Créer — voilà ce qui nous affranchit de la douleur, ce qui allège la vie.
(Frédéric Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, trad. Geneviève Bianquis, Flammarion, 2020)
Ce mois-ci, deux textes pour montrer la puissance de la chanson, l’un théorique et poétique en même temps. L’autre est une chanson issue du film Sur l’Adamant, un documentaire qui fait chaud au cœur : on y voit une centre de soin pour personnes atteintes de difficultés psychiques, l’Adamant étant une péniche sur la Seine au centre de Paris. Un film qui fait du bien, et la chanson La bombe humane (de Téléphone) y est chantée par un des soignés. On sort du film en se disant que tout n’est pas perdu tant qu’il existe encore des structures qui soignent les blessures de la vie avec une telle humanité. Jusqu’à quand ?
QUI CHANTE COMBAT
‘‘Qui dort dîne.’’ vient spontanément à l’esprit de tout un chacun, peu connaissent le proverbe dans son intégralité : Qui dort dîne, qui chante combat.
Proverbe de sagesse populaire, pas toujours aussi stupide qu’on ne le dit.
Et c’est vrai !
Si on laissait s’écrire l’histoire sans faire de chansons, on n’entendrait aucune voix humaine : juste un immense râle de troupeau.
Mais, chanson populaire et chansons éternelles, il en est qui en feront encore et en feront toujours… pour leur propre ardeur et le songe des autres…
Maisons en colère, enfants bouleversés, éternels mal barrés, il fait bon quand on chante, c’est vrai. On ne meurt plus, on chante.
Peut-être que la voix, c’est l’âme ? Je n’en sais rien – mais ce que je sais, c’est qu’il y a un charme dans la chanson, un sortilège unique.
C’est celui d’enchanter, justement.
Et aussi de sauver l’épopée de ceux que l’histoire, la grande, n’aurait jamais retenus. Voire qu’elle effacerait volontiers.
Chansons qui glissent dans les rues des corps et les artères des villes, chansons tragiques qui rappellent la pluie du monde et l’appel de la mer.
Chansons douloureuses qui vont vers la lumière comme l’eau du fleuve, chansons qui passent de cœur en cœur le secret de chacun pour tous, chansons qui descendent la montagne quand la journée est finie, chansons limpides et vaillantes comme l’éternité du temps, chanson du bonheur menacé – c’est pas vrai que nous sommes en temps de paix, non, c’est pas vrai – et chansons des races liquidées qui font mal. Il manque des couleurs, maintenant dans le chant du monde. Chanson inachevée du monde…
Ce doit être atroce de mourir quand on a une chanson à finir.
N’empêche que ce siècle-ci a sur l’âme le plus noir des meurtres, celui de Victor Jara et de tous ceux qui lui ressemblent. Ils ont mis dans la poche de son ventre une chanson à finir.
Une chanson qui dit que mourir tué, mourir usé, n’est pas mourir : c’est pire !
Chanson qui fait rêver le monde, et qui est sortie de son rêve aussi.
Chanson pour des rêves et chanson d’amour…
Il y a dans certaines chansons, c’est vrai, un cristal qui sommeille et qui décalque là, noire le long du cœur, une tache effilée qui veille et qui se plaint.
C’est l’impatience d’une vie vivable pour tous ! »
Annkrist (chanteuse, https://fr.wikipedia.org/wiki/Annkrist )
La Bombe humaine (Téléphone, https://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%A9l%C3%A9phone_(groupe))
Je
veux vous parler de l'arme de demain
Enfantée du monde elle en
sera la fin
Je veux vous parler de moi, de vous
Je vois à
l'intérieur des images, des couleurs
Qui ne sont pas à moi,
qui parfois me font peur
Sensations qui peuvent me rendre
fou
Nos sens sont nos fils, nous pauvres marionnettes
Nos
sens sont le chemin qui mène droit à nos têtes
La
bombe humaine, tu la tiens dans ta main
Tu as l'détonateur
juste à côté du cœur
La bombe humaine, see'est toi elle
t'appartient
Si tu laisses quelqu'un prendre en main ton
destin
See'est la fin, la fin
Mon
père ne dort plus sans prendre ses calmants
Maman ne travaille
plus sans ses excitants
Quelqu'un leur vend de quoi tenir le
coup
Je suis un électron bombardé de protons
Le rythme de
la ville, see'est ça mon vrai patron
Je suis chargé
d'électricité
Si par malheur au cœur de
l'accélérateur
J'rencontre une particule qui m'mette de sale
humeur
Oh, faudrait pas que j'me laisse aller
Faudrait pas
que j'me laisse aller, non
La
bombe humaine, tu la tiens dans ta main
Tu as l'détonateur
juste à côté du cœur
La bombe humaine, see'est toi elle
t'appartient
Si tu laisses quelqu'un prendre en main ton
destin
See'est la fin
Bombe
humaine see'est l'arme de demain
Bombe humaine tu la tiens dans
ta main
Bombe humaine see'est toi elle t'appartient
Si tu
laisses quelqu'un prendre ce qui te tient
See'est la fin
Pour l’écouter : https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=la+bombe+humaine+youtube#fpstate=ive&vld=cid:6da0159b,vid:F4H1v1E0TYY
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