Écrivez de la poésie pour l’amour de la poésie, pas dans un esprit d’émulation et dans un but de célébrité. Moins vous y penserez, plus vous serez digne d’y accéder. Ainsi écrite, la poésie est un viatique pour le cœur et l’âme.
(Robert Southey, lettre à Charlotte Brontë, in Le monde du dessous, trad. Patrick Reumaux, Les Belles lettres, 2021)
Ce
mois-ci, place à la poésie "féminine", trouvée dans le
magnifique roman de Sylvie Germain, La
puissance des ombres (Albin
Michel, 2022).
Il
s’agit d’un texte de Marie Noël, tiré de ses Notes
intimes (Stock,
1959). J’aime que les écrivaines se répercutent de l’une à
l’autre ce qu’elles apprécient et ne se sentent pas amoindries
de citer le texte d’une autre. Place à ce beau texte :
Prière d'un pauvre
Mon Dieu, je ne vous aime pas,
je ne le désire même pas,
je m’ennuie avec vous
Peut-être même que je ne crois pas en vous.
Mais regardez-moi en passant.
Abritez-vous un moment dans mon âme,
mettez-la en ordre d’un souffle,
sans en avoir l’air, sans rien me dire.
Si vous avez envie que je croie en vous,
apportez-moi la foi.
Si vous avez envie que je vous aime,
apportez-moi l’amour.
Moi, je n’en ai pas et je n’y peux rien.
Je vous donne ce que j’ai : ma faiblesse, ma douleur.
Et cette tendance qui me tourmente
et que vous voyez bien…
Et ce désespoir… Et cette bonté affolée…
Mon mal, rien que mon mal…
C’est tout ! Et mon espérance !
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