mercredi 7 juin 2017

7 juin 2017 : La décroissance en action


L’entrée des socialistes dans un gouvernement bourgeois n’est donc pas, comme on le croit, une conquête partielle de l’État par les socialistes, mais une conquête partielle du parti socialiste par l’État bourgeois.
(Rosa Luxembourg, La crise socialiste en France, 1900, in Le socialisme en France, Agone, 2013)


Assisté hier au soir à une réunion des candidats "décroissants" de Bordeaux. Je connaissais déjà une des suppléantes, Sandra Aimard, avec qui j’ai participé à un atelier d’écriture, et que j’ai vue dans mon quartier à quelques reprises, à qui j’ai acheté son livre Un pavé dans l’édifice, livre que j’ai chroniqué ici même (voir mon topo du 30 juin 2016, haro sur les pauvres !). Décidément, mon quartier regorge de gens "de gauche" : j’aperçois régulièrement Philippe Poutou qui habite dans le coin ; au marché, j’ai croisé les "tracteurs" de la France Insoumise (FI) et du PCF (j’ai engueulé ce dernier pour avoir opposé une candidature de diversion à la FI : décidément, le PS et le PCF peuvent se serrer la main, en ex-partis de gouvernement bourgeois, comme écrivait Rosa Luxembourg, l’État bourgeois capitaliste les a complètement bouffés, laminés, encalminés comme on dit des bateaux qui ne peuvent plus bouger, ils sont prêts à tout pour faire échouer un Podemos à la française).

encore un périodique que vous trouverez difficilement en bibliothèque 
Je lis La décroissance depuis plusieurs années ; c’est le seul périodique qui soit vraiment hyper critique sur le plan écologique et politique. Certes pas exempt de défauts non plus, mais au moins je me marre en le lisant (leur sous-titre est Le journal de la joie de vivre). Ils présentent chaque mois une évaluation critique de livres à lire (ou à ne pas lire), le portrait de gens qui ont choisi de vivre la décroissance, dans la sobriété volontaire (et qui y trouvent leur bonheur, loin du stress du consumérisme à outrance qui nous mène par le bout du nez, en attendant de nous mener droit dans le mur sur tous les plans : crise financière, nucléaire, guerres à venir et déjà en cours, sous de fallacieux prétextes, en fait parce que le capitalisme ne peut fonctionner que s’il y a des guerres ici ou là, faut bien écouler nos stocks d’armes, mon bon monsieur, et faut voir le ravissement de nos ministres quand on a signé un juteux contrat militaire avec un des pays du Golfe, avec sans doute des dessous-de-table confortables), le portrait aussi de l’écotartufe du mois (Nicolas Hulot eut droit à ce titre il y a quelques années, lui dont la Fondation est financée par les grands pollueurs de la planète, ce que Jean Lassalle – oui, lui, dont les merdias se sont gaussés à outrance pendant la campagne électorale, alors qu'ils étaient en extase devant Saint Macron - avait dénoncé en 2007  ; s’il est conséquent avec lui-même, il ne va pas tenir longtemps au gouvernement, mais que ne ferait-on pas pour un « plat de lentilles » ?), et de remarquables articles de fond, certes toujours polémiques, mais comment faire autrement, quand tout le reste de la presse, de la radio et de la télé, est "aux ordres" !
C’est dire si j’étais curieux de découvrir les candidats de la décroissance dont les journalistes abrutis et stipendiés veulent faire croire qu’ils vont nous ramener à la marche à pied (et pourquoi pas ? Ne sommes-nous pas bipèdes et non hommautos ? ) et à l’éclairage à la bougie (au moins, ces dernières ne risquent pas de nous exploser à la figure comme les centrales nucléaires ! ), alors qu’il s’agit de garder ce qui est bon dans le progrès et de rejeter le reste. D’ailleurs, cette religion du Progrès, avec ses pontifes (les chefs d’État), son clergé (les savants, chercheurs, ingénieurs, etc.), ses servants (les financiers et, en fin de compte, le Capital) et ses adeptes (les consommateurs, toujours avides de la dernière nouveauté, pourvu qu’elle soit électrique – on voit sans rire des tas de trottinettes électriques dans les rues de Bordeaux !, technologique, numérique, et j’en passe), cette religion donc a largement remplacé les anciennes. Elle a du pouvoir et elle nous le fait savoir !
La discussion a porté sur les points suivants : nous abandonnons notre vote à des gens qui n’ont aucun compte à rendre ; nous souhaitons une démocratie horizontale et non pas pyramidale comme c’est le cas aujourd’hui ; vu l’urgence écologique, il faut avancer la rupture avec le capitalisme, vrai rouleau compresseur militaire (la France est engagée militairement dans je ne sais combien de pays en Afrique et au Moyen-Orient, et se fout complètement de la paix), médical (où il y a énormément d’argent à gagner, la sécurité sociale va devenir un obstacle pour les labos et les assurances à l’affût) et numérique (nous devenons peu à peu des hommes-machines), rouleau compresseur qui nous rend soumis à tout âge (même les bébés sont connectés ! ) et à tous points de vue : jusqu'aux ONG qui sont dans la dépendance économique et financière et mises en concurrence !
Il y a aussi l’urgence sociale et là, il faut revenir aux petites échelles, à la commune qui doit être le vrai lieu de la démocratie par la fédération des habitants, une remise à plat du vivre ensemble. Montrer aux gens comment les merdias les trompent sciemment, que l’exploitation abusive de l’environnement (la recherche des matières premières et même l’agriculture intensive) est porteuse de guerres et que ça finit par nous retomber dessus (le terrorisme ne tombe pas du ciel). Ne plus accepter les logements vides (15 000 à Bordeaux) et exiger du préfet leur réquisition pour les nombreux sans-abri. Rechercher l’autonomie alimentaire par la création d’une ceinture maraîchère autour de la ville. Ne plus être dans la transaction, dans le contrat, dane le donnant-donnant, mais tenter la solidarité active et désintéressée (ce que fait Sandra Aimard qui aide bénévolement les démunis dans leurs démarches administratives) ; dénoncer ce qui ne va pas, oui, mais pour construire ; réfléchir et prendre conscience, oui, mais pour agir. Et pour agir autrement...
Jean-Luc, l’un des présents, avait été candidat "décroissant" en 2007, il avait obtenu 0, 72 % des voix. Pas si mal pour quelqu’un qui a dû financer lui-même sa campagne… 

lire Sandra Aimard, c'est à la fois utile et rigolo : encore un livre rare en bibliothèque
 
C’est dit, je voterai "décroissant" dimanche 11 ! J’imprimerai moi-même mon bulletin de vote, ils n’ont pas les moyens de la faire !!! Et vogue la galère...

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