamais rien) :
« Faut bien ! »
« Hé, vous êtes toute pimpante, on vous croquerait ! »
« N’exagérez pas, Monsieur. Mais merci quand même ; c'est pas tous les jours qu'on me fait des compliments. »

Sur le parvis du centre commercial : un groupe propose "L'arbre à palabres", pour organiser des rencontres de quartier, et se parler. Première rencontre : pendant que je serai en Guadeloupe. On verra au retour...

Dans le parc, je rencontre de nouveau mon bonhomme ; assis sur un banc, il déguste sa première (?) bière de la journée.
« Ah ! Ça fait du bien, il fait bon, ce sera une belle journée ! Et la première gorgée de bière, y a rien de meilleur ! »
Aurait-il lu Philippe Delerm ???



Le Belem, qui stationne à Bordeaux en ce moment






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