un
lecteur, aujourd’hui, est devenu très difficile à attraper. C’est
une espèce en voie de disparition.
(Luc
Chomarat, Le dernier thriller norvégien,
La manufacture de livres, 2019)
José
Manuel, habitant Malaga, après une carrière de trente ans comme
administrateur de biens (à raison de 12 h par jour, m’a-t-il dit),
charge à laquelle il avait succédé à son père, y a fait succéder
son fils, et depuis occupe sa retraite (qu’il a pu prendre jeune, à
moins de 60 ans) à faire du théâtre amateur (ses deux derniers
spectacles, Le dîner de cons
de Francis Weber et Mort accidentelle d’un amarchiste,
de Dario Fo !), à apprendre le français en participant à un club de
lecture en français et en lisant deux livres français par mois (ce
mois-ci, il a Le Grand Meaulnes,
et La peste au programme, rassure-toi, Luc, le lecteur n'est pas encore une espèce disparue, même si José m'a avoué n'avoir lu que de la littérature professionnelle pendant ses trente ans de carrière, en fait il a redécouvert le plaisir littéraire), à
pratiquer l’échange de maisons et l’amitié, et s’est mis à
l’usage de la bicyclette. Il fait donc des randonnées à
bicyclette, en Espagne mais aussi en Écosse, en Allemagne, en
Italie ou en France, seul ou parfois en compagnie de sa femme ou d'amis.
José défait ses affaires : depuis mon vol de vélo en 2017,
je fait monter dans mon salon les vélos des "warmshowers"
Et
voici que c’est un nouvel invité du site "Warmshowers" qui débarque
chez moi. Car José a choisi Bordeaux comme point de départ d’une
rando à vélo jusqu’à Compostelle, soit 1000 km environ. Il est chez moi hier après-midi et n’a pas été déçu de son bref
séjour. Il a pu communiquer en français (un peu laborieux et
fautif, mais plutôt moins que mon anglais), nous a apporté un saucisson
de Malaga et un fromage de brebis espagnol. Ma sœur Maryse avait
préparé du riz et une ratatouille, j’ai fait un plat de salade
(tomates, betteraves, avocat) et cuire le poisson (des filets de
vives achetés au marché), et fignolé une salade de fruits (pêche,
orange, banane, raisin, poire), que j’ai aromatisée au Cognac. Car
Maryse était sortie pour récupérer à la clinique son amie S.,
qui devait dormir chez
moi, après avoir subi une anesthésie générale : heureusement que j’ai trois lits et un canapé. De plus,
ma nièce Pauline était aussi du dîner, après quoi elle est rentrée chez elle. Elle a débuté lundi
dernier son stage-formation de dix-huit mois d’assistante dentaire dans une clinique
de chirurgie dentaire bordelaise.
prêt à gagner la chambre
Inutile
de dire que la conversation a été variée : entre le compte
rendu des péripéties médicales de S., l’évocation par Pauline de ses débuts dans un
nouveau milieu professionnel, et les racontars fort intéressants de
José Manuel, je n’ai pas pu en placer une, et pourtant Dieu sait
si je suis bavard… Mais j’ai apprécié de rester silencieux.
Fort de sa situation en profession libérale (il y gagnait très bien
sa vie), José Manuel s’est constituée une retraite privée par
capitalisation et a pu partir à 53 ans. Il ne touchera sa retraite
publique (par cotisation) qu’à 67 ans et y aura droit, car il faut
trente années de travail et il les a : pour lui ce sera un petit rajout. Il
vit très sobrement. Il nous apprend que son fils (30 ans) a revendu
le bureau d’administration
des biens, pour vivre autrement, voyager seul : il ne se voyait pas
faire ce travail toute sa vie ! Mais le père et la mère n’ont
pas protesté : les jeunes doivent vivre comme ils le
souhaitent. Leur fille (32 ans), après une carrière dans la
publicité, en a eu marre aussi et s’est reconvertie dans le
tatouage à Berlin…
lors de mon dernier voyage à Paris, dans une galerie
un vélo devant des peintures faisait partie de l'exposition
Et
ce matin, je l’ai accompagné à vélo à huit heures du matin,
pour admirer le lever du soleil sur la Garonne et ses effets sur la Place de la Bourse, découvrir les principaux sites
du centre ville, puis je suis resté avec lui sur un bout de chemin pour le mettre sur la piste
cyclable qui rejoint, via Lacanau la fameuse Vélodyssée sur
laquelle étaient partis mes deux cyclistes londoniens, Ananda et
Rudy, le 9 juillet dernier, pour remonter jusqu’en Angleterre. José
Manuel, lui, ira bien sûr vers le sud. Quelles magnifiques
rencontres procure l’inscription sur le site "warmshowers" ! Je
pense que je l’utilserai pas mal pour des contacts humains lors d’une prochaine randonnée,
si je suis encore capable d’en faire. Car, pour l’instant, j’ai
surtout été hôte, et une seule fois invité (à Genève en 2017).
C’est un des bienfaits d’internet...
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