L’État
policier n’est pas pour demain ; il est ici ; il éblouit et il
menace.
(George
Jackson, Devant mes yeux la mort,
trad. Louis Évrard, Gallimard, 1972)
Je
n'hésite pas à reproduire in extenso le texte suivant signé par
des personnalités que j'apprécie.
Parmi elles, des écrivains
que j'ai lus et appréciés : Pierre Alféri, Grégoire Chamayou
(cf ma page de blog récente
du 25 avril dernier),
Jean-Pierre Levaray, Serge
Pey, Nathalie Quintane, le cinéaste et écrivain Gérard Mordillat, que j'estime particulièrement, et le chanteur Serge Utgé-Royo, dont je
possède plusieurs disques que j'écoute régulièrement.
Je ne le commente pas : il parle par lui-même !
Je ne le commente pas : il parle par lui-même !
- Grilles anti-émeutes, canon à eau, fouille des manifestants avant leur entrée dans le périmètre, interpellations... Le dispositif policier était imposant, le 23 juin, autour du port de l’Arsenal. Photo Cyril Zannetacci pour Libération
Pour
ne pas réitérer ce qui s’est passé le 23 juin, un collectif de
personnalités appelle à manifester le 28 juin et à se tenir en
dehors ou a proximité de la « cage » prévue par la
préfecture. Il dénonce ainsi l’instauration d’un régime de
plus en plus autoritaire.
Ce
qui s’est passé jeudi 23 juin à Paris, à l’occasion de ce qui
aurait dû être une manifestation contre la loi travail, est d’une
gravité exceptionnelle. Un quartier entier de Paris a été occupé
militairement, avec présence de fourgons et de troupes très en
avant du lieu prévu pour la manifestation, pour exercer une pression
par leur seule présence et par des contrôles parfois suivis
d’interpellations.
Ensuite,
autour de la place Bastille et du bassin de l’Arsenal, avaient été
installées des enceintes grillagées hermétiques et pour entrer
dans le périmètre, il fallait franchir des check-points et laisser
fouiller ses sacs. Des dizaines de personnes ont été interpellées
pour la simple possession de lunettes de piscines ou de foulards,
certaines ont été coincées trois heures sur un trottoir avant
d’être embarqués pour deux nouvelles heures de « vérification
d’identité », des professeurs des écoles qui protestaient
ont été chargés et tabassés, etc.
C’est
un événement sans précédent en France et, à notre connaissance,
dans les démocraties occidentales, que plusieurs dizaines de
milliers de personnes aient été ainsi encagées et que leur droit
de manifester ait été ridiculisé, réduit à une pantomime par
l’obligation de tourner en rond autour d’un bassin dans un
périmètre réduit, sans aucun contact avec le reste de la ville.
L’exemple
des lois sécuritaires, celui d’un état d’urgence censé être
provisoire mais promis à l’éternité, sont là pour nous rappeler
que chaque recul de liberté est ensuite considéré comme un acquis
par l’État. Si un tel
dispositif totalitaire devait être renouvelé, nous entrerions dans
une nouvelle phase de l’instauration d’un régime autoritaire
dont le caractère démocratique deviendrait franchement évanescent.
C’est
pourquoi nous déclarons que nous continuerons à manifester mais que
nous ne mettrons plus jamais les pieds dans de tels périmètres
militarisés. Aux prochaines manifestations et en particulier à
celle de mardi 28 juin, nous nous tiendrons en dehors, et nous
appelons tous les manifestants à faire de même, à rester à la
périphérie de la cage qu’on nous destine, à observer ce qui s’y
passe, et à exercer quand c’est possible, chacun à sa manière,
le libre droit de manifester.
Signataires :
Miguel
Benasayag, philosophe, psychanalyste ;
Gérard
Mordillat, cinéaste ;
Mateo
Depie, architecte ;
Frédéric
Lordon, économiste ;
La
Parisienne Libérée, chanteuse ;
Pierre
Alféri, écrivain ;
Serge
Quadruppani, écrivain ;
Yves
Pages, éditeur ;
Yannis
Youlountas, écrivain, réalisateur ;
Arno
Bertina, éditeur ;
Isabelle
Saint-Saens, militante associative ;
Noël
Godin, entarteur ;
Grégoire
Chamayou, essayiste ;
Thomas
Coutrot, économiste, coprésident d’Attac ;
Alessandro
Di Giuseppe, comédien ;
Stathis
Kouvélakis, philosophe ;
Jean-Pierre
Levaray, écrivain ;
Serge
Pey, poète ;
Denis
Robert, journaliste ;
Nathalie
Quintane, écrivain ;
Xavier
Mathieu, syndicaliste comédien ;
Jean-Jacques
Redoux, écrivain ;
Serge
Utgé-Royo, chanteur.
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