L’entrée
des socialistes dans un gouvernement bourgeois n’est donc pas,
comme on le croit, une conquête partielle de l’État
par les socialistes, mais une conquête partielle du parti socialiste
par l’État
bourgeois.
(Rosa
Luxembourg, La
crise socialiste en France,
1900, in Le
socialisme en France,
Agone, 2013)
Assisté
hier au soir à une réunion des candidats "décroissants"
de Bordeaux. Je connaissais déjà une des suppléantes, Sandra
Aimard, avec qui j’ai participé à un atelier d’écriture, et
que j’ai vue dans mon quartier à quelques reprises, à qui j’ai
acheté son livre Un
pavé dans l’édifice,
livre
que
j’ai chroniqué ici même
(voir mon topo du 30 juin 2016, haro
sur les pauvres !).
Décidément,
mon quartier regorge de gens "de
gauche" :
j’aperçois régulièrement Philippe Poutou qui
habite dans le coin ;
au marché, j’ai croisé les "tracteurs"
de la France Insoumise (FI)
et du PCF (j’ai engueulé ce dernier pour avoir opposé une
candidature de diversion à
la FI :
décidément, le PS et le PCF peuvent se serrer la main, en ex-partis
de gouvernement bourgeois, comme écrivait Rosa Luxembourg, l’État
bourgeois capitaliste les a complètement bouffés, laminés, encalminés comme on dit des bateaux qui ne peuvent plus bouger, ils
sont prêts à tout pour faire échouer un Podemos à la française).
encore un périodique que vous trouverez difficilement en bibliothèque
Je
lis La
décroissance
depuis plusieurs années ; c’est le seul périodique qui soit
vraiment hyper critique sur le plan écologique et politique. Certes
pas exempt de défauts non plus, mais au moins je me marre en le
lisant (leur sous-titre est Le
journal de la joie de vivre).
Ils présentent chaque mois une évaluation critique de livres à
lire (ou à ne pas lire), le portrait de gens qui ont choisi de vivre
la décroissance, dans la sobriété volontaire (et qui y trouvent
leur bonheur, loin du stress du consumérisme à outrance qui nous
mène par le bout du nez, en attendant de nous mener droit dans le
mur sur tous les plans : crise financière, nucléaire, guerres
à venir et déjà en cours, sous de fallacieux prétextes, en fait
parce que le capitalisme ne peut fonctionner que s’il y a des
guerres ici ou là, faut bien écouler nos stocks d’armes, mon bon
monsieur, et
faut voir le ravissement de nos ministres quand on a signé un juteux
contrat militaire avec un des pays du Golfe, avec sans doute des
dessous-de-table confortables),
le portrait aussi de l’écotartufe du mois (Nicolas Hulot eut droit
à ce titre il y a quelques années,
lui dont la Fondation est financée par les grands pollueurs de la
planète, ce
que Jean Lassalle – oui, lui, dont les merdias se sont gaussés à
outrance pendant la campagne électorale, alors qu'ils étaient en extase devant Saint Macron - avait dénoncé en 2007 ;
s’il est conséquent avec lui-même, il ne va pas tenir longtemps
au gouvernement, mais que ne ferait-on pas pour un « plat de
lentilles » ?), et
de remarquables articles de fond, certes toujours polémiques, mais
comment faire autrement, quand tout le reste de la presse, de
la radio et de la télé,
est "aux
ordres" !
C’est
dire si j’étais curieux de découvrir les candidats de la
décroissance dont les journalistes abrutis et stipendiés veulent
faire croire qu’ils vont nous ramener à la marche à pied (et
pourquoi pas ? Ne sommes-nous pas bipèdes et non hommautos ?
) et à l’éclairage à la bougie (au moins, ces dernières ne
risquent pas de nous exploser à la figure comme les centrales
nucléaires ! ), alors qu’il s’agit de garder ce qui est bon
dans le progrès et de rejeter le reste. D’ailleurs, cette religion
du Progrès, avec ses pontifes (les chefs d’État), son clergé
(les savants, chercheurs, ingénieurs, etc.), ses servants (les
financiers et, en fin de compte, le Capital) et ses adeptes (les
consommateurs, toujours avides de la dernière nouveauté, pourvu
qu’elle soit électrique –
on voit sans rire des tas de trottinettes électriques dans les rues
de Bordeaux !,
technologique, numérique, et j’en passe), cette religion donc a
largement remplacé les anciennes. Elle
a du pouvoir et elle nous le fait savoir !
La
discussion a porté sur les points suivants : nous abandonnons
notre vote à des gens qui n’ont aucun compte à rendre ; nous
souhaitons une démocratie horizontale et non pas pyramidale comme
c’est le cas aujourd’hui ; vu l’urgence écologique, il
faut avancer la rupture avec le capitalisme, vrai rouleau compresseur
militaire (la France est engagée militairement dans je ne sais
combien de pays en Afrique et au Moyen-Orient, et se fout
complètement de la paix), médical (où
il y
a énormément d’argent à gagner, la sécurité sociale va devenir
un obstacle pour les labos et les assurances à l’affût) et
numérique (nous devenons peu à peu des hommes-machines), rouleau
compresseur qui
nous rend soumis à
tout âge (même les bébés sont connectés ! ) et
à tous points de vue : jusqu'aux ONG qui sont dans la dépendance
économique et financière et mises en concurrence !
Il
y a aussi l’urgence sociale et là, il faut revenir aux petites
échelles, à la commune qui doit être le vrai lieu de la démocratie
par la fédération des habitants, une remise à plat du vivre
ensemble. Montrer
aux gens comment les merdias
les trompent sciemment, que l’exploitation abusive de
l’environnement (la recherche des matières premières et
même l’agriculture intensive)
est porteuse de guerres et que ça finit par nous retomber dessus (le terrorisme ne tombe pas du ciel). Ne
plus accepter les logements vides (15 000 à Bordeaux) et exiger du
préfet leur réquisition pour les nombreux sans-abri. Rechercher
l’autonomie alimentaire par la création d’une ceinture
maraîchère autour de la ville. Ne plus être dans la transaction, dans le contrat, dane le donnant-donnant,
mais tenter la solidarité active et désintéressée (ce que fait Sandra Aimard qui aide
bénévolement les démunis dans leurs démarches administratives) ;
dénoncer ce qui ne va pas, oui, mais pour construire ;
réfléchir et prendre conscience, oui, mais pour agir. Et
pour agir autrement...
Jean-Luc,
l’un des présents, avait été candidat "décroissant"
en 2007, il avait obtenu 0, 72 % des voix. Pas si mal pour
quelqu’un qui a dû financer lui-même sa campagne…
lire Sandra Aimard, c'est à la fois utile et rigolo : encore un livre rare en bibliothèque
C’est
dit, je voterai "décroissant" dimanche 11 !
J’imprimerai
moi-même mon bulletin de vote, ils n’ont pas les moyens de la
faire !!! Et
vogue la galère...
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